Bleu, blanc, rouge. Le monde du football est français et le restera pour les 4 prochaines années. 23 joueurs ont porté le rêve d’un pays pendant plus d’un mois et offert un goût tout particulier à cet été 2018 qui restera dans les mémoires. Nous avions le 12 juillet 1998, nous avons dorénavant le 15 juillet 2018. Si proche, si loin, si beau.
Photo : © Florence Le Goff
France 4 – 2 Croatie : sur le toit du monde
1ère mi-temps
Dominer n’est pas gagner, cet adage est trimballé de pelouse en pelouse depuis des décennies et il ne s’est peut-être jamais aussi bien démontré que hier. La première période ? Un exemple d’attaque-défense, une frilosité française concernante, une justesse technique croate avérée derrière un Luka Modric encore une fois impérial dans son rôle de métronome. Le score à la fin de la première mi-temps ? 2-1 pour la France.
Les Bleus n’avaient alors rien fait ou presque mais grâce aux coups de pied arrêtés, une nouvelle spécialité made in France, ils étaient devant. En cause, la précision du pied d’Antoine Griezmann qui tire parfaitement le coup-franc du premier but, obligeant un but contre son camp croate et qui remet le couvert en déposant un corner très dangereux qui sera finalement dévié de la main par Ivan Perisic, le buteur quelques minutes plus tôt pour la Croatie. « Grizou » transformera de son pied gauche.
2ème mi-temps
Passés proche de la correctionnelle en fin de première mi-temps, les Bleus entament légèrement mieux le second acte mais subissent tout de même. Oui mais voilà, à l’heure de jeu, une action initiée par Paul Pogba est magnifiquement relayée par Mbappé puis Griezmann, encore lui, et finit dans les pieds du premier nommé pour le but le plus important de sa carrière. 5 minutes plus tard, la rencontre bascule dans l’irréel avec une nouvelle réalisation, œuvre de Kylian MBappé.
Fêter la victoire pendant les 25 minutes restantes était trop idyllique pour être vrai et le capitaine et gardien français commettra une erreur immense pour relancer, un peu, la Croatie. Sans conséquences finalement, la France devient championne du monde et succède à l’Allemagne.
Ce qu’il faut retenir du match
– La domination croate : 66% de possession de balle, deux fois plus de passes, le double de tir…
– Le très grand match d’Antoine Griezmann, impliqué de manière directe sur les trois premiers buts tricolore.
– Le titre, tout simplement. La France égalise, avec deux titres au palmarès, avec l’Uruguay et l’Argentine. Sont devant uniquement les brésiliens (5), les allemands et italiens (4).
– La vidéo, encore. Le penalty provoqué par Antoine Griezmann peut prêter à débat et l’arbitre a tranché avec l’appui de l’assistance vidéo, comme contre l’Australie au premier tour.
– La boulette d’Hugo Lloris, forcément. En essayant d’effacer l’attaquant Mandzukic venu au pressing d’un subtil rateau, le gardien a pris des risques inconsidérés, surtout au regard de sa position à ce moment-là, juste devant son but à 5 mètres.
– La précocité de Mbappé. Jugez plutôt : deuxième plus jeune double buteur dans l’histoire du mondial contre l’Argentine, deuxième plus jeune buteur dans une finale contre la Croatie, troisième joueur de moins de 20 ans à disputer une finale… Quand on connaît le nom du seul homme qui le devance, Pelé, on se dit que oui, le garçon est un immense joueur.
– Enfin, on dit qu’un événement pluvieux est un événement heureux ? Comment ne pas être noyé dans l’euphorie au moment de la remise de la coupe sous ce déluge moscovite impressionnant ?
Les chiffres clés du mondial
Tour de passe-passe
1 029 – Comme le nombre de passes réussies par l’Espagne contre l’équipe russe en huitième de finale. Ce total record a beau avoir été réalisé avec l’aide des 30 minutes supplémentaires des prolongations, cela reste une performance tout simplement impressionnante. Malheureusement, au football, le vainqueur est celui mettant le plus de buts (ou de tirs au but), et non celui faisant le plus de passes. La Russie l’a prouvé en éliminant le champion du monde 2010 (1-1, 4-3 aux tirs aux buts).
Centurion
104 – Comme le nombre de sélections du portier français et capitaine Hugo Lloris. Il est devenu contre le Pérou (1-0), le 7e joueur à atteindre la barre symbolique des 100 caps. Le niçois d’origine a dépassé un certain Didier Deschamps contre la Croatie. L’actuel sélectionneur national a en effet accumulé 103 sélections pendant sa propre carrière internationale.
Vétéran
45 – Comme l’âge du gardien égyptien Essam El-Hadary, nouveau recordman du joueur le plus âgé à avoir disputé un match du mondial à l’occasion du match sans enjeu Arabie Saoudite – Egypte (2-1). Avec un arrêt sur penalty, le quadragénaire a honoré le cadeau fait par son sélectionneur, lui qui est normalement remplaçant.
Sprinter
37,5 – Comme la vitesse de pointe, en km/h, du prodige français Kylian Mbappé sur l’action ayant entraîné le premier but français sur penalty. À titre de comparaison, le sprinter jamaïcain Usain Bolt a déjà été flashé à 44,5 km/h sur l’une de ses courses. Mbabolt.
Une histoire de pénos
29 – Comme le nombre, record, de penalties sifflés pendant cette édition ! Le précédent record avait été établi en 1990 puis égalé en 1998 et 2002 avec 18 penalties. L’arrivée de la vidéo au mondial est la principale raison de cette explosion sans précédent.
L’habitude comme force
3 – La France a disputé sa 3ème finale du mondial (1998, 2006, 2018) depuis 1998, soit 6 éditions. Cela fait une fois sur deux. C’est plus que n’importe quelle sélection sur cette période, puisque le Brésil (1998, 2002) et l’Allemagne (2002, 2014) en ont deux chacune.
Un destin
3 – Didier Deschamps est devenu en gagnant le mondial depuis le banc de l’Equipe de France le 3ème sélectionneur a avoir gagné le mondial en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Il rejoint des légendes de ce sport, le brésilien Mario Zagallo et l’allemand Franz Beckenbauer.
Historique
1 – Comme la première finale du mondial pour la Croatie cette année. En 27 ans d’histoire (la Croatie est indépendante depuis 1991), le petit pays de 4,2 millions d’habitants a déjà connu deux derniers carré (1998 et 2018) dont une finale. Précoce.
Nul et vierge
1 – Comme le seul match, après 56 rencontres, à avoir fini sur un score nul et vierge de 0-0. Il est l’œuvre conjointe de la France et du Danemark.
Les 5 matches à retenir
1. Le plus Cristiano : Espagne – Portugal
Plus beau match du premier tour sur le papier, cet affrontement entre les champions du monde 2010 et ceux d’Europe 2016 a aussi été le plus beau tout court. Certains diront que c’était plus Cristiano Ronaldo (auteur des 3 buts de son équipe) contre l’Espagne, mais le résultat est le même : 3-3 à la suite d’une rencontre d’un très haut niveau technique parsemée de buts et de coups d’éclat. L’action marquante restera cette égalisation portugaise à quelques minutes du coup de sifflet final sur coup-franc. Le tireur ? CR7, évidemment.
2. Le plus balkanique : Argentine – Croatie
Quand on parle de choc du premier tour, ce match-là s’invite au premier rang des postulants. Si l’Argentine possède un génie du nom de Lionel Messi, la Croatie a elle une aisance technique quasiment inégalée dans la compétition. Le petit pays d’Europe de l’est terrasse l’ogre en blanc et bleu avec tous ses joyaux en -ic (Modric, Rakitic, Perisic, Mandzukic…). L’Argentine fait hic et perd 0-3…
3. Le plus fort en émotion : France – Argentine
Un scénario de fou, des buts de fou, un public de fou… Oui, ce match était complètement dingue. Et puisque la folie n’est pas forcément mauvaise, on en a profité jusqu’au bout avec 7 buts dont un chef d’œuvre signé Benjamin Pavard, 22 printemps et déjà une tête de héros. Rarement la France avait autant vibré pour un match qui, émotionnellement parlant, rappelle l’épopée de la bande de Zidane en 2006.
4. Le plus « une fois » : Belgique – Brésil
Le Brésil qui perd contre la Belgique en football, ce n’est pas souvent et cela a le mérite d’être souligné. Surtout que les Belges ont mérité cette victoire après une première mi-temps de rêve les ayant propulsés vers la victoire. La fin du match fut épique avec la réduction du score brésilien à l’entrée du dernier quart d’heure. Courtois, le gardien belge à la taille de basketteur, a notamment détourné du bout des doigts une frappe magnifique de Neymar. À la toute fin Dano, dommage.
5. Le plus fratricide : France – Belgique
Parfois, un match n’est pas beau, mais il est tout de même grand. Grand par l’intensité pure. Voilà ce qui a le plus marqué le spectateur devant cette demi-finale. Les joueurs des deux côtés étaient en mission et cela s’est vu. Au final, la tête de Samuel Umtiti à l’entame de la seconde période a fait exploser tout un peuple. Les Bleus doivent encore beaucoup à leur capitaine, Hugo Lloris, qui a repoussé les assauts de Hazard, De Bruyne and co.
Les 5 joueurs qui sortent du lot
1. La pépite se révèle au monde : Kylian M’Bappé
Si cela était encore un secret, il a explosé à la face du monde ce samedi 30 juin 2018 : oui, le jeune tricolore de 19 ans est un crack, un vrai. Deux buts, un penalty provoqué et des courses déjà mythiques… la star, c’était lui. La fusée originaire de Bondy (93) a même eu le droit à un gazouillement de félicitation d’un certain Pelé sur la toile. Il est finalement élu meilleur jeune de cette édition après une finale l’ayant vu inscrire un but de 25m mais surtout, une fois de plus, mettre la défense adverse au supplice avec ses accélérations.
2. Le génie croate : Luka Modric
Anti-star par excellence, le milieu de terrain et capitaine de la sélection croate en est pourtant une, utile, élégante, sobre. Le roi de l’extérieur du pied ne cesse de démontrer qu’il est l’un des tout meilleur joueur au monde. Auteur de 2 buts dans cette compétition, il a surtout été le poumon de la « Hrvatska » (Croatie), dans la droite lignée de ce qu’il réalise avec son club du Real Madrid depuis 6 saisons. Élu meilleur joueur du mondial.
3. Le belge virevoltant : Eden Hazard
Le joueur formé à Lille est le leader de la Belgique, une nation prête à affronter la France les yeux dans les yeux mardi soir. Le joueur a déjà inscrit 2 buts mais représente surtout le dynamiteur de défense des belges, dans la lignée de sa fin de saison avec son club de Chelsea. En quart de finale contre le Brésil, il a provoqué de nombreux cartons jaunes par ses accélérations foudroyantes. Face à la France, si la Belgique perd, ce n’est surement pas de sa faute, lui qui a mis à la peine tout le match son adversaire direct, Benjamin Pavard. Il finit sur un but et le podium en battant l’Angleterre.
4. Le héros maudit : Edinson Cavani
À 31 ans, l’attaquant sud-américain dispute peut-être son dernier mondial. Alors autant marquer le coup, et plutôt deux fois qu’une. En inscrivant un magnifique doublé pour l’Uruguay face au Portugal en huitième de finale, le joueur parisien a impressionné et déchaîné les louanges… avant de se blesser au mollet. Il était donc forfait pour le quart de finale contre la France. Respect El Matador.
5. La mitraillette à buts : Harry Kane
Le capitaine de la sélection des Three Lions en est aussi le meilleur buteur. Le meilleur tout court, pour être précis, puisqu’il porte match après match l’Angleterre sur ses larges épaules. Auteur de 6 buts dans la compétition, il est le leader dans cette catégorie toute équipe confondue. Contre la Colombie en huitième de finale (1-1, 4-3 aux tirs au but), il provoque un penalty, le transforme lui-même et inscrit également le premier tir au but pour lancer son pays vers la qualification. Face à la Croatie, il n’a pu qualifier son pays pour sa première finale depuis… 1990 !