Décryptage

Ninja Tune, le label phare de l’abstract hip-hop

08 juin 2022
Par Mathieu M.
Ninja Tune, le label phare de l’abstract hip-hop

Fondé par les musiciens de Coldcut au début des années 1990, le label Ninja Tune reste l’un des emblèmes de l’émancipation de la musique électronique à cette époque. Se concentrant sur des genres pointus comme le trip-hop, l’abstract hip-hop et toute la scène downtempo/funk, la structure britannique a permis l’émergence d’artistes comme Amon Tobin, The Cinematic Orchestra, Funky Porcini, et aussi, à travers le label Big Dada, de figures du hip-hop comme Roots Manuva ou TTC

Ninja Tune : un label créé par les artistes, pour les artistes

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En 1990, l’indifférence des majors pour les scènes électroniques novatrices qui secouent États-Unis et Angleterre finit par lasser de nombreux artistes, qui souhaitent pouvoir diffuser leurs musiques en disque, et pas seulement dans les clubs. Cette réflexion pousse Jonathan More et Matt Black, membres du groupe Coldcut, à lancer leur propre structure, susceptible de valoriser leur musique innovante à base de hip-hop instrumental et de collages divers.

Inspirés par la culture japonaise, ils créent donc Ninja Tune, avec l’idée de presser leurs propres albums, mais aussi de promouvoir les groupes s’inscrivant dans la même mouvance. Dj Food (pseudonyme de More et Black) et Dj Toolz sont les premiers à imposer leur nom au catalogue du jeune label, à travers des compilations de beats mêlant jazz, hip-hop et sons électroniques. Au milieu des années 1990, les deux managers signent de nouveaux artistes, qui viennent prolonger l’esthétique « downtempo » (electro à rythme lent) de Ninja Tune : Funky Porcini, 9 Lazy 9 et bientôt Dj Vadim.

Un âge d’or et une diversification bienvenue

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Alors que déferle sur le monde le son du trip-hop, créé par Massive Attack, Tricky et Portishead, Ninja Tune connaît un âge d’or aux alentours de 1996-1997, enchaînant les classiques. Il y a d’abord Bricolage, premier opus du génie brésilien du downtempo, le très jazzy Amon Tobin. La même année sort Blow Your Headphones, merveille de funk et hip-hop mixés signé The Herbaliser, orchestre majeur du downtempo. Viendront ensuite, en 1999, les premiers succès de The Cinematic Orchestra, formation instrumentale planante et nostalgique, avec le disque Motion. Davantage as des platines, Kid Koala fait parler son art du collage et du mix sur l’excellent Carpal Tunnel Syndrom. Autant d’opus qui font de Ninja Tune une maison phare de l’underground européen au début des années 2000. Invités à la fois dans les festivals electro et jazz, les artistes du label tournent ensemble et parfois collaborent. Par la suite, à chaque décennie ou presque, un artiste Ninja Tune se distinguera et connaîtra le succès : au mitan des années 2000, Bonobo commencera à s’imposer jusqu’à devenir un artiste très populaire de la scène downtempo avec ses disques récents comme Migration ou Fragments. Plus récemment, le label a signé l’une des révélations de l’electro, Bicep, duo nord-irlandais auteur des albums Bicep et Isles, et vedette, depuis lors, des grands festivals européens spécialisés. Ne s’arrêtant pas aux frontières électro, Ninja Tune a aussi mis en avant des formations rock comme Black Country, New Road, une des sensations de la scène indé de ces dernières années.

Big Dada : la division rap de Ninja Tune

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Outre son activité principale, Ninja Tune a lancé divers sous-labels au cours des années. L’un des principaux, devenu aussi célèbre que sa maison-mère, se nomme Big Dada. Il est dédié aux musiques vocales scandées, et a produit quelques artistes renommés comme le rappeur Roots Manuva, l’activiste et poète Kae Tempest, et plus récemment des stars britanniques urbaines tels Young Fathers et Wiley.

Article rédigé par
Mathieu M.
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