Critique

Lazarus : la série animée la plus attendue de l’année est-elle à la hauteur ?

05 avril 2025
Par Samuel Leveque
“Lazarus”, le 5 avril sur Max.
“Lazarus”, le 5 avril sur Max. ©Max/Adult Swim

Réalisateur de Cowboy Bebop et de Carole and Tuesday, Shin’ichirō Watanabe est enfin de retour avec une série de science-fiction bourrée d’adrénaline.

Peu de réalisateurs ont un palmarès aussi impressionnant que celui de Shin’ichirō Watanabe. Depuis ses débuts dans l’animation japonaise à la fin des années 1980, ce dernier a signé un nombre conséquent de classiques du genre : Macross Plus, Samurai Champloo, Kids on the Slope, Terror in Resonance, Space Dandy… Mais surtout la série puis le film Cowboy Bebop, souvent considérés comme des monuments de la science-fiction contemporaine. Plus de six ans après sa dernière œuvre et après avoir majoritairement travaillé comme producteur (notamment sur Blade Runner: Black Lotus), on le retrouve à la réalisation d’un projet extrêmement ambitieux : Lazarus.

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Un retour à la réalisation et à la SF pure et dure

Le dernier anime que Watanabe avait piloté de A à Z était la charmante série musicale Carole and Tuesday en 2019, qui avait, comme Lazarus, un postulat de départ futuriste. Mais la série s’intéressait avant tout à la carrière musicale de deux jeunes filles en train de faire leur ascension dans le monde de la pop sur la planète Mars. L’aspect SF était plutôt en retrait, au profit d’un focus sur la musique, l’autre marotte du réalisateur, passionné de rock et de jazz, et ayant par ailleurs officié comme directeur musical sur de nombreuses œuvres.

©Max/Adult Swim

C’est d’ailleurs cette capacité à mélanger une production sonore extrêmement aboutie et érudite et une collaboration avec des pointures de l’industrie musicale qui a toujours fait la « patte » du réalisateur. De même que son habileté à mettre en adéquation musique et scènes d’actions de manière toujours fine, surprenante et millimétrée.

Même dans ses projets les plus légers tournés vers la comédie pure et dure comme Space Dandy ou ses séries les plus intimistes comme Kids on the Slope, la synergie entre image et musique est toujours poussée dans ses derniers retranchements.

Lazarus signe le retour de Watanabe à la SF d’action pure et dure.©Max/Adult Swim

Avec Lazarus, Watanabe opère cependant un retour aux fondamentaux qui ont fait sa gloire : une frénésie d’action, de références aux standards du jazz et de la soul des années 1960 et 1970, et un pitch qui promet une bonne dose de paranoïa et de dystopie. Jugez plutôt : dans un futur proche, un médicament largement répandu dans la population se révèle être un poison mortel.

Son inventeur donne 30 jours à l’ensemble de l’humanité pour les retrouver, lui et l’antidote. L’unité Lazarus, cinq agents spéciaux triés sur le volet, entame donc une chasse à l’homme frénétique et brutale autour de la Planète pour retrouver le malfaiteur. Une ambiance résolument pulp, donc, qui emprunte largement à l’esthétique des classiques du cinéma d’action.

Un casting à la hauteur des attentes

Il est amusant de noter que Lazarus reprend une bonne partie des obsessions classiques de Watanabe : l’habillage du générique très similaire à Cowboy Bebop, la bande-son mélangeant allègrement cuivres déchaînés et nappes de musique électro (notamment grâce aux envolées du saxophoniste Kamasi Washington et aux productions plus planantes de Bonobo et Floating Points), et une certaine obsession pour les énigmes et les complots à base d’attentats et de virus.

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Le générique reprend sans aucune ambiguïté l’esthétique et la patte graphique de Cowboy Bebop.

Il y a presque 30 ans, un épisode de Cowboy Bebop reprenait déjà une idée similaire, et, en 2011, Terror in Resonance mettait en scène deux adolescents terroristes décidant de créer un immense jeu de pistes pour mettre toutes les polices du monde à leurs trousses.

Cependant, sur la base des cinq premiers épisodes que nous avons pu découvrir, le résultat de la production assurée par le studio MAPPA (L’attaque des titans, Chainsaw Man…) est assez différent : il s’agit à proprement parler de la première série du réalisateur effectuée pour le compte d’une plateforme étrangère et avant tout à destination d’un public international.

©Max/Adult Swim

La série est diffusée à compter du 5 avril dans le monde entier sur Adult Swim et sur Max en France, sous la direction de producteurs américains. Elle bénéficie à ce titre d’un casting international et d’un soin particulier pour ses doublages anglais comme japonais. De plus, elle possède un point fort incontestable : sa direction artistique et son sens de l’action à tout rompre.

Le design des personnages est assuré par la talentueuse dessinatrice Akemi Hayashi (à qui l’on doit, notamment, le chara design de Gunbuster et de Fruits Basket), l’univers graphique a été imaginé par le Français Stanislas Brunet, habitué de ce type de productions, et la direction de l’animation est pilotée par Mitsuhiro Sato, récemment remarqué pour son travail d’orfèvre sur Pluto pour Netflix.

Le réalisateur a récemment partagé quelques extraits de storyboard, attestant d’une série résolument tournée vers l’action.©Max/Adult Swim

Quant au scénario, mélangeant intrigue politique, anticipation et scènes de gunfights spectaculaires, il est coécrit par le brillant auteur Dai Satō (Resident Evil, Ghost in the Shell, Samurai Champloo…), un habitué de très longue date des collaborations avec Watanabe, pour qui il a signé quelques-uns des épisodes les plus remarquables de Cowboy Bebop.

Le résultat est pour le moment résolument ambitieux et bourré d’adrénaline et, de ce point de vue, les fans d’animation japonaise comme de SF des années 1980 vont se régaler. On assiste ici au retour de l’un des meilleurs réalisateurs du milieu, entouré d’un casting hors pair, sur ses thèmes de prédilection.

©Adult Swim/Max

L’anime n’est pas l’un des plus attendus de l’année pour rien (le site spécialisé My Anime List le place en seconde position des séries les plus anticipées du moment), dans une saison de printemps pourtant truffée de blockbusters de l’animation japonaise, comme Les carnets de l’apothicaire, Black Butler, Fire Force, ou encore Gundam.

Pour le moment, notre seule réserve se limite aux circonvolutions d’un scénario parfois un peu confus. Si la dynamique des personnages, le sens du timing, l’équilibre entre humour et action, et la représentation assez subtile faite de cette société dystopique sont bien présents, l’intrigue générale se perd parfois en fausses pistes un peu nébuleuses et en rebondissements un peu faciles. Rien qui ne vienne gâcher la fête, ceci dit : Watanabe est de retour et c’est un régal.

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