
Le cinéaste américain David Lynch est décédé jeudi 16 janvier. Maître de l’étrange, il laisse derrière lui de nombreux films cultes, mais surtout une série qui, il y a 30 ans, a (re)défini les codes du genre.
Le « pape du bizarre » est mort. Ce jeudi 16 janvier, David Lynch a tiré sa révérence à 78 ans, laissant derrière lui un héritage qui a redéfini les frontières du cinéma et de la télévision. Réalisateur de chefs-d’œuvre hypnotiques comme Blue Velvet, Elephant Man ou Mulholland Drive, Lynch a exploré les recoins les plus sombres et les plus étranges de l’âme humaine.
Mais c’est avec Twin Peaks, sa série révolutionnaire diffusée en 1990 sur ABC, qu’il a véritablement bousculé les codes du petit écran. Transformant une simple enquête policière en un labyrinthe onirique, cette œuvre n’a pas seulement marqué son époque : elle a changé à jamais la façon de raconter des histoires à la télévision.
Une enquête dans l’Amérique profonde
À première vue, le pitch semble classique : le meurtre de Laura Palmer, une lycéenne aimée de tous, secoue la petite ville fictive de Twin Peaks, nichée dans les montagnes du nord-ouest des États-Unis. L’agent spécial du FBI Dale Cooper (interprété par Kyle MacLachlan) est envoyé sur place pour résoudre cette affaire. Mais sous la surface de cette enquête policière se cache une exploration profonde des ténèbres humaines, mêlant drame, fantastique et mystère.

Autour de Dale Cooper gravitent des personnages excentriques et inoubliables : la mystérieuse « Femme à la bûche », la troublante Audrey Horne (Sherilyn Fenn) ou encore le shérif Harry Truman (Michael Ontkean). David Lynch, fidèle à lui-même, se réserve également une apparition mémorable dans le rôle de Gordon Cole.
L’étrangeté comme signature
Dès ses premières minutes, Twin Peaks s’affirme comme un objet télévisuel non identifié. Les décors brumeux, les dialogues absurdes et la bande-son envoûtante d’Angelo Badalamenti plongent le spectateur dans une ambiance onirique et dérangeante. Les scènes dans la Black Lodge, où le temps et l’espace semblent se déformer, sont devenues des images iconiques de la série.
À une époque où la télévision était dominée par des sitcoms et des drames conventionnels, Twin Peaks a osé mélanger les genres. Elle a joué sur les apparences, explorant les failles et les secrets de ses personnages tout en instillant une dose de surréalisme.
Une révolution télévisuelle
À sa sortie, Twin Peaks connaît un succès important, saluée pour son audace, mais la deuxième saison peine à convaincre autant, n’atteignant pas – selon les critiques – le niveau d’excellence de la première. Pourtant, son influence est immense. Le show a ouvert la voie à des œuvres comme The X-Files, Lost ou encore True Detective, qui reprennent son format feuilletonnant et ses récits labyrinthiques. David Lynch a également étendu cet univers sur grand écran avec notamment Twin Peaks : Fire Walk With Me (1992), un préquel sombre et intense retraçant les derniers jours de Laura Palmer.

En repoussant les limites de la narration télévisuelle, Twin Peaks a élevé la série au rang d’art. Son esthétique visuelle, sa musique inoubliable et son approche audacieuse du mystère ont redéfini ce que la télévision pouvait offrir. Plus de 30 ans après sa première diffusion, elle continue d’être une référence incontournable, un chef-d’œuvre intemporel signé par un maître de l’étrange.
La série est disponible sur MyCanal et Prime Video.