Critique

Une brève histoire de l’utopie avec Aymeric Caron

26 mars 2018
Par Mathilde1
Une brève histoire de l'utopie avec Aymeric Caron

L’utopie, du grec οὐ-τόπος, « en aucun lieu », est un concept forgé par l’écrivain anglais Thomas More en 1516. Cette représentation d’une société idéale a souvent été utilisée comme outil pour penser notre société, au contraire imparfaite et entachée de vices. 600 ans après L’Utopie de Thomas More, le philosophe Aymeric Caron réinterroge la notion, à l’aune du XXIe siècle.

Utopistes : idéalistes ?

En 2018, l’utopiste n’a pas bonne presse. Il parle de bonheur, de travail épanouissant et libérateur, de démocratie parfaite, de partage des richesses, de paix, de solidarité, de tolérance absolue. Incapable de tenir compte du principe de réalité, l’utopiste rêverait plus qu’il ne ferait. « L’utopiste est généralement identifié comme un extravagant, un lunaire, un inadapté, un inefficace, un amateur de chimères, un type qui vit dans son monde, sympathique certes, mais à la ramasse. », affirme Aymeric Caron dès les premières pages d’Utopia XXI

Depuis l’œuvre de Thomas More, on aime à dire que l’utopie est morte avant d’être née : du grec οὐ-τόπος « en aucun lieu », elle serait vouée à l’inexistence. Écrit sous le régime autoritaire du roi Henry VII et de l’Église, De optimo reipublicae statu deque nova insula Utopia, (Traité de la meilleure forme de gouvernement et de l’île nouvelle d’Utopie), est pourtant, selon Aymeric Caron, une œuvre nécessaire, à réactualiser cinq siècles après sa parution.

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Pour l’utopie

« Le mensonge ne se situe pas en Utopie, mais partout autour de nous, en Néolibéralie. ». La messe est dite : Utopia XXI d’Aymeric Caron sera une œuvre militante, comme le fut celle de Thomas More en son temps. L’utopie doit être le modèle de notre société, plutôt que le système libéral actuel. Tous les bouleversements de l’Histoire ont été traités, en leur temps, de rêves idéalistes : il fallait être utopiste pour croire en l’abolition de l’esclavage, au vote des femmes, au mariage pour tous, au droit des animaux, à la laïcité… Les progrès de la société ont été le fruit d’hommes et de femmes traités de fous en leur temps : de Platon, à Montaigne, en passant par Martin Luther King, Olympe de Gouges ou Jane Goodall.

Plutôt que mourir d’un système économique qu’Aymeric Caron conteste, nous déperissons d’une crise idéologique : « Nous sommes cruellement en manque d’utopie mobilisatrice ». Indispensable pour réaffirmer nos valeurs et notre idée du bonheur, il est urgent de réhabiliter l’utopie, dans une démocratie actuelle qu’il juge parfaitement imparfaite et bien loin de son but originel. Travailler moins, tendre vers une société égalitaire, fraternelle, dominée par le partage plutôt que par l’argent, réhabiliter un lien entre les hommes et l’environnement, redéfinir les libertés individuelles et la place des lois, donner des droits aux animaux… Utopia XXI est presque un programme politique à lui tout seul. 

Qu’on adhère ou pas aux propositions d’Aymeric Caron, Utopia XXI a le mérite de nous inviter à reconsidérer le concept d’utopie, à ne plus la penser comme un leurre, un doux rêve éveillé, mais comme une opportunité à saisir pour questionner la société et ses manquements et définir, in fine, un horizon à atteindre. Concluons comme il commence : « Ceci n’est pas un livre […], c’est un rêve pour affronter la réalité ».

L’Utopie, Thomas More

En 1516, Thomas More, ami d’Érasme et fer de lance du mouvement humaniste, diffuse partout en Europe un ouvrage satirique sur la société de son temps, gourvernée par le terrible Henry VII et une Église au pouvoir inique. Utopia était née. Cet ouvrage, fondateur de la pensée utopiste, eut tout de suite un grand succès en France et fut à l’origine de nombreuses théories économiques. 

Utopie est l’île sur laquelle s’installe Utopus, le personnage principal. Protégée de toute influence extérieure, la vie sur Utopie est régie par des principes inédits : abolition de la propriété individuelle et de l’argent, république vertueuse et fraternelle, où ses citoyens sont érudits, humbles, tolérants et dépourvus d’envies démesurées.
Mais qui peut croire en une telle société, à part les philosophes et les fous ?
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Paru le 22 novembre 2017 – 528 pages

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Mathilde1
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