Critique

Ghost in the Shell : SAC_2045, une esthétique à revoir, mais prenant à souhait

24 mai 2022
Par Ugo Bocchi
La deuxième saison de “Ghost in the Shell” s’inscrit dans la continuité de la première.
La deuxième saison de “Ghost in the Shell” s’inscrit dans la continuité de la première. ©Netflix

La deuxième saison de Ghost in the Shell (GITS) est en ligne sur Netflix. Si la réalisation fait toujours aussi mal aux yeux, l’intrigue prend plus d’ampleur. Au final, comme pour la première saison : le sentiment est mitigé.

2045. Dans un monde en pleine perdition, où une place de parking et des sandwichs coûtent plusieurs centaines de dollars, où les cerveaux sont connectés à des serveurs, où une crise économique connue sous le nom de Défaut Global Simultané a eu raison de la paix internationale, le concept de guerre durable est devenu banal. Alors que la Section 9 (une unité d’élite antiterroriste) se reforme dans la première saison pour affronter la menace des post-humains, elle revient dans la saison 2 pour enquêter sur l’empoisonnement au polonium d’un ressortissant russe du nom de Kukushkin, semble-t-il à l’origine de la création de ces cyborgs assassins, toujours les mêmes post-humains. Voilà pour le pitch de la deuxième saison. Alléchant. Intense. Comme un clin d’œil à notre réalité.

La CGI n’est définitivement pas une réussite pour GITS

Et pourtant, tout n’est pas réussi dans cette deuxième saison. Comme pour la première d’ailleurs. Autant aller droit au but : visuellement, c’est toujours aussi désagréable. La CGI (pour Computer Generated Imagery, soit de l’infographie tridimensionnelle, technique utilisée pour la réalisation de Ghost in the Shell) n’est pas franchement une réussite. Les textures et les décors sont grossiers. Les personnages, déjà peu propices aux émotions dans le manga originel, sont froids. Leurs lèvres ne bougent pas et ce n’est pas toujours dû aux dons de télépathie du Major Motoko Kusanagi. On a souvent l’impression d’assister à des cinématiques de PlayStation 2. Bref, le charme des dessins de Masamune Shirow s’est perdu en cours de route.

Couverture du manga de Masamune Shirow.©Kodansha

Cela dit : au-delà de la forme, il y a le fond. Et là se trouve la vraie force de SAC_2045. Car, là où le film avait tout misé sur la photographie et un scénario édulcoré, là où l’anime des années 2000 parlait surtout aux connaisseurs et se perdait parfois dans le labyrinthe du manga, SAC_2045 gagne en clarté et en accessibilité. L’intrigue est efficace, l’enquête militaire fonctionne toujours aussi bien et l’on obtient des réponses aux questions laissées en suspens dans la première saison. La continuité de l’intrigue est au rendez-vous. Mieux, elle prend de l’ampleur. Il y a des rebondissements, notamment autour du personnage de Purin Esaki, geek de service de la Section 9, et de Kukushkin. Comme une envie de terminer un épisode pour en recommencer un autre.

Un rapprochement à venir entre Matrix et Ghost in the Shell ?

Autre certitude dans cette deuxième saison : les scènes de combat et d’action sont mieux parsemées et donnent du relief à la composition globale de GITS. Une série de plans, tout particulièrement, vaut le détour dans le deuxième épisode : une chasse aux post-humains sur l’autoroute qui se termine en fusillade sur des toits de camions. Un clin d’œil certain à la quadrilogie Matrix et ce passage dans Reloaded où les jumeaux du Mérovingien chassent le maître des clés. D’ailleurs, l’épaisseur grandissante prise par John Smith (agent Smith ?) dans SAC_2045 ne laisse que peu de doutes quant au rapprochement à venir entre les deux univers. Ghost in the Shell a été une inspiration pour les sœurs Wachowski. Il pourrait finalement devenir un préquel de Matrix.

Le soulagement de cette seconde partie vient finalement des dialogues, un peu plus développés que dans la première. Pas mal de clichés et de raccourcis pour le Major Motoko Kusanagi, la cheffe, Batou, le lieutenant brut de décoffrage ou encore Daisuke Aramaki, le grand manitou de la Section 9, très friand de morales à l’emporte-pièce – et laissent place à plus de subtilités sur ce monde ultraconnecté qu’ils essaient de contenir.

En résumé, en fermant les yeux sur cette réalisation trop éloignée du manga originel, qui n’apporte rien non plus à cette nouvelle version de GITS, la deuxième saison de SAC_2045 est de très bonne facture, encore une fois. Suffisant pour remettre le couvert avec une troisième saison ? Seuls l’avenir et la réception de cette seconde saison le diront.

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Ugo Bocchi
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Journaliste