Seulement 29 ans et déjà sept films : aussi précoce que talentueux, Xavier Dolan a d’ores et déjà laissé une empreinte sur le cinéma mondial. Auteur et acteur, ambitieux et sensible, le cinéaste voit son dernier long métrage, Ma vie avec John F. Donovan, sortir le 13 mars 2019 dans les salles obscures. Retour sur le parcours d’un jeune homme pressé.
Devant et derrière
Le casting cinq étoiles de Juste la fin du monde (composé de Nathalie Baye, Vincent Cassel, Léa Seydoux, Marion Cotillard et Gaspard Ulliel) ne doit pas faire oublier qu’avant d’être un grand directeur d’acteurs, Xavier Dolan a d’abord été célèbre pour les films dans lesquels il se mettait en scène lui-même. Dès J’ai tué ma mère et sa veine autobiographique, puis dans Les Amours imaginaires et Tom à la ferme (tous trois disponibles avec également Mommy et Laurence Anyways dans le coffret qui lui est dédié), le jeune cinéaste composait avec sa propre fragilité, son bagout et sa fronde juvénile, et créait des héros auxquels on a vite associé son œuvre. Mais Dolan avait depuis son enfance une carrière d’acteur, preuve qu’il est capable de jouer pour d’autres, comme il l’a encore démontré récemment en incarnant un psychotique très louche dans La Chanson de l’éléphant.
Auteur dans les grandes largeurs
Apprécié à plusieurs reprises au Festival de Cannes, le style particulièrement esthétique de Xavier Dolan s’est imposé. Son usage de la musique pop, des mouvements d’appareil et des ralentis l’ont progressivement propulsé sur le devant de la scène. Ses scénarios mettent en jeu des personnages à la marge, comme le transsexuel de Laurence Anyways ou l’adolescent hyperactif de Mommy. Un film dans lequel Xavier Dolan dirige deux de ses actrices cultes : Anne Dorval et Suzanne Clément, dans un film bouleversant et enlevé, qui traite frontalement de la pathologie mentale et des soucis que rencontre l’entourage des malades. Spécialiste des familles chaotiques, le réalisateur a trouvé dans la pièce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde un canevas idéal pour son dernier film en date, Grand prix au Festival de Cannes 2016. Avec son casting hors-normes et ses scènes de dialogues montées au cordeau, cette adaptation a bénéficié d’une ampleur l’éloignant à tout jamais des écueils du théâtre filmé.
L’American Dream à portée de main
Xavier Dolan n’a pas fini de nous surprendre et n’a pas peur de se lancer des défis, comme celui d’aller toquer aux portes d’Hollywood et y débaucher un casting cinq étoiles : Susan Sarandon, Kathy Bates, Natalie Portman et Kit Harington (Jon Snow) pour son nouveau film, Ma vie avec John F. Donovan. On y retrouve tous les thèmes chers au réalisateur : des relations complexes entre mère et fils, à l’homophobie, en passant par les amours impossibles. S’inspirant directement de sa propre vie, Xavier Dolan nous raconte l’histoire d’un petit garçon (Jacob Tremblay), rejeté par ses camarades, qui décide d’écrire à un acteur, star de la télé US. Contre toute attente, le fameux John F. Donovan lui répond et s’engage alors dans une relation épistolaire, longtemps dissimulée. Mais lorsque l’acteur tombe en disgrâce après la révélation de son homosexualité, les lettres sortent au grand jour, détournées et salies.
Alors que le film ne sort que dans quelques semaines dans les salles de cinéma, Xavier Dolan ne chôme pas et prépare déjà son prochain film : Matt & Max, récit d’une histoire d’amour passionnelle entre deux meilleurs amis.
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