Après cinq films présentés en compétition à Cannes, Pedro Almodóvar court toujours après la palme d’or. C’est peut-être pour cette fois-ci, avec Douleur et gloire, l’un de ses films les plus personnels.
Sixième tentative
Des prix à Cannes, Pedro Almodóvar en a eus. Prix de la mise en scène pour Tout sur ma mère, prix du scénario et prix d’interprétation féminine collectif pour Volver. Mais de palme, toujours pas. C’est donc entouré de fidèles – Antonio Banderas (Attache-moi ou plus récemment La Piel que habito), Penelope Cruz (Volver ou Étreintes brisées) ou encore Cecilia Roth (Tout sur ma mère, Les Amants passagers) – et avec l’histoire d’un cinéaste qui lui ressemble grandement qu’il retente sa chance. Antonio Banderas est bouleversant dans ce portrait d’un réalisateur souffrant de tous types de douleurs l’empêchant de travailler, obligé de se plonger dans ses souvenirs pour retrouver l’énergie de la création.
Pudeur et sentiments
À l’occasion d’une reprise de l’un de ses films à la Cinémathèque de Madrid, Salvador Mallo – nom dans lequel on peut jouer à retrouver celui d’Almodóvar – renoue les liens avec un acteur avec qui il avait rompu plus de trente ans auparavant et retrouve la trace de son grand amour des années 1980. L’occasion de retrouvailles pudiques, d’autant plus émouvantes. Un grand acteur, dit Salvador à son comédien, ne pleure pas, mais retient ses larmes. Une leçon appliquée à la lettre par Antonio Banderas mais aussi par Pedro Almodóvar, qui, s’il reste fidèle à la débauche de couleurs à laquelle il nous a habitués, fait montre d’une étonnante sobriété. La sagesse de l’âge, peut-être. La maîtrise de son cinéma, assurément. Une plongée dans ses souvenirs, ses regrets, mais aussi ses espoirs, pour nous permettre à nous, spectateurs, de laisser couler ces larmes que plus rien ne retient.
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Photo : © STUDIOCANAL / El Deseo 2019
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