Critique

Une brève histoire des plantes avec Stefano Mancuso

26 juin 2018
Par Mathilde1
Une brève histoire des plantes avec Stefano Mancuso

Professeur à l’université de Florence, savant de renommée mondiale, Stefano Mancuso, fondateur de la neurobiologie végétale, défend l’intelligence des plantes dans son essai du même nom. Loin d’être passives, les plantes seraient, au contraire, des êtres bien plus complexes qu’il n’y parait.

L-Intelligence-des-plantesLes plantes sont-elles intelligentes ?

Fondateur de la neurobiologie végétale, l’Italien Stefano Mancuso soutient que les plantes peuvent être considérées comme des êtres ayant des capacités cognitives, un niveau de complexité insoupçonné. Les végétaux n’ont rien à envier aux humains ! Une pensée qu’il développe dans L’intelligence des plantes, essai publié chez Albin Michel, co-écrit avec la journaliste Alessandra Viola, spécialisée en vulgarisation scientifique.

Le champ de la neurobiologie était jusqu’alors réservé aux animaux – hommes inclus dans cette catégorie. Pourtant, on peut légitimement étudier les plantes sous cette approche et ce, pour deux raisons : en langue grecque, neurone signifie fibre végétale et, chez les plantes, toutes les cellules sont capables de produire et de transporter des signaux électriques (quand seulement quelques cellules peuvent le faire chez les animaux : les neurones), c’est-à-dire que toutes les cellules sont neurones chez les végétaux. 

À partir de là, il est possible de parler d’une intelligence végétale, même si beaucoup de biologistes refusent ce terme. Stefano Mancuso définit l’intelligence comme la capacité à résoudre les problèmes : à ce titre, tous les êtres vivants sont intelligents, plantes comprises. Plus encore, le scientifique n’hésite pas à parler de conscience végétale, considérant que les plantes sont conscientes de leur environnement, de leur milieu et de l’ensemble des comportements des autres êtres vivants.

Des capacité étonnantes

Loin de se limiter à développer une théorie scientifique, Stefano Mancuso et Alessandra Viola nous étonnent par leurs exemples spectaculaires. L’appareil racinaire illustre au mieux leur propos. En accord avec Charles Darwin qui affirmait que le pôle reproductif et le pôle cognitif sont opposés chez les êtres vivants, Stefano Mancuso soutient que l’intelligence des plantes loge sous terre, dans leurs racines. L’appareil racinaire est capable de percevoir plus de vingt paramètres physiques et chimiques (la lumière, la gravité, les matériaux…), il est capable d’arbitrer, de décider où s’étendre ou au contraire rebrousser chemin, en accord avec ce qu’il ressent. À l’image d’une colonie de fourmis, il choisit.    

On se souvient tous de Sylvebarbe, l’arbre qui parle dans Le Seigneur des anneaux de Tolkien. On peut parler d’un langage chez les plantes : si elles ne parlent pas, elles communiquent en utilisant des particules volatiles chimiques. Elles échangent des informations par rapport au milieu, aux éléments pathogènes, aux prédateurs. Des plantes soumises à un stress dû au sel ont produit des messages pour les autres plantes voisines qui devenaient plus résistantes au sel. Des arbres africains ont sécrété des substances alors qu’ils étaient attaqués par des gazelles. Elles avertissaient les autres arbres qui développaient alors une odeur nauséabonde. 

Apprendre des plantes


Représentant 99% de la biomasse, Stefano Mancuso nous rappelle que, si les plantes peuvent survivre sans nous (et l’ont fait avant notre apparition sur terre), l’inverse est faux ! Manifeste d’écologie, L’intelligence des plantes réhabilite ces 99% de la vie qui ont été ignorés jusqu’alors. Il nous invite à apprendre à les connaître, pour mieux les protéger.  Il y a quelques années encore, il était impossible dans la communauté scientifique de parler ne serait-ce que de comportement végétal.

Stefano Mancuso le rappelle : bien que les végétaux n’ont pas d’organes (estomac, poumons, yeux…), cela ne signifie pas qu’ils sont privés de leurs fonctions associées. Elles sont au contraire distribuées sur l’ensemble de leur corps, l’intelligence des plantes est décentralisée, à l’inverse de notre modèle centralisé. Publié en 2013, tout juste traduit en France, L’intelligence des plantes a connu un succès incroyable en Italie.

Nombreux hommes de science commencent à changer de point de vue et admettre une intelligence végétale. Une nécessité à l’heure où les ressources naturelles s’épuisent et où il devient indispensable de privilégier des modes de vie alternatifs, en accord avec la biomasse.


Sous-titré Les liens physiques, émotionnels et spirituels entre les plantes et les hommes, l’essai de Peter Tompkins avait fait grand bruit lors de sa parution en 1975. Soutenant que les plantes sont nos semblables, il avait soulevé, a minima, le scepticisme chez les biologistes, mais également de vives critiques.   
À travers cent récits, il développe les relations qui unissent l’homme aux plantes. Un classique, quarante ans avant le succès phénonémal de La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben.

Parution le 4 avril 2018 – 240 pages

L’intelligence des plantes, Stefano Mancuso (Albin Michel) sur Fnac.com


Aller + loin : Une brève histoire de…

Visuel d’illustration © Chuttersnap 

Article rédigé par
Mathilde1
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