Jean-Marc Rochette et Matz partent aux origines de la saga du Transperceneige initiée par Jacques Lob dans les années 1980, avec Transperceneige : extinctions, qui explique comment la fin du monde a été orchestrée et comment les seuls survivants se trouvent dans un train conçu à cet effet. Une bande dessinée d’anticipation prenante et bouleversante.
Un train d’enfer
En 1982, Jacques Lob, prix du scénariste français au Festival d’Angoulême (édition 1977), écrit avec le dessinateur Jean-Marc Rochette (à qui on doit notamment la saga Edmond le cochon), une histoire post-apocalyptique au succès immédiat, Le Transperceneige. Sur des images en noir et blanc, les derniers survivants de l’humanité tentent de reprendre le contrôle du Transperceneige, un train dernière génération, sorte d’Arche de Noé 2.0, où animaux, plantes et humains font éternellement le tour d’une planète aux paysages désolés. Mais les inégalités sociales demeurent. Les riches sont à l’avant, profitant d’une existence lascive, tandis que les pauvres sont relégués au fond. Jusqu’au jour où ces derniers décident de reprendre les choses en main. Paru pour la première fois dans le magazine À suivre, Le Transperceneige et son cortège d’idées pessimistes et mythologiques, rappelle les romans de la série La Compagnie des glaces de Georges-Jean Arnaud. Mais ce huis clos se distingue en mettant l’accent sur la lutte des classes, la révolte des pauvres contre les nantis. Le premier tome, L’Échappé, paraît en 1984 et il sera suivi de trois autres entre 1999 et 2015, tous dessinés par Jean-Marc Rochette, mais avec des scénaristes différents : Benjamin Legrand pour L’Arpenteur et La Traversée, Olivier Bocquet pour Terminus.
Noir c’est noir
L’aventure de ce train pas comme les autres n’en resta pas là. Une adaptation intitulée Snowpiercer, le Transperceneige voit le jour en 2013. Signée du Sud-Coréen Bong Joon-ho (The Host, Memories of Murder), elle voit les stars Chris Evans, Tilda Swinton et Jamie Bell subir les affres d’une Terre détruite qui ne demande qu’à renaître, si le train voulait bien s’arrêter un jour pour l’y aider. Quant à Jean-Marc Rochette, l’histoire se devait pour lui d’être racontée à nouveau. Avec le scénariste Matz (de la saga du Tueur ou celle des Cyclopes), il part aux origines de ce train dans Transperceneige : extinctions. Un premier tome qui reprend l’idée que l’homme est un parasite pour la Terre et qu’il faut aider cette dernière à s’en débarrasser. Une théorie qui a déjà séduit de nombreux écologistes forcenés et d’artistes (on se souvient de The End de Zep ou du film Phénomènes de M. Night Shyamalan) et qui est ici portée à son paroxysme. D’un côté, un milliardaire chinois qui bâtit le Transperceneige, prêt à accueillir les meilleurs spécimens humains quand l’apocalypse viendra. De l’autre, les Apocalypsters, des écologistes terroristes qui ont trouvé le moyen de décimer l’humanité d’un seul coup. Les cases sont cette fois-ci en couleur, le lecteur voyage dans le temps (jusqu’aux Mayas) et sur le globe (de l’Afrique à la Chine), mais le constat reste même : la Terre se meurt et rien ne pourra la sauver si les hommes continuent sur leur lancée. Une bande dessinée sombre, mais qui a le mérite de soulever le débat. Pour replacer l’humanité sur de bons rails ?
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Parution le 15 mai 2019 – 96 pages
Transperceneige – Extinctions, Matz, Jean-Marc Rochette (Casterman) sur Fnac.com
Aller + loin : Le Transperceneige : Terminus, tout le monde descend