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Innovation : un processeur d’un nouveau genre à base de miel

12 avril 2022
Par Johanna Godet
Le miel, futur composant pour l'informatique neuromorphique
Le miel, futur composant pour l'informatique neuromorphique ©geralt

Les propriétés et bienfaits du miel sont multiples. Demain, il pourrait aussi aider à la conception de puces électroniques à la fois plus intelligentes et plus respectueuses de l’environnement.

L’informatique actuelle pose une double problématique. Non seulement la puissance de calcul ne peut être décuplée significativement sans passer par des hypercalculateurs énergivores, mais en plus les composants utilisés à la construction de ces machines sont gourmands en ressources naturelles, polluants et compliqués à recycler.

Des chercheurs de l’Université d’État de Washington ont donc tenté de répondre à ces deux enjeux. Au fil des études qu’ils ont menés, ils sont parvenus à la conclusion que le miel pouvait être un atout de taille pour l’avenir de l’informatique neuromorphique.

Ce terme est utilisé en référence au système neuronal humain. Les ordinateurs traditionnels sont capables de traiter des données plus vite que l’Homme. Toutefois, à ce jour, ils ne peuvent pas aller aussi loin en termes de raisonnement et de créativité. L’informatique neuromorphique tente donc de se rapprocher un peu plus des facultés cognitives humaines.

Le miel pour rassembler les composants

Au cours de leurs recherches, ces experts se sont aperçus que le miel pourrait être assimilé aux synapses de notre cerveau, lesquelles assurent le lien entre les neurones et l’influx nerveux, permettant à l’information de circuler. Une fois solidifié, le miel permettrait d’associer ce que les scientifiques appellent les memristors, des composants qui stockent des données en mémoire et les traitent, d’une manière similaire à nos neurones.

Le miel permettrait de faire circuler l'information à la vitesse du cerveau humain
Le miel permettrait de faire circuler l’information à la vitesse du cerveau humain©Pollydot

Les scientifiques doivent encore travailler sur la taille de cette technologie de puces d’un nouveau genre, l’objectif étant d’atteindre environ 1/1000ème de cheveu humain, soit une échelle nanométrique et non plus microscopique. Les memristors seraient ensuite regroupés par millions voire par milliards à l’aide du miel pour former un système neuromorphique complet.

Une vitesse de traitement décuplée et une technologie biodégradable

Les premiers tests réalisés par l’équipe de chercheurs ont permis de constater que ces dispositifs pouvaient s’allumer et s’éteindre à une vitesse comprise entre 100 et 500 nanosecondes, similaire à celle du cerveau humain.

Selon Feng Zhao, co-auteur de l’étude, le véritable avantage serait que « le miel ne se gâte pas. Il a une très faible concentration d’humidité, de sorte que les bactéries ne peuvent pas y survivre. Cela signifie que ces puces informatiques seront très stables et fiables pendant très longtemps ». Et d’ajouter : « Lorsque nous voulons nous débarrasser d’appareils utilisant des puces informatiques faites de miel, nous pouvons facilement les dissoudre dans l’eau ». Une technologie propre donc, biodégradable et renouvelable.

Encore à l’état de recherche, ces nouvelles conceptions de puces ne devraient pas arriver sur le marché rapidement mais laisse présager un bel avenir pour l’informatique neuromorphique dans le plus grand respect de la planète.

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Article rédigé par
Johanna Godet
Johanna Godet
Journaliste