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Don juan, anti-héros de légende

14 mai 2020
Par Béatrice
Don juan, anti-héros de légende

Figure romanesque du XVIIe siècle passée à la postérité grâce au talent des plus grands dramaturges et artistes, Don Juan est devenu au fil des siècles et des créations un mythe qui s’est installé dans la culture populaire. Quelle est son histoire ? Quelles sont ses caractéristiques ? Qui s’est emparé du personnage pour en façonner le mythe ? Réponses et décryptage…

Don Juan : naissance d’un mythe

Traiter un homme de Don Juan n’est jamais anodin. Que l’on considère l’appellation gratifiante ou péjorative, le socle du personnage reste toujours le même : un homme à femmes, un tombeur de haut niveau, un séducteur pathologique doublé d’un narcisse sans scrupules prêt à tout pour soumettre à son irrésistible charme toute femelle qui aurait le malheur d’apparaître sur son radar.

Pour retrouver la trace du spécimen originel par qui tout à commencer, il faut remonter au début du XIVe siècle en Espagne. À cette époque, un seigneur sévillan, appelé Don Juan Tenorio, aurait tué en duel le commandeur local dont il avait préalablement déshonoré la fille. Après cet acte irréparable, le fugitif se serait réfugié dans un couvent, pour expier ses péchés ou pour échapper à la lame de ceux qui le traquent . La question reste sans réponse tout comme les circonstances de sa mort. Assassiné, foudroyé, noyé… Nul ne sait ce que furent ses derniers instants.

Premières versions de Don Juan

En 1625, le dramaturge espagnol Tirso de Molina s’empare de ce fait divers pour en proposer une adaptation théâtrale, L’abuseur de Séville. Les forces romanesques faisant leur œuvre, il fait de Don Juan un jeune libertin arrogant, cynique et égocentrique, défiant de toute sa morgue l’ordre établi et surtout la morale chrétienne. Le personnage est si puissant qu’il ne tardera pas à s’imposer à d’autres grands auteurs.

Quarante ans plus tard, c’est au tour de Molière de s’en emparer et de contribuer à ériger le mythe. Chroniqueur hors pair de la nature humaine, il apporte d’importantes nuances à l’odieux anti-héros en quête de rédemption de Tirso de Molina. Malgré une âme promise aux enfers, son Dom Juan – le « M » du titre serait une erreur de sa part renvoyant à un titre religieux plutôt qu’au titre de noblesse originel – est un homme brillant aux penchants libertaires doté d’un esprit critique acéré. Dans cette version française qui fera date, Don Juan, héros profane est en lutte permanente avec le sacré, symbolisé ici avec autorité par l’imposante statue du commandeur. Bien calé entre Le tartuffe et Le misanthrope, Dom Juan fait partie d’un trio d’hommes mauvais interdits d’amour par un Molière alors inspiré par la noirceur de l’âme.

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Mozart, Byron, Mérimée… Musique et romantisme

À la fin du XVIIIe siècle, Mozart reprend le personnage mythique en composant l’opéra Don Giovanni sur un livret du fidèle Lorenzo da Ponte. On y découvre un Don Juan dont la nature pourtant plus légère ne parviendra pas à le sauver des flammes – spectaculaires – de l’enfer.

Un siècle plus tard, de grands auteurs romantiques comme l’Anglais Lord Byron avec son Don Juan particulièrement cruel, l’Allemand Ernst Theodor Hoffmann inspiré par Mozart, ou encore le nouvelliste français Prosper Mérimée et son retour aux sources du personnage, contribueront à alimenter le mythe du séducteur sans foi ni loi à travers des œuvres personnelles qui le en feront un être méprisable.

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À chacun son Don Juan

Personnage complexe qui se prête à de multiples interprétations, objet d’études psychanalytiques, ou sociologiques, Don Juan possède une ambiguïté naturelle qui en fait un des archétypes romanesques les plus forts de la fiction. C’est d’ailleurs en 1965, pour la télévision que le réalisateur Marcel Bluwal a sans doute signé une des adaptations les plus mémorables et intenses de la pièce de Molière avec un immense Michel Piccoli dans le rôle titre.

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Au cinéma, c’est l’opéra de Mozart porté à l’écran par Joseph Losey et interprété par les plus grands chanteurs lyriques du moment qui retient toute l’attention en 1980. Au-delà des arts et de la littérature en particulier où il règne en maître, le personnage de Don Juan, anti-héros complexe et ambigu, s’est imposé dans notre inconscient collectif au point de devenir un nom commun et une expression populaire. Voilà à quoi on reconnaît un mythe !

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Béatrice
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