Pedro Almodóvar est incontestablement le maître du cinéma espagnol. Fort de films imprévisibles, mélodramatiques, étranges et excentriques, le réalisateur embarque son spectateur dans des aventures riches en émotions orientées autour de ses sujets de prédilection. A l’occasion de la sortie en salles de La Chambre d’à côté le 8 janvier, retour sur sa filmographie !
Tout sur ma mère
Manuella (Cécilia Roth), mère dévouée, accompagne son fils Esteban au théâtre pour assister à la représentation de la pièce Un tramway nommé Désir dans laquelle joue la comédienne Huma Rojo (Marisa Paredes). Une sortie d’apparence tranquille qui se soldera par la mort du jeune homme. Des suites du décès tragique de son enfant, Manuella décide de quitter la ville pour retourner à Barcelone. Sa vie sera alors rythmée par la poursuite de deux objectifs : la quête du père d’Esteban – une prostituée du nom de Lola – et l’obtention d’un autographe d’Huma en mémoire de son fils. Tout sur ma mère met l’accent sur des thématiques complexes et profondes, allant des théories sur le genre à l’existentialisme. Avec ce long-métrage, peuplé de personnages attendrissant, Pedro Almodóvar a remporté l’oscar du meilleur film en langue étrangère et on comprend bien pourquoi !
Julieta
Julieta, incarnée par Emma Suarez, décidée à quitter Madrid tombe par hasard sur Beatriz, l’amie d’enfance de sa fille Antía. Une rencontre fortuite qui la poussera à rester dans la capitale espagnole et à réaménager dans l’appartement qu’elle occupait autrefois avec Antía. Julieta fera ainsi face à ses souvenirs, revivant par bribes les instants de sa vie. Avec Julieta, Almodovar signe encore une fois un long-métrage poignant s’apparentant parfois à un thriller au vu des mystères qu’il vient mettre en exergue.
La piel que habito
Avec La piel que habito, Almodovar façonne un long-métrage à suspens dérangeant, tordu, mais surtout prenant ! Dans son manoir, le chirurgien émérite Robert Ledgard (Antonio Banderas) fabrique une peau synthétique capable de résister aux multiples agressions extérieures. Une avancée révolutionnaire qui se produit au détriment de Vera (Elena Anaya), sa captive et cobaye qu’il malmène en raison d’un lourd secret… Un condensé de théâtralité, de démesure et d’outrance, assurément l’un des meilleurs films du réalisateur !
Volver
Récompensé du prix du scénario au festival de Cannes, Volver est drame poigant s’appuyant sur deux sœurs Raimunda (Penélope Cruz) et Sole (Lola Dueñas) et mettant en avant une véritable trame sociale. Raimunda, mère de Paula, couvre sa fille après que celle-ci a légitimement assassiné Paco, le copain de sa mère, qui tentait de la violer. Cachant le corps de l’obscène défunt dans le congélateur de son restaurant, Raimunda tentera de mener sa vie tant bien que mal, du moins jusqu’à ce que le fantôme de sa mère (Carmen Maura) vienne la hanter. Une histoire complexe qui glorifie ses acteurs et renforce le génie scénaristique d’Almodovar, à voir, sans hésitations.
Parle avec elle
Marco (Darío Grandinetti) et Begnigno (Javier Cámara) se rencontrent de manière fortuite en assistant tous deux à une représentation. Un évènement nul de sens, car, aucun des deux hommes ne s’essaiera à la discussion. Cependant, celle-ci prendra plus tardivement, quand, se rendant au chevet d’Alicia (patiente de Begnigno) et de Lydia (partenaire de Marco) – toutes deux dans le coma – à la clinique El Bosque, les deux hommes se reconnaitront et façonneront cette fois-ci une amitié qui leur semblait destinée. Un mélodrame mouvementé, excellement construit !
La mauvaise éducation
La mauvaise éducation est un récit dramatique mettant en scène les retrouvailles entre Enrique Goded (Fele Martínez) et Ignacio, deux amis de longue date. Leur rencontre, ayant eu lieu des années auparavant au sein d’un collège catholique, leur a permis d’explorer différents axes de la vie, que ce soit l’amour, le cinéma, ou encore l’horreur. Ce dernier, enseigné par leur directeur et professeur de littérature le père Manolo, qui alternait entre émois sexuels et mauvais traitements. Un long-métrage brut, sombre, dénonçant les abus perpétrés dans ce collège privé catholique, remettant ainsi en compte l’enseignement qui s’y jouait sous Franco.
Attache-moi !
Si l’on connait Almodovar pour ses drames, Attache-moi ! contrebalance légèrement la filmographie du cinéaste pour incarner une comédie romantique tordue. Ricky (Antonio Banderas) tombé amoureux de Marina (Victoria Abril), actrice pornographique souhaitant quitter le milieu, se met en tête – à peine sortit d’un hôpital psychiatrique – de la kidnapper. De là s’en suit pour Marina une captivité insolite dans laquelle son assaillant – l’ayant tout de même attachée – ne souhaite qu’une chose, conquérir son cœur. Une sorte de relecture sous syndrome de Stockholm d’un classique de l’enfance, ou quand La Belle et la Bête se mue en l’actrice de charme et le malade mental.
Etreintes brisées
Thriller romantique aux allures de film noir du Hollywood classique, Etreintes brisées, met en scène dans le rôle de Lena, la très grande Penélope Cruz. Lena, amante de Mateo Bianco (Lluis Homar), réalisateur victime d’un accident de voiture lui coûtant sa femme et sa vue, deviendra la muse dudit cinéaste, oscillant entre sublime et tragique. Le talent d’Almodóvar ne cesse de nous éblouir dans cette œuvre qui tend à nous faire rire, pleurer et aimer.
Femmes au bord de la crise de nerfs
Récompensé aux quatre coins du globe, Femmes au bord de la crise de nerfs s’affirme comme étant le premier succès international du cinéaste ! Pepa (Carmen Maura), vient de se séparer d’Ivan, comme si cela ne suffisait pas, elle va, dans la même journée : mettre le feu à son lit, piler des somnifères dans du gazpacho, voir débarquer chez elle le fils dudit Ivan et sa fiancée Marissa, son amie Candela éperdument amoureuse d’un terroriste ayant prévu de réduire en miette l’avion dans lequel est Ivan avec sa nouvelle maitresse, et comme si ça ne suffisait pas, Lucia, la femme d’Ivan, munie d’un joli revolver s’invite aussi à la partie. On a connu des journées plus calmes… Un long-métrage excentrique, provocateur et brillant qui place évidemment la femme au centre de son propos.
Madres Paralelas
Madres Paralelas revient sur l’histoire de deux femmes, Janis (Penélope Cruz) et Ana (Milena Smit), qui mettent au monde pour la première fois. Une longue discussion s’ensuivra entre la fine quarantenaire enceinte d’un homme marié et la toute jeune adolescente. Un drame poignant ayant pour toile de fond un dialogue profond entre deux femmes dont la vie s’apprête à changer.
La Chambre d’à côté
Dernier long-métrage en date d’Almodovar, La Chambre d’à côté est une adaptation du roman de Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ? Ingrid (Julianne Moore) et Martha (Tilda Swinton), deux amies de longue date, renouent contact mêlant ainsi souvenir, regret et rédemption. Lion d’or de la Mostra de Venise de 2024, ce chef-d’œuvre filmique vous poussera à explorer les méandres de vos réflexions, affirmant une bonne fois pour toute le talent incontesté de son réalisateur.
