Critique

L’Institut de Stephen King : les surdoués en souffrance

08 avril 2020
Par Lucas
L'Institut de Stephen King : les surdoués en souffrance

De retour avec un roman annuel moins horrifique mais plus énergique, Stephen King garde le cap de son inspiration retrouvée. Thriller d’action où les enfants sont comme toujours malmenés par des adultes mal intentionnés, L’Institut renoue avec ses sujets de prédilection, rehaussés d’un trait d’humour noir bien senti.

L-InstitutUn savant dosage

Alors que L’Outsider a récemment confirmé qu’il était en grande forme, Stephen King change radicalement de registre en ce début d’année avec un nouveau roman explosif. Savant dosage de fantastique, d’espionnage et d’action pure, L’Institut démontre que le roi de l’horreur est dans une période créative et féconde.

Selon ses dires, cette histoire d’établissement secret pour enfants surdoués et dirigé d’une main de fer par un personnel aux allures de tortionnaires, serait le fruit de deux tristes constats statistiques : d’une part, le nombre croissant d’enseignants qui affirment ne pas aimer leurs élèves et d’autre part, le chiffre annuel des disparitions d’enfants sur le territoire américain.

Surdoué kidnappé

Avant d’entrer dans l’institut, tout commence par le kidnapping d’un sympathique petit génie de douze ans bien dans sa peau avec son QI surdimensionné. Sauvagement arraché à sa vie de famille par une équipe de professionnels qui ne laisse rien traîner, le jeune Luke se retrouve enfermé dans un étrange établissement en compagnie d’autres enfants et adolescents dotés de capacités extra-sensorielles. Alors que les brimades sapent son moral et les expérimentations meurtrissent son corps, il va faire appel à son plus grand pouvoir, son intelligence, pour mettre un terme à ce qui se cache derrière les murs de l’institut.

La fin et les moyens

Construit sur la multiplication des points de vue, ce nouveau roman, fluide et dynamique en diable, porte assurément la marque de Stephen King. De l’enlèvement brutal de Luke jusqu’à une fusillade épique qui lorgne avec gourmandise du côté « pulp » de l’action, en passant par les sévices pseudo-scientifiques menés par des médecins qui n’hésitent pas avoir la main lourde sur les enfants, les morceaux de bravoure et les moments clés s’enchaînent et se répondent avec un sens du rythme parfaitement maîtrisé.

Dans cette version pas vraiment amicale de l’école des X Men, chaque personnage, positif ou négatif, enfant victime, héros ordinaire ou agent tortionnaire, vient enrichir une intrigue volontairement linéaire et sans chausse-trappes ni faux-semblants.

Le long de ses six cent pages réglementaires, on constate avec satisfaction le retour de nombreux marqueurs thématiques de l’œuvre du King. Ainsi, les affres de l’adolescence, l’aventure initiatique, le monde de l’enfance torpillé par les adultes et l’inévitable voie ferrée qui jouera son rôle en menant le jeune héros vers son destin, sont de la partie.

Mais, derrière le feu d’une action plutôt généreuse, l’auteur de Misery profite du tumulte pour suggérer en filigrane une réflexion sur la défense de nos libertés et de notre modèle de société. La fin justifierait-elle tous les moyens pour y parvenir ? La réponse est à chercher du côté de ce sinistre institut où les enfants ne sont pas les rois.

Copyright visuel

Photo by Jeff Nissen on Unsplash

Parution le 29 janvier 2020 – 608 pages

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