Direction l’Antiquité et le temps des pharaons avec Reine d’Égypte, un manga seinen de Chie Inudoh narrant la jeunesse et le règne de l’incroyable Hatchepsout, héritière de Thoutmosis. Féminité, intimité et politique se mêlent avec brio dans ce récit rempli de résonances contemporaines.
Au temps des pharaons
Voici 3 500 ans, la XVIIIe dynastie régnait sur l’Égypte, depuis sa capitale, Thèbes. Quelques décennies après avoir chassé les Hyksos, peuple barbare ayant divisé cette civilisation, les habitants des bords du Nil voient les prêtres et les guerriers concentrer de plus en plus de pouvoirs. Dans ce contexte, le pharaon Thoutmôsis Ier, qui serait, selon ses sujets, l’incarnation humaine du dieu solaire Amon-Râ, réussit à vaincre les Nubiens, au sud, et à étendre son empire. Il doit également penser à sa succession : son fils, Sethi, est appelé à devenir le nouveau souverain ; mais la royauté est affaire de sang maternel, dans l’Égypte d’alors. Sethi doit donc marier une princesse royale, en la personne de sa propre demi-sœur, Hatchepsout.
Une reine pas comme les autres
Dès les premières pages de Reine d’Égypte, on comprend que le ménage entre Sethi (qui devient rapidement le pharaon Thoutmôsis II) et Hatchepsout n’aura rien d’un couple « inégal ».
« Chepsout », comme l’appellent ses servantes, se veut une femme émancipée : elle se bat mieux que son demi-frère de mari, refuse toute intimité conjugale et se coupe les cheveux le jour de ses noces. Souhaitant accomplir son destin, la jeune femme se rêve en « pharaonne » bien que cela soit impossible, en tout cas aux yeux de la loi, et va désormais, avec droiture, lutter contre un mari qui ne la voit que comme un moyen d’assouvir ses ambitions politiques…
Le féminisme avant la lettre ?
Chie Inudoh a voulu avec Reine d’Égypte nous prouver que la volonté de sortir des modèles patriarcaux a pu exister de tout temps. Sans devenir un récit militant ou lourdement démonstratif, ce manga seinen use d’un canevas historique pour nous emmener dans l’intimité d’une princesse de l’Antiquité égyptienne, en proie au doute face à la condition qui lui est réservée.
Comme un symbole « d’empowerment », Hatchepsout s’éduque petit à petit aux arcanes du pouvoir, tout en s’entourant de femmes qui lui expliquent la vie qui se trame en dehors du Palais et apprendre les rudiments de l’existence de tous les Égyptiens. Entre sa beauté et sa force, la jeune reine se sert de ses atouts pour parvenir à ses fins, sans jamais penser à mal. Pour elle, accomplir sa destinée revient à écouter les conseils de sa mère, qui lui souhaitait un avenir moins soumis que le sien, elle qui ne fut qu’une épouse délaissée. De quoi faire de Reine d’Égypte un modèle de manga historique à la haute portée philosophico-sociétale.
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