Plongée burlesque au cœur de la diplomatie française, Sous contrôle revient ce soir sur Arte. Diffusée une première fois en 2023, cette minisérie satirique mêle absurdité et lucidité politique avec un humour redoutablement efficace.
Créée en 2023 et récompensée au festival Series Mania, Sous contrôle est rediffusée ce jeudi 22 mai sur Arte. Cette minisérie en six épisodes de 30 minutes, réalisée par Erwan Le Duc et écrite par Charly Delwart, mêle satire politique et comédie absurde dans les coulisses du Quai d’Orsay. À l’heure où les fictions politiques françaises s’émancipent des carcans traditionnels, cette production portée par Léa Drucker offre un regard drôle, acerbe et inattendu sur l’exercice du pouvoir.
Une ministre par accident
Tout commence par un appel improbable : alors qu’elle sort d’une interview, Marie Tessier, médecin humanitaire à la tête d’une ONG, est nommée d’office ministre des Affaires étrangères par le président de la République. La crise est déjà là : des citoyens européens viennent d’être enlevés au Sahel.
Sans préparation, sans costume ni conseillers loyaux, elle doit plonger dans les rouages d’une diplomatie qu’elle découvre en marchant. Face à elle, le Président (interprété par Laurent Stocker), un technocrate zen adepte des évaluations sur smartphone, et un directeur de cabinet bien rodé (Samir Guesmi) tenteront tant bien que mal de cadrer l’enthousiasme chaotique de leur nouvelle ministre.
Une mécanique burlesque et réaliste
Dès ses premières minutes, Sous contrôle donne le ton. « Embarquement immédiat pour un voyage en absurdie », décrit Télé-Loisirs, saluant un « télescopage entre les encombrements du quotidien et la complexité des dossiers » diplomatiques. Dans un enchaînement de réunions absurdes, de maladresses protocolaires et de gestion de crise improvisée, Marie Tessier devient une figure comique et tragique à la fois.
L’humour, jamais gratuit, est imprégné de réel. Charly Delwart revendique une filiation directe avec In the Loop ou The Thick of It, mais aussi avec les témoignages de diplomates qu’il a rencontrés. « Ce n’est pas injecter de l’absurde, mais digérer le réel », explique-t-il à Télérama, qui attribue à la série 4 étoiles sur 5.
Dans la série, les preneurs d’otages surnomment leurs captifs Macron ou Berlusconi et réclament des notes sur leurs conditions de détention. « Parfois, la réalité est bien plus étonnante que la fiction », souligne le scénariste.
Une performance remarquée
Le jeu de Léa Drucker est unanimement salué. Le Monde la compare aux héroïnes de Veep ou de La Diplomate, notant qu’elle incarne une ministre « sadisée par sa fille adolescente, les familles des otages et les réseaux sociaux ». La critique pointe aussi les limites du programme, notamment dans le traitement volontairement flou des ravisseurs, mais salue son regard sur « l’hypocrisie qui consiste à payer des ravisseurs sans jamais l’assumer publiquement ».
