Arrivée dans la prestigieuse collection La Pléiade l’année dernière, l’œuvre de Romain Gary a laissé une trace indélébile dans la littérature française. Sous son nom et sous le pseudonyme d’Emile Ajar, il a été l’un des derniers grands romanciers modernes du XXème siècle, avec des œuvres comme La Promesse de l’aube ou La Vie devant soi. Voilà six bonnes raisons d’en (re)lire les meilleurs passages.
Parce qu’il avait le sens du mot juste
Quarante ans après son décès tragique, les plus fervents lecteurs de Romain Gary continuent d’émailler leur correspondance et leurs réseaux sociaux de quelques citations du maître. Il faut dire qu’entre « La vie est pavée d’occasions perdues » et « La vérité, c’est qu’il y a une quantité incroyable de gouttes qui ne font pas déborder le vase » en passant par « Il ne faut pas avoir peur du bonheur. C’est seulement un bon moment à passer », son œuvre regorge de ces petites pépites qui sont autant de maximes à méditer ou de petites sentences propres à faire sourire.
Parce que sa vie et son œuvre sont intimement liées
L’un des premiers romans de Romain Gary, Éducation européenne, a pour thème la Résistance. L’expérience de la guerre fut chez l’écrivain un moment traumatique : engagé comme aviateur des Forces Françaises Libres, il perdit sa mère alors qu’il combattait le nazisme. Un épisode chaotique sur lequel il est revenu dans l’un de ses romans les plus fameux et autobiographiques, La Promesse de l’aube, qui en dit long sur son engagement et sur l’amour qui le reliait à sa mère, devenue une figure littéraire à part entière.
Parce qu’il a été un pionnier de la cause animale
À l’automne 1956, Romain Gary reçoit le Prix Goncourt pour son roman Les Racines du ciel, adapté au cinéma deux ans plus tard par John Huston. L’auteur y met en scène Morel, un idéaliste qui médiatise la cause de la préservation des éléphants, chassés en Afrique. À travers ce récit, c’est l’humanisme de l’écrivain que l’on découvre, la protection de la nature étant aussi un moyen pour l’homme de sauver son honneur.
Parce qu’il était un amoureux des marges
L’ancienne prostituée de La Vie devant soi ou la chanteuse solitaire et trop maquillée dans L’Angoisse du Roi Salomon, ou encore le misanthrope amoureux d’un boa dans Gros-Câlin sont autant de figures marginales dans l’univers de Romain Gary. Héros du quotidien, confrontés à des situations difficiles, ces personnages nous montrent la profonde humanité qui traverse l’œuvre du romancier, qui ne jugent pas les êtres sans approfondir ce que l’on sait d’eux et portent nos regards sur ces angles morts que la bonne société aime à nous cacher.
Parce qu’il faisait de la politique sans être assommant
La carrière de Romain Gary est exceptionnellement riche, entre écriture et politique. Tour à tour soldat, romancier, journaliste, scénariste et diplomate, il a su s’immerger dans son époque pour en saisir toute la complexité. Dans La nuit sera calme, une série d’entretiens fictifs, il nous fait partager ses conclusions humanistes, avec cette belle autodérision qu’on aime tant chez lui.
Parce qu’il était aussi un personnage
En 1975, Romain Gary est une figure médiatique connue de tous les amateurs de littérature, et au-delà. Son idylle avec Jean Seberg et ses apparitions en ont fait un personnage du milieu culturel. En décidant de « recommencer à zéro » et d’adopter le pseudonyme d’Emile Ajar, il réalise l’une des plus grandes mystifications de l’Histoire et a ainsi pu livrer certains de ses meilleurs ouvrages en étant uniquement jugé pour ses écrits.