Traditionnellement encombrantes en raison de leur grand format, les bandes dessinées se déclinent depuis quelques années en version poche : le format idéal pour les glisser dans une valise ou un tote bag, et les lire dans les transports, au bord de la piscine ou sur la plage. Classiques ou nouveautés, le choix ne manque pas !
Casterman avait lancé le mouvement en 2018, suivi par Futuropolis, Urban Comics, Dargaud, Glénat… Même les maisons d’édition indépendantes comme Sarbacane ou Çà et Là ont misé sur ce phénomène ! Il faut dire que la BD de poche a tout pour séduire : un format facilement transportable, un prix attractif – autour de 10 € en moyenne –, et un contenu de qualité. Elle s’impose aujourd’hui comme un sérieux rival de la littérature estivale, d’autant que les éditeurs nous gâtent chaque année. La preuve avec notre sélection.
| Un fauve d’or : La couleur des choses de Martin Panchaud
Pour fêter leurs 20 ans, les éditions Çà et Là présentent en format réduit leur best-seller déjà écoulé à plus de 50 000 exemplaires : La couleur des choses. Cette œuvre singulière de Martin Panchaud a reçu le Fauve d’or 2023, récompense suprême du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Le jury saluait alors l’audace visuelle de l’auteur suisse, qui apprivoise ici sa dyslexie : absence de dessins traditionnels, décors évoquant les cartes de Google Maps, personnages réduits à de simples ronds colorés.
Malgré cette épure graphique, au premier abord déroutante, Martin Panchaud parvient à nous embarquer dans son histoire, celle d’un ado obèse particulièrement attachant qui vient de gagner le gros lot aux courses de chevaux, mais qui va devoir rivaliser d’astuces pour récupérer son gain. Un ovni à (re)découvrir d’urgence !
| Un thriller psychologique : Le patient, de Timothé Le Boucher
Après Ces jours qui disparaissent, publié en poche en 2024, Glénat propose cette année un autre joyau queer de Timothé Le Boucher : Le patient. Ce thriller psychologique haletant explore plusieurs des thèmes de prédilection de l’auteur : le rapport à l’autre, la notion du temps, l’identité et la mémoire.
Devenu jeune adulte à 21 ans, Pierre Grimaud, unique survivant du « massacre de la rue des Corneilles », se réveille d’un coma de six ans, paralysé et atteint d’amnésie partielle. Il est alors pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée en victimologie, qui va tenter de l’aider à percer le mystère de cet « homme en noir » qui hante ses rêves… Un récit fantastique merveilleusement ancré dans le réel.
| Un manga à Paris : Les chats du Louvre, de Taiyô Matsumoto
Pour célébrer les 20 ans de la coédition Futuropolis/Musée du Louvre, les mythiques Chats du Louvre de Taiyô Matsumoto reviennent en couleur et, pour la première fois, en version manga : un petit format souple. Initialement paru en diptyque en 2017, ce conte merveilleux marque la rencontre entre Taiyô Matsumoto, l’un des plus célèbres mangakas actuels (aujourd’hui âgé de 57 ans), et Isabelle Merlet, l’une des grandes coloristes françaises.
Ce duo fantastique invite le lecteur à pénétrer dans le plus grand musée du monde, à la découverte de ses véritables habitants hauts en couleur, qui veillent depuis toujours sur le lieu et ses œuvres : des chats étonnants, capables de changer d’apparence une fois la nuit tombée. Un beau métissage entre cultures française et japonaise.
| Dépaysement garanti : L’Alcazar, de Simon Lamouret
Cette année, les éditions Sarbacane proposent en poche deux ouvrages remarquables : Seuls sont les indomptés de Max de Radiguès et Hugo Piette, et surtout L’Alcazar de Simon Lamouret. Ce récit choral et dépaysant nous plonge au cœur de la société indienne, explorant de manière finement documentée ses hiérarchies et ses fragmentations les plus intimes.
L’action se déroule sur le chantier d’un immeuble en construction, où cohabitent une dizaine de personnages issus d’horizons opposés : un riche promoteur, un ingénieur inexpérimenté, un contremaître intransigeant, des carreleurs hindous, des manœuvres venus des provinces… Un véritable microcosme qui reflète avec justesse la complexité de la société indienne contemporaine, magnifiquement mise en images par l’auteur, non sans une touche d’humour !
| Un récit océanique : Terre-Neuvas, de Christophe Chabouté
Après Moby Dick en 2024, Vents d’Ouest publie cette année en poche un nouveau roman graphique dédié aux océans signé Christophe Chabouté : Terre-Neuvas. Dans ce thriller humaniste, l’artiste rend un vibrant hommage aux milliers de pêcheurs de morues qui, au début du XXe siècle, s’aventuraient dans les mers froides et dangereuses, en direction de Terre-Neuve.
Grâce à son trait flamboyant et plein de vie, l’auteur immerge le lecteur dans leur quotidien, bouleversé par un crime : l’assassinat du second, retrouvé dans sa couchette, un couteau planté dans le dos. Un polar glacial !
