La ministre des Armées a présenté cette initiative lors du Forum Innovation Défense, dédié aux nouvelles technologies militaires.
Florence Parly a affirmé que l’eSport avait « un potentiel d’attractivité et de rayonnement considérable » et pourrait « susciter des projets de recherche, en particulier dans le domaine cognitif et celui de la formation. »
Un projet « en phase de structuration »
L’initiative du ministère des armées, baptisée LNX, a été créée en association avec l’AID (Agence de l’Innovation de Défense), les Jeunes IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale) et le club montpelliérain MTP Esport. Le site officiel de LNX ne comprend pour le moment qu’une adresse mail, le projet étant toujours « en phase de structuration » selon le directeur de l’AID Emmanuel Chiva, qui précise que ça devrait se concrétiser dans les mois à venir.
Si l’ambition d’utiliser le jeu vidéo pour recruter des jeunes n’est pas clairement affichée, Florence Parly explique tout de même dans son allocution que « nos militaires sont jeunes, Fifa et Battlefield font souvent partie de leur environnement quotidien » et que « demain, piloter un char de combat comme le Griffon, ce ne sera pas si différent que de s’orienter dans un jeu vidéo à l’aide d’un joystick. » LNX aura aussi sa propre chaîne Twitch, mais ne diffusera pas que des jeux militaires. Participer à des compétitions internationales est également présenté comme une possibilité : « Et pourquoi pas, un jour, doter le ministère des Armées d’une équipe de cyber-athlètes, tout comme d’autres Nations l’ont déjà fait. »
Des initiatives similaires dans d’autres pays
À l’étranger, les États-Unis sont particulièrement connus pour avoir allié recrutement militaire et jeux vidéo. L’armée américaine a une équipe d’eSport professionnelle et organise même des tournois entre les différentes bases américaines établies dans le monde. Un jeu vidéo en ligne gratuit financé par le Pentagone, « America’s Army », existe depuis 2002 et fermera ses serveurs en mai 2022. Créé entre les attentats du 11 septembre et la guerre en Irak, le jeu a souvent été critiqué pour avoir été un outil de propagande militaire auprès des enfants.
En Europe, où une grande partie des pays n’a plus de service militaire obligatoire, plusieurs armées utilisent les jeux vidéo pour que des jeunes s’intéressent à eux. L’armée allemande avait par exemple un stand à la Gamescom de Cologne pour faire essayer un simulateur de vol et repérer de possibles recrues pour leur « cyber force ». Les armées néerlandaise et britannique ont chacune une équipe d’eSport, pas forcément pour obtenir de bons résultats en compétition, mais pour trouver de potentiels talents.
Outre l’inquiétude face à une manipulation des jeunes par le jeu vidéo, utiliser l’eSport pour le recrutement militaire pourrait renforcer son côté hyper-masculin. L’armée française, l’une des plus féminisées au monde, ne compte que 15,5% de femmes. Et, selon l’association Women in Games, la scène compétitive eSport française ne compte que 6% de joueuses.