Entretien

Pokémon : de la collection de cartes aux Championnats du monde, rencontre avec le passionné Allan Dubreuil

02 avril 2025
Adhérent
Article réservé aux adhérents Fnac
Pokémon : de la collection de cartes aux Championnats du monde, rencontre avec le passionné Allan Dubreuil
©Le Panthéon

Gérant d’une boutique de jeux de cartes à Alès (Gard), le jeune homme n’est pas seulement de très bon conseil pour quiconque souhaite étoffer sa collection, mais aussi un redoutable compétiteur classé 94e aux derniers Championnats du monde Pokémon. De l’ambiance de telles compétitions au succès éternel de la licence, il décrypte avec nous la folie Pokémon.

Comment est née cette passion pour l’univers Pokémon ?

Elle est née en même temps que moi, puisque je suis de 1996, soit la même année que le lancement de Pokémon. J’ai donc grandi avec. Pour ce qui est des cartes à jouer, j’ai plutôt commencé avec Yu-Gi-Oh! et, de fil en aiguille, cette passion pour le jeu m’a suivi tout au long de ma vie. Ouvrir une boutique spécialisée n’était pas forcément une suite logique, mais cette passion a fait qu’aujourd’hui, on en est là.

À partir de
90,06€
En stock vendeur partenaire
Voir sur Fnac.com

En plus d’être un passionné, vous êtes effectivement gérant du Panthéon, une boutique spécialisée située dans le centre-ville d’Alès (Gard). Comment en vient-on à créer une boutique de cartes ?

J’étais sous contrat de sponsoring très jeune et j’ai donc accumulé beaucoup de cartes, notamment en lots de tournois suite à de bons résultats. Avec autant de cartes à disposition, j’ai commencé à en vendre dès l’âge de 15 ans. Mine de rien, cela a commencé à faire beaucoup d’argent et je me suis très vite dit qu’il devait y avoir un monde où l’on pouvait en faire une société. J’ai donc voulu monter une boîte à 18 ans. L’un des plus gros défis a été d’expliquer à ma mère que je voulais arrêter mon BTS pour ouvrir une boutique de cartes Pokémon. Après quelques galères d’ordre juridique, j’ai finalement ouvert ce fameux commerce à 22 ans.

À quoi doit-on s’attendre en entrant dans le Panthéon ?

À beaucoup de cartes ! On en a 3 200 000 actuellement en stock. Concrètement, le Panthéon est un espace de jeu : les gens viennent, nous disent qu’ils veulent essayer un jeu. Ici, on a tout ce qu’il faut en termes de “cartabilités”, d’accessoires (protège-cartes, box…) pour se mettre à la compétition à 100 %.

Outre Pokémon, la boutique Le Panthéon met aussi en avant d’autres licences telles que Yu-Gi-Oh!, Final Fantasy ou Lorcana.©Alexandre Manceau/L'Éclaireur Fnac

Avant d’être collectionneur et même gérant de boutique, je suis avant tout un joueur, je sais ce que les joueurs veulent et ne veulent pas. Si un joueur entre dans la boutique et me dit “je veux jouer avec ça ou ça”, nous sommes capables de lui monter le deck complet et prêt à jouer pour un tournoi, ce qui n’est possible nulle part ailleurs en France.

En quelques mots, comment se déroule une partie de cartes Pokémon ?

C’est un peu comme dans les jeux vidéo : notre Pokémon se bat avec un Pokémon adverse, et cinq Pokémon dans notre sac à dos. Le but est donc de mettre K.-O. l’adversaire et de récupérer ce que l’on appelle des cartes-récompenses, qui sont au total de six. Une fois ces cartes récupérées, soit une pour chaque Pokémon vaincu, on gagne la partie.

Comment en vient-on à participer à des tournois Pokémon ?

Pour participer à des tournois, il faut d’abord commencer dans des boutiques locales où vont être organisées divers tournois. Il existe deux tournois au format local : les League Challenge avec une quinzaine de joueurs où l’on peut gagner 15 points pour les Championnats du monde, et les League Cup, qui sont des tournois trimestriels avec une vocation plus compétitive, car il y a 50 points à gagner, mais avec entre 30 et 40 participants. Pour participer aux Championnats du monde, il faut 500 points, ce qui veut donc dire une participation intense et régulière aux différents tournois Cup et Challenge.

À partir de
49,90€
En stock vendeur partenaire
Voir sur Fnac.com

Viennent ensuite les tournois régionaux, où l’on retrouve près de 3 000 personnes. Le niveau est forcément très élevé, mais ça rapporte beaucoup de points et même de l’argent. En fonction de ses résultats et de son classement sur la saison, un joueur peut alors débloquer ce qu’on appelle des Travel Awards, une sorte de bourse pouvant aller jusqu’à 5 000 € pour partir à l’étranger et participer à des tournois.

Il existe aussi les tournois inter-continentaux, comme celui qui s’est récemment déroulé à Londres, où nous étions 4 300 joueurs. Les récompenses sont énormes : 25 000 € et un trophée pour le vainqueur.

Quelle est, à ce jour, votre meilleure performance en compétition ?

La saison dernière était la première où je me suis dit : “Allez, j’y vais à fond, on veut aller chercher les points pour les Championnats du monde.” Pour le coup, j’ai réussi grâce à de grosses performances, notamment sur le Jour 1 à Lille en Régional [Un tournoi se déroule sur deux jours et il faut accumuler le plus de points possibles le Jour 1 pour se qualifier au Jour 2, ndlr], où j’ai terminé avec huit victoires, une égalité et zéro défaite, ce qui m’a permis de me qualifier en première position. Les Championnats du monde sont également un bon souvenir, puisque j’ai tout de même terminé 94e parmi les meilleurs joueurs de la planète. Aux Worlds, on a tout de même affaire à la crème de la crème, qui plus est dans un cadre exceptionnel puisque la dernière édition avait lieu à Hawaï.

Allan Dubreuil en pleine compétition Pokémon.©Allan Dubreuil

L’atmosphère au sein de compétitions Pokémon est-elle comparable à celle d’autres sports ?

Ce qui est bien avec Pokémon, c’est qu’il s’agit d’un milieu moins “try-hard” que pour d’autres licences : il y a évidemment cet esprit de compétition, mais ça reste bon enfant, avec moins de mauvais joueurs et de toxicité. On a souvent tendance à penser que l’univers Pokémon et des jeux de cartes est essentiellement masculin, mais, sans aucun doute, il y a plus de femmes que d’hommes. Nous étions il y a quelques semaines au Championnat d’Europe intercontinental et nous avons pu constater qu’il y avait vraiment beaucoup de femmes, notamment dans les “top tables” parmi les meilleures au monde. Ce qui est appréciable également, c’est que la compétition est pensée pour toutes les tranches d’âge, et donc accessible aux enfants (6-12 ans ; 12-17 ans et la catégorie adultes).

Ces dernières semaines, des vidéos montrant des rayons de cartes Pokémon dévalisés en quelques secondes ont fait le buzz. Pour beaucoup, il peut s’agir de ce qu’on appelle des “scalpeurs”, qui revendent ces mêmes cartes plus cher sur Internet. En tant que passionné et collectionneur, comment réagissez-vous à ce genre de pratiques ?

Je dirais que ça a des avantages, notamment d’un point de vue commercial, mais aussi des inconvénients. Le vrai problème réside dans le fait que l’on ne peut pas commander correctement. Pour répondre à la demande, certaines boutiques commandent en plus grande quantité que d’habitude, au détriment de plus petites boutiques spécialisées. Dans notre cas, on dispose de très grosses quantités et les fournisseurs ne peuvent pas se permettre de baisser l’approvisionnement, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Si on passe de 80 coffrets à 30, c’est une perte de chiffre d’affaires énorme. C’est pour cela que, si un produit est vendu à 40 €, mais que l’on constate qu’il est revendu à 80 par la suite, on applique un entre-deux, mais avec un système de cashback. Les gens payent un peu plus, mais le cashback fait office de carte de fidélité. À titre personnel, je n’ai pas de problème avec les “scalpeurs”, les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent, même si ce n’est pas une pratique que je cautionne.

À partir de
22,90€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Il existe donc une véritable hype autour de Pokémon, dans les vidéos, dans les chiffres de vente des derniers jeux vidéo, avec les nombreux projets qui suscitent déjà une grande impatience… Comment expliquez-vous ce succès qui semble sans fin ?

Selon moi, le facteur nostalgie est pour beaucoup dans ce succès continu. Mais il faut aussi reconnaître que The Pokémon Company est très forte en termes de communication. On approche tout doucement des 30 ans de la licence et c’est justement cette phase de “préparation” qui fait monter la hype, tout comme cela avait été le cas à l’approche des 25 ans.

Ces derniers mois, Pokémon TCG Pocket est arrivé, relançant la hype de l’ouverture des boosters. Après avoir testé la version mobile, les gens viennent en magasin pour se procurer des boosters et avoir le plaisir de les ouvrir, cette fois physiquement. Idem pour l’annonce du titre multijoueur Pokémon Champions lors du récent Pokémon Day qui, selon moi, viendra remplacer à terme les VGC (Video Game Championships). Le titre sera en effet accessible sur Switch, mais aussi sur mobiles, et sera également compatible avec Pokémon Home et Pokémon Go. L’idée semble d’ouvrir la compétition au plus grand nombre.

À lire aussi

Retrouvez tous les articles Contact dans votre espace adhérent
Tout ce qui fait l'originalité de la Fnac et surtout, tout ce qui fait votre originalité.
Espace adhérent