Souvent prise pour emblème par les mouvements de la libération de la femme, Olympe de Gouges a laissé derrière elle de nombreux écrits sur les droits civils et politiques des femmes, et lutta toute sa vie contre l’esclavagisme. Une femme forte aux idées avant-gardistes !
De son vrai nom Marie Gouze, Olympe de Gouges est née le 7 mai 1748 à Montauban. Grande femme de lettres françaises et politique, elle est considérée comme l’une des pionnières du féminisme français.
Qui est-elle ? Qu’a-t-elle fait ? On vous en dit plus !
Qui est Olympe de Gouges ?
Au XVIIIe siècle, la loi française interdit aux auteures femmes de publier des ouvrages sans l’accord de leurs époux. C’est pourquoi, après avoir été mariée à un traiteur parisien qui mourut un an après leur mariage, Olympe décide de ne jamais plus se marier, pouvant ainsi garder une entière liberté de publication.
Par l’éducation qu’elle reçut de sa mère, elle put facilement s’adapter aux usages de l’élite parisienne. C’est d’ailleurs dans les salons qu’elle fréquente qu’elle fait la rencontre de plusieurs hommes de lettres et qu’elle s’essaie à l’écriture. Le théâtre étant alors considéré comme le support à favoriser pour les idées nouvelles – bien que sous le contrôle étroit du pouvoir – Olympe de Gouges s’en empare et monte sa propre troupe itinérante.
Sa liberté et son indépendance lui valurent d’être qualifiée de courtisane entretenue par les hommes, la femme libre, à cette époque-là, étant vue comme une prostituée. Mais loin de ces idées avilissantes, Olympe fit de son parcours de vie un combat contre la tyrannie, l’esclavagisme et la cause des femmes.
Quand, comment et pourquoi est-elle morte ?
En 1792 ont lieu des massacres de septembre dans les prisons de Paris. Craignant des complots à la suite de l’invasion austro-prussienne, on exécute sommairement le plus grand nombre des détenus, prisonniers royalistes ou de droit commun. L’apprenant, Olympe de Gouges s’en prend vivement à ceux qu’elle tient pour responsables, désignant en particulier Marat (« avorton de l’humanité ») et soupçonnant Robespierre (« l’opprobre et l’exécration de la Révolution ») d’aspirer à la dictature montagnarde.
Ses accusations la conduiront inévitablement à la guillotine le 3 novembre 1793. Pour dernière preuve de son patriotisme et de son combat de toujours contre la tyrannie, elle invoque sa pièce De l’esclavage des Nègres le 22 juillet 1793, le jour de sa condamnation à mort.
Qu’a-t-elle fait ?
Des pièces contre l’esclavagisme
La pièce de théâtre qui rendit célèbre Olympe de Gouges est L’esclavage des noirs, ou l’heureux naufrage. Elle ne lui attira pas beaucoup d’amis car dans le contexte de l’Ancien Régime, elle s’exposait à de fortes retombées, et notamment de nombreuses menaces de mort de la part des propriétaires d’esclaves. Néanmoins, les comédiens du Théâtre français acceptèrent de jouer la pièce, permettant ainsi à Olympe d’attirer l’attention publique sur le sort des Noirs esclaves.
Avec la Révolution, la Comédie-Française put devenir plus autonome et moins contrôlée par le pouvoir en place. En 1791, soit deux ans avant sa condamnation à mort, elle put éditer un texte intitulée Le Marché des Noirs, grâce au soutien de son ami, un membre actif de la Société des Amis Noirs, et nouveau maire de Paris, Jérôme Pétion.
« L’espèce d’hommes nègres, écrivait-elle avant la Révolution, m’a toujours intéressée à son déplorable sort. Ceux que je pus interroger ne satisfirent jamais ma curiosité et mon raisonnement. Ils traitaient ces gens-là de brutes, d’êtres que le Ciel avait maudits ; mais en avançant en âge, je vis clairement que c’était la force et le préjugé qui les avaient condamnés à cet horrible esclavage, que la Nature n’y avait aucune part et que l’injuste et puissant intérêt des Blancs avait tout fait. »
* Propos tirés de Réflexions sur les hommes nègres (1788)
Pour l’égalité des sexes
Pour Olympe de Gouges, les femmes pouvaient sans problème être capables d’assumer les tâches exécutées traditionnellement par les hommes. En outre, elles pouvaient également être associées aux débats politiques et à ceux de la société. C’est dans ce contexte qu’elle rédigea une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791, et dans laquelle elle s’exprime sur l’égalité des droits civils et politiques des deux sexes. Cette déclaration eut pour effet de permettre aux femmes d’être admises dans une cérémonie à caractère national le 3 juin 1792 et également à la commémoration de la prise de la Bastille le 14 juillet 1792.
Dans sa pièce de théâtre Nécessité du divorce et dans un essai Bon sens du Français, elle demande l’instauration du divorce. Demande qui sera adoptée par l’assemblée législative en septembre 1792 (mais très vite abrogée sous la Restauration en 1816).
Une femme en avance sur son temps
Loin de s’arrêter là, elle demande également que le mariage religieux soit remplacé par un mariage civil ; de prendre en compte les enfants issus d’autres liaisons ; que les enfants naturels aient un statut équitable ; que soient créées des maternités pour les accouchements, des ateliers nationaix pour les chômeurs et des foyers pour les mendiants.
Olympe de Gouges CATEL/BOCQUET © Tous droits réservés. Casterman