Décryptage

Rétrospective de David Lynch : cinéaste et génie

15 juin 2017
Par Camille J.
Rétrospective de David Lynch : cinéaste et génie
©dr

Voir ou revoir un film de David Lynch, c’est comme essayer d’analyser un tableau de Mankiewicz. On arrive à capter l’essence de son oeuvre même si on n’en comprend pas toujours le sens…

lynch double

Twin Peaks saison 3, débarque en ce moment sur la télévision française, 25 ans après la fin de la 2ème partie de cette série atypique, qui colle parfaitement à son géniteur. L’occasion parfaite pour ressortir en salle (et en Blu-Ray remasterisé), l’œuvre de ce génie qu’est David Lynch, réalisateur souvent incompris, passionné et envoutant, à l’esprit torturé d’un Francis Bacon (par ailleurs son peintre préféré).

Un pari osé pour les aficionados de cet art, qui comme moi n’ont toujours pas réussi à résumer l’œuvre de ce génie introverti, à l’esprit complexe, qui ne parvient à s’exprimer sur cette toile de fond qu’en jetant tout ce qu’il lui passe par la tête – tel un Jackson Pollock qui jette sur sa toile des milliers d’idées et de formes que lui seul arrive à percevoir…

Si l’on était en psychanalyse, on pourrait dire que ce cher David a quelque chose à déclarer comme un trouble dissociatif de l’identité, thème récurrent de son œuvre.

twin peaksIl n’y a rien de plus sain qu’un fou qui s’exprime sur la folie

Une filmographie intrigante avec comme problèmatique épidémique l’échappatoire. Dans chacun de ses films, le ou les protagonistes sont emprisonnés par eux-même, ne pensent et ne vivent que pour une seule chose, et seule la mort ou la folie irréversible peut les délivrer de leur esprit.

Et si l’on regarde attentivement son œuvre, on peut apercevoir dans ses films une porte de sortie. Ce qui ne veut pas dire qu’il ou elle va s’en servir : mais elle nous est souvent adressée, nous, spectateurs. Il y a toujours une part de réalité, aussi obscure soit-elle, qui permet à un moment de se retrouver dans le film. À condition de savoir saisir cette petite ouverture… Et c’est généralement là que le film prend une nouvelle tournure. Monsieur Lynch n’allait quand même pas nous faciliter la lecture. Il serait impensable que l’on comprenne tout, tout de suite, et que l’on arrête de parler de son œuvre…

La filmographie en image

Retour en image sur l’une des filmographies les plus surréaliste, intéressante et certainement l’une des plus torturée du cinéma Hollywoodien.

EraserheadElephant Manduneblue velvetsailor et lula

Eraserhead (1977) : c’est l’histoire d’un homme qui, ancré dans son mutisme, va tenter d’en sortir en se focalisant sur la science des rêves.

Elephant Man (1980) : Joseph Merrick, surnommé « Elephant Man », la créature incomprise de ce freak show, la bête que l’on vient admirer par fascination et degoût jusqu’à en oublier que c’en est un homme…

Dune (1984) : c’est un projet que tous voulaient adapter, mais que personne d’autre que lui n’a osé matérialiser. Adapté du roman Le Cycle de Dune, ce fut un échec commercial sans appel, révélant pour la première fois au public un certain Kyle MacLachlan, devenu muse de David Lynch et qui va le suivre toute sa filmographie. Je vous conseille vivement le documentaire de Jodorowsky sur le sujet, qui nous en apprend plus sur la finalité de ce projet.

Blue Velvet (1986) : un fils est de retour dans sa ville natale après la mort de son père… Là il fait la découverte d’une oreille en décomposition. Avec Isabella Rosselini et Laura Dern, on peut dire que Monsieur Lynch sait s’entourer.

Sailor et Lula (1990) : Laura Dern est de retour, folle amoureuse de Nicolas Cage. Mais la mère de la jeune femme (véritable mère de l’actrice dans la vraie vie) n’approuve pas leur liaison, les obligeant à fuit dans un road movie bouleversant…

 twin peaksLost Highwayune histoire vraiemulholland driveInland Empire

Twin Peaks Fire Walk With Me (1992) : c’est le film préquel à la Série TV de 1990 et 1991, qui se termine sur la découverte du corps de Laura Palmer, prédit par l’agent Cooper, faisant écho à la scène d’ouverture de la série racontant les sept dernières jours de sa vie.

Lost Highway (1997) : quand Un Jour Sans Fin se met au service de Patricia Arquette dans sa quête de vérité. Un travelling non-stop sur l’autoroute de soi-même. Schizophrénie et dédoublement d’image et de version, pour un thriller noir, implacable devenu référence du cinéma d’aujourd’hui.

Une Histoire Vraie (1999) : un homme d’un certain âge décide d’aller voir son frère à l’autre bout du pays sur sa tondeuse à gazon…

Mulholland Drive (2001) : introspection au coeur même d’Hollywood et de ses travers, l’ascension de la gloire et la déchéance inévitable du boulevard pailleté à la réalité malsaine. Une révélation pour Naomi Watts, devenue star incontournable grâce à ce rôle dans ce petit bijou de la planète Lynch.

Inland Empire (2006) : mise en abyme avec la présence d’un film dans le film, procédé que David Lynch apprécie énormément, le film raconte l’histoire d’une actrice (Laura Dern encore une fois) reprenant le tournage d’un film arrêté pour des raisons mystérieuses…

L’énigme David Lynch

Vous l’aurez compris, David Lynch est une énigme : il y a beaucoup de questions posées pour finalement très peu de réponses. Une œuvre cinématographique expérimentale, comme une œuvre plastique, passion que l’on retrouve dans tous ses films, tant dans la mise en scène, que dans ses choix de couleurs, d’esthétisme… Une vision unique sur le monde qui nous entoure, et cette envie furieuse d’y échapper. Une chose est sûre c’est que l’on continuera d’en parler encore et encore, autant de fois nécessaire, l’on continuera de visionner son œuvre pour mieux la comprendre et l’apprécier. On vous recommande le visionnage du documentaire David Lynch – The Art Life pour pénétrer un peu plus dans l’univers ultra-original de David Lynch.

Mon cœur est déjà conquis par ce maestro contemporain qui manie aussi habillement le coup de maître que le coup de foudre.

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Article rédigé par
Camille J.
Camille J.
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