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Sabine Weiss, dernière représentante majeure de la photographie humaniste française, n’est plus

29 décembre 2021
Par Félix Tardieu
Sabine Weiss, Autoportrait, 1953
Sabine Weiss, Autoportrait, 1953 ©Sabine Weiss

La photographe suisse, naturalisée Française en 1995, est décédée à l’âge de 97 ans, laissant derrière elle une oeuvre immensément riche et exposée dans le monde entier.  

La photographe Sabine Weiss, née en 1924 près de la frontière franco-suisse, s’est éteinte à son domicile parisien le 28 décembre dernier, à l’âge de 97 ans. Après s’être formée au métier de photographe à Genève, Sabine Weiss part à la conquête de Paris au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, où elle devient rapidement l’assistante du photographe allemand Willy Maywald. Au début des années 1950, un certain Robert Doisneau l’invite à rejoindre l’agence Rapho, pour laquelle travaillent d’éminents photographes tels que Willy Ronis, Jean Dieuzaide, Janine Niepce ou encore Edouard Boubat. Weiss immortalise alors de grandes figures de l’époque telles qu’Yves Montand, Brigitte Bardot, Victor Vasarely, Niki de Saint-Phalle, Charlie Chaplin, André Breton, Giacometti, Miro ou Françoise Sagan – pour ne citer qu’eux. Sabine Weiss partage alors son temps entre des photographies de commande, notamment pour les magazines américains (Life, Time Magazine, Newsweek, etc) et le monde de la mode (Vogue), et des travaux plus personnels. Ses photographies en noir et blanc du quotidien des habitants du monde, de la nuit parisienne  dans les cafés, sur les faubourgs, ne rechignent pas à enregistrer la misère et la condition humaine. Figure de proue de la photographie d’après-guerre, Sabine Weiss est ainsi rattachée au courant de la photographie humaniste au même titre qu’un Robert Doisneau ou Henri Cartier-Bresson.

Sabine Weiss, Petite gitane aux Saintes-Maries-de la mer et manitas de plata, 1960 ©Sabine Weiss

Sabine Weiss, lauréate du Prix Women in Motion in 2020 de la photographie, se plaisait autant à photographier des célébrités qu’à capturer les visages des enfants errant dans les rues avec qui la photographe aimait jouer grâce à son appareil. Ces « images de morveux » peuplent abondamment son oeuvre. Sabine Weiss sera exposée plus de 150 fois à travers le monde, de sa première exposition personnelle à Chicago en 1954 jusqu’au Centre Pompidou en 2018, avant une ultime rétrospective aux dernières Rencontres photographiques d’Arles. En 2017, elle lèguera pas moins de 200 000 négatifs et 7 000 planches-contacts au musée Photo Elysée (Lausanne). « Il faut dire aux gens « photographiez, photographiez les gens, les choses autour de vous », Dites-le ! », insistait-elle auprès de l’AFP en 2020. Une exposition-hommage à la photographe prendra ses quartiers à Venise, à la Casa de Tre Oci, en mars prochain, sous un titre résumant bien l’essence de son travail photographique : Sabine Weiss. La poésie de l’instant.

Article rédigé par
Félix Tardieu
Félix Tardieu
Journaliste
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