
Judeline est vite devenue une chanteuse à suivre. Repérée par le label Interscope, l’Espagnole a changé de dimension en sortant son premier album Bodhiria à la fin 2024. Célébrée, elle sillonne le monde depuis cette sortie, marquant de son aura et de sa musique les villes qui l’accueillent. Sa prochaine grand-messe française se déroulera à We Love Green (Paris).
Dans un élan quasi prophétique, lors de l’ultime chanson de son disque, Es dios bueno o sólo es poderoso, Judeline avouait fièrement : « Je voulais être là où la lumière était la plus brillante, et c’est là que je suis restée. » Sous le feu des projecteurs depuis que son premier album ne lui appartient plus, la jeune chanteuse savoure aujourd’hui ce succès qu’elle s’est donné les moyens d’aller chercher. Faisant l’unanimité auprès d’une presse spécialisée vantant la qualité de ses créations, et validée publiquement sur les réseaux par Rosalía et Bad Bunny, Lara Fernández Castrelo, de son vrai nom, est en train de devenir la pop-star qu’elle rêvait d’être, à 22 ans.
Originaire de la Costa de la Luz à l’extrême sud de l’Andalousie, Judeline a grandi à Los Caños de Meca, un minuscule village peuplé uniquement de 200 âmes. Dernière d’une fratrie où les âges s’étalent, la cadette est souvent seule. Loin des enfants de sa génération, par parade, cette pure kid d’Internet se connecte au monde ainsi qu’aux sons qui la font vibrer. De l’autre côté des Pyrénées, elle se passionne pour la trap française et ses spécificités, cristallisée par des artistes comme PNL, Laylow ou La Fève. La gamine n’oublie pas ses racines pour autant. Vu la proximité géographique de son foyer avec le Maroc, la culture locale est infusée d’éléments orientaux. Cette influence se ressent jusque dans le flamenco, genre pivot de ses inspirations. À cela, il faut ajouter l’importance de son père, guitariste. Amateur dans sa pratique, il accompagne sa fille durant son éveil musical en lui enseignant les rudiments de la composition. Passionné, il lui transmet ce feu qu’elle s’empresse de nourrir avec ses premières chansons.
Détermination maximum
Génération SoundCloud, Judeline fait tout, toute seule, jusqu’à ce que le confinement redistribue les cartes du jeu. À PaperMag, elle raconte : « Le beatmaker Alizzz, qui travaillait avec le rappeur C. Tangana et d’autres artistes espagnols, a organisé un concours. Il invitait ses followers à créer une chanson sur son instru’. J’ai gagné et il a sorti mon morceau. Grâce à ça, j’ai pu rencontrer de nouveaux compositeurs madrilènes sur les réseaux sociaux. » Désormais en contact avec des musiciens louant son potentiel, l’adolescente décide de tenter sa chance dans la tentaculaire capitale espagnole.
Sur place, à 17 piges, elle intègre les cercles artistiques et se constitue une équipe solide. Fidèles parmi les fidèles, les producteurs Tuiste et Mayo sont présents depuis le premier EP, De la luz (2022). Tout comme les membres du collectif d’avant-pop Rusia-IDK, Rusowsky, Ralphie Choo et DRUMMIE, une bande de freaks, très peu attachés à la notion de genre. Dance underground, flamenco, folklore latino-américain, hip-hop, R&B et tout ce qui en suit.

Entourée de la sorte, Judeline s’attaque à l’étape symbolique du premier album. Dès 2023, elle se lance dans sa confection, juste après que le célèbre label Interscope lui a proposé de rejoindre ses rangs. Entre Madrid et Los Angeles, des sessions studio avec Rob Bisel, compositeur attitré de SZA et Kendrick Lamar ou les premières parties de J Balvin, avec qui elle s’envole en tournée, sa vie s’accélère. Elle atteint un point culminant en octobre 2024, date à laquelle elle dévoile Bodhiria, un premier disque annoncé par un panneau d’affichage à Times Square, offert par Spotify. Sur les 12 pistes, l’artiste tisse un fil rouge entre les traditions de son village et la modernité des productions digitales.
Au gré des chansons, elle imagine une combinaison de chants flamenco et de mélodies folkloriques espagnoles et arabes. Habile mélange entre une hyperpop élégante et des fulgurances électroniques plus expérimentales, cet album dissèque également les lubies de sa créatrice. Pour PAPER, elle les résumait ainsi : « Bodhiria raconte l’histoire d’une fille qui est coincée dans les limbes, dans le néant, et qui ne peut avoir de connexion qu’avec l’homme qu’elle aime et avec Dieu. La partie religieuse et l’amour sont les deux éléments les plus importants. »

En ce moment, Judeline défend son disque sur scène. Après une session remarquée chez COLORS (BRUJERÍA !), ses deux récompenses aux Music Moves Europe Awards et son passage à Coachella où elle était la seule à représenter son pays, la jeune star sera à We Love Green (Paris) le 8 juin. En parallèle, elle n’oublie pas pour autant de sortir de la musique inédite. Avec TÚ ET MOI, single audacieux ponctué de couplets chantés en français, elle étoffe encore sa palette en s’essayant, en duo avec l’artiste brésilienne MC Morena, au funk carioca. Cette direction nouvelle dans sa carrière promet déjà de radieux lendemains.