Critique

Haikyû !! La guerre des poubelles : un duel plein d’adrénaline et d’émotion

11 juin 2024
Par Aurelien Bouron
“Haikyû !! La guerre des poubelles” sortira le 12 juin au cinéma.
“Haikyû !! La guerre des poubelles” sortira le 12 juin au cinéma. ©Sony Pictures Releasing France, Project H. Furudate / Shueisha

Quatre ans après la fin de l’anime, deux films Haikyû !! s’invitent dans les salles de cinéma pour clore l’histoire du manga – et ce premier volet nous conte l’affrontement des deux équipes rivales et amies, Karasuno et Nekoma.

Sorti en 2014, le premier épisode d’Haikyû !! lançait une grande aventure qui s’est poursuivie durant quatre saisons, où on a vu l’équipe du lycée de Karasuno grandir et se développer. L’histoire se concentre sur le jeune Shôyô Hinata, un fan de volleyball qui ne laisse pas sa petite taille l’empêcher d’avoir de grandes ambitions. Il veut briller sur les courts de volley et égaler le « Petit Géant », un joueur de petite taille qui a fait la gloire des années d’or de son établissement par le passé.

Le manga, signé Haruichi Furudate, est devenu un phénomène mondial puis une référence en termes d’anime de sport. Dans les faits, le format papier s’est vendu à 60 millions d’exemplaires depuis sa création en 2012. Cette année-là, le volley dans les lycées japonais a connu un boost de popularité grâce à la BD, passant de 35 000 garçons inscrits dans les équipes à plus de 50 000.

C’est donc sans surprise que la sortie d’Haikyû !! La guerre des poubelles au Japon, en février dernier, a rapporté dix milliards de yens (59 millions d’euros) au box-office, le plaçant ainsi juste derrière les mastodontes du genre Jujutsu Kaisen 0, One Piece Red, et Demon Slayer : le train de l’infini.

Les corbeaux contre les chats : la guerre de rue

La Guerre des poubelles commence là où la quatrième saison de l’anime s’était arrêtée. Shôyô Hinata et son équipe ont réussi à atteindre le Tournoi du printemps, soit la compétition nationale des lycées japonais. Après avoir gagné contre deux équipes, dont les favoris, les voilà arrivés au troisième tour. C’est sur ce match que le film se concentre : Nekoma contre Karasuno, ou les chats contre les corbeaux (en japonais, neko signifie « chat » et karasu se traduit par « corbeau »).

Ce parallèle avec ces animaux est le fil rouge du long-métrage et rend toute l’action cohérente. Les corbeaux de Karasuno attaquent par les airs, agressivement et sans relâche, les chats de gouttière de Nekoma sont imbattables au jeu au sol, à la réception et à la stratégie. Les deux équipes s’affrontent avec deux styles opposés, mais une chose les unit : tous sont des outsiders au talent brut, forgé dans la volonté et la compétition. Ce sont aussi deux clans dont la rivalité s’étend sur des générations. Dès la première saison, ils étaient déjà présentés comme destinés à être rivaux.

©Sony Pictures Releasing France, Project H. Furudate / Shueisha

Shôyô Hinata et Kenma Kozume sont les deux représentants de ce combat. Les deux garçons sont amis, mais leur envie de surpasser l’autre les rend plus forts. Pour ce film, c’est Kenma qui se trouve sous les projecteurs. Il n’est pas charismatique, souvent éclipsé par ses camarades, mais brille par son intelligence de jeu et son analyse de ses adversaires. Hinata n’est pas oublié pour autant, car se concentrer sur Kenma, sa vie et ses motivations, permet de découvrir l’influence immense que Shôyô Hinata peut avoir sur son entourage, y compris ses adversaires.

Un match intense rythmé par des flashbacks

Celles et ceux qui ont pu assister au sacre olympique de l’équipe de France de volley en 2021 le savent : ce sport est intense. Alors, 1h25 pour un seul match dans un anime peut paraître long, mais ce dernier est sans arrêt interrompu par des flashbacks pour montrer à quel point les différents personnages ont gagné en maturité et ont évolué au fil des saisons. Ces cassures de rythme ne seront pas au goût de tout le monde, pourtant, elles donnent un tempo intéressant au film. On alterne entre pics de dopamine et d’action, et moments d’émotion et de réflexion, ce qui rend ce long-métrage addictif.

©Sony Pictures Releasing France, Project H. Furudate / Shueisha

Surtout qu’Haikyû !! a toujours brillé par son scénario et ses personnages. Une impasse à ce niveau-là pour ne mettre en avant que l’action, pourtant déjà présente, aurait donc été une immense déception pour les fans. Ces flashbacks sont par ailleurs nécessaires pour se remémorer toute l’histoire, car on se perd parfois à essayer de plonger dans nos souvenirs pour comprendre certaines parties du film.

La présence du réalisateur Susumu Mitsunaka offre à ce long-métrage une vraie cohérence avec les quatre saisons, dont il a réalisé des dizaines d’épisodes. De plus, son talent n’est plus à prouver : il a participé à des films d’animation de grande envergure comme Le Garçon et le Héron d’Hayao Miyazaki et Les Enfants du temps de Makoto Shinkai.

Un film qui nous en met plein la vue

Comme le dirait Shôyô Hinata, quand il essaie tant bien que mal d’expliquer quelque chose, ce film fait « Woosh », « boom », « bam », « kaboom » avec des touches de « swooooosh » avant de faire « blam ! ». En effet, l’animation inspire toutes ces onomatopées tellement elle est géniale. Les bras s’étirent pour smasher, le ballon se déforme au contact du sol, un saut donne l’impression que les jambes d’Hinata écrasent le sol avant de s’envoler. Toute l’animation est portée vers un seul but : donner du mouvement et rendre hommage au dynamisme du volleyball. Et les séquences de jeu sont rendues avec une fluidité et une précision remarquables.

©Sony Pictures Releasing France, Project H. Furudate / Shueisha

Production I.G., le studio derrière le film et l’anime, s’est réellement donné à fond pour nous offrir une expérience visuelle immersive. On pense à une séquence à la première personne qui nous met habilement dans la peau de Kenma, mais aussi au dynamisme des différentes stratégies, au déplacement des joueurs sur le terrain.

Ils ne se sont pas laissés tenter par la facilité, et le résultat final est bluffant. La production alterne entre plans larges, rapprochés, mais aussi un montage rapide qui nous laisse néanmoins admirer toute l’action. En clair, quand le générique de fin apparaît, on n’a qu’une seule envie : nous rendre sur un court de volley.

Un film immature ? Pas si vite

Certains diront que le film est pour les adolescents. On peut le comprendre. Après quatre ans d’attente et un délai de dix ans depuis la diffusion du premier épisode, le public a grandi, contrairement à Haikyû !!. Le long-métrage est fidèle à lui-même, naïf et parfois immature. Mais c’est ça, la force de La Guerre des poubelles. Il aborde des thèmes de rivalité, d’amitié, de compétition, de dépassement de soi, sans les entacher avec trop de complexité et en s’efforçant à nous mettre un sourire aux lèvres.

©Sony Pictures Releasing France, Project H. Furudate / Shueisha

On se réjouit de l’esprit de compétition inébranlable d’Hinata, de la compassion grandissante de Kageyama, de cette nouvelle envie de s’investir de Tsukishima. En somme, le show assume totalement son histoire : des lycéens, passionnés par un sport, qui veulent aller le plus loin possible dans un tournoi.

Ce film est une bouffée d’air frais qui remet le jeu au centre du sport. Haikyû !! évite de rentrer dans la gravité de la compétition et montre le fun, le fair-play, la stratégie, et tout le plaisir qui en découle, que ce soit dans la victoire ou dans la défaite. Un deuxième volet est prévu pour compléter le manga, et on a déjà hâte.

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