Décryptage

Dune, Fondation, Hyperion : les sagas de S-F adaptées à l’écran… Et celles qui devraient l’être

09 juillet 2024
Par Lucie
Dune, Fondation, Hyperion : les sagas de S-F adaptées à l’écran… Et celles qui devraient l’être

Avec la sortie en Blu-Ray et DVD de la deuxième partie de « Dune », signée par Denis Villeneuve, l’été risque d’être aride… et science-fictionnel ! Et la saga adaptée de Frank Herbert a remis sur le devant de la scène le portage à l’écran des classiques de la science-fiction. En attendant une troisième saison de « Fondation » (Asimov) et l’adaptation d’ »Hyperion » (Simmons), on fait le point sur les grandes œuvres livresques qui font ou feraient des séries cultes et des films notables.

Dune, en toute franchise

L’année prochaine, nous fêterons les soixante ans de la publication aux États-Unis de Dune, roman culte de Frank Herbert. Cette retranscription des luttes de l’aristocratie médiévale dans un futur lointain a depuis fait florès. Si l’auteur (et ses héritiers) a donné de nombreuses suites à ce premier roman, le cinéma et la télévision ont prolongé l’œuvre de différentes façons.

À partir de
24,90€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Un premier projet d’adaptation, avant même le succès de Star Wars, a d’abord été associé à Alejandro Jodorowsky, qui s’est entouré d’un aréopage de talents d’alors pour donner une lecture métaphysique et hallucinée du roman originel. Las, l’impossibilité de tourner le projet à obliger Jodo à se tourner vers la BD pour réaliser une saga S-F digne de ce nom (L’Incal, avec Moebius).

Échu à David Lynch, le portage à l’écran de Dune représente un relatif échec, qui n’est pas étonnant dans le contexte des années 1980, puisque des œuvres comme Flash Gordon ou même Blade Runner, n’ont pas forcément rencontré leur public. Notamment si on les compare au succès de Star Wars, alpha et oméga de la science-fiction épique entre 1977 et 1983.

Mais il faut dire que les contraintes, notamment de durée, ont contraint David Lynch et ses équipes à réaliser l’adaptation de centaines de pages d’un univers riche en un seul épisode. Difficile de donner une idée de l’ampleur des luttes entre Atreides et Harkonnen, sur fond d’intrigue eugéniste développée par le Bene Gesserit, saupoudrée du rôle des Fremen et de l’Epice, sans perdre tout à fait le spectateur en route.

C’est pourquoi les deux adaptations réussies de l’œuvre d’Herbert ont tenté de se rapprocher de son format initial. D’abord par une minisérie en trois épisodes de 90 minutes, fidèle au roman, et diffusée à la télévision en 2001, et suivie d’une adaptation du deuxième tome, Les Enfants de Dune. Ensuite grâce à Denis Villeneuve, qui après avoir ressuscité la franchise Blade Runner, a pu mettre en œuvre « son » Dune, en négociant les conditions avec Warner Bros d’un projet épique, en plusieurs épisodes, dont il rêve depuis toujours.

Avec la sortie de Dune : deuxième partie en DVD et Blu-Ray, et la probable mise en chantier d’un troisième épisode, le rêve d’adolescent – Villeneuve travaille au story-board de l’adaptation depuis le lycée – s’est transformé en un cas unique dans l’histoire de la science-fiction : la transcription réussie d’un de ces livres inadaptables dont le genre a fait sa marque de fabrique. Que l’on songe à Philip K. Dick, par exemple. Seuls ses nouvelles et ses romans courts ont donné lieu à des films réussis (Total Recall, Blade Runner, Minority Report). Aucun de ses romans majeurs n’ont été adaptés (à commencer par Ubik) au cinéma, encore moins sa seule saga (la mystique Trilogie Divine). Même chose pour Robert Heinlein, dont Paul Verhoeven a tiré Starship Troopers, alors qu’il est également auteur de l’immense saga Histoire du futur.

La saga de science-fiction prend sa revanche sur petit écran

Autre auteur de l’âge d’or de la science-fiction américaine, Isaac Asimov a connu le même sort que nombre de ses collègues : hormis quelques nouvelles qui ont abouti à L’Homme bicentenaire, à La Mort des trois soleils et à I, Robot, aucun de ces cycles majeurs n’a été adapté au cinéma. Et pourtant, avec la saga de Fondation, une grande partie de son œuvre explore une vaste histoire du futur de l’humanité dont le potentiel évocateur n’est pas à démontrer.

À partir de
8,30€
Voir sur Fnac.com

En 2021, la première saison de Fondation a rattrapé une certaine injustice. Racontant l’histoire de Hari Seldon et de ses acolytes mathématiciens et « psychohistoriens » dans un futur très lointain, le programme reprend l’esprit de l’œuvre originelle d’Asimov tout en y ajoutant certaines contraintes télévisuelles (notamment l’unité de temps et le caractère récurrent des personnages). Avec leur ambition visuelle certaine et leurs récits forts (inspiré à la fois du premier livre, mais aussi de Seconde Fondation et de Fondation et Empire), les deux premières saisons ont donné un nouveau souffle à la saga de type space opera.

Une autre adaptation science fictionnelle à gros budget, The Man In The High Castle, d’après Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick, démontre que les œuvres littéraires les plus ambitieuses peuvent aujourd’hui trouver des débouchés à travers les plateformes de streaming et les chaînes de télévision. L’an passé, avec Silo, la série claustrophobe adaptée de la saga d’Hugh Howey, puis cette année avec Le Problème à trois corps, d’après la série de romans de Liu Cixin, les studios de production ont prouvé leur intérêt pour des œuvres livresques récentes au format saga, susceptibles, façon Game of Thrones, de voir leur dimension romanesque transposer au travers de longues saisons.

Hyperion, et après ?

John Carter d’après le premier tome du Cycle de Mars d’Edgar Rice Burroughs, La Stratégie Ender adaptée du roman d’Orson Scott Card dont il existe près de dix suites, Mortal Engines, suivant les aventures de Tom & Hester, cycle initié par Philip Reeve… Les succès littéraires du XXe siècle et les best-sellers récents ne transforment que rarement l’essai dans le domaine de la science-fiction au cinéma. Raison pour laquelle les producteurs sont frileux avec certains projets, pourtant annoncés de longue date : voilà vingt ans qu’Hollywood cherche à lancer un portage en long-métrage de Rendez-vous avec Rama, introduction de la tétralogie poétique et scientifique d’Arthur C. Clarke. James Cameron, Morgan Freeman, David Fincher et Denis Villeneuve ont tous été, à un moment ou à un autre, associés à ce qui représente aujourd’hui l’Arlésienne du cinéma de science-fiction contemporain.

À partir de
8,20€
En stock
Acheter sur Fnac.com

C’est donc sur les plateformes et les petits écrans qu’il faut aller chercher des œuvres qui transcriront à l’écran des romans classiques de la science-fiction. En 2024, Dune : Prophecy constituera un spin-off de l’univers des Bene Gesserit si présent dans les romans de Frank Herbert. Dans les années à venir, Bradley Cooper devrait mener à son terme un autre projet, qui, par son ambition, pourrait rebattre encore une fois les cartes. L’acteur et réalisateur oscarisé de A Star is Born travaillerait sur une adaptation en série (ou en film) d’Hyperion, récit façon Contes de Canterbury de Dan Simmons qui a pour particularité de mêler de nombreux aspects de la science-fiction classique.

À partir de
7€
En stock
Acheter sur Fnac.com

De Cordwainer Smith à Arkady Martine, en passant par Joe Haldeman et N.K. Jemisin, la science-fiction ne manque pas de merveilleux créateurs de cycle, dont le travail pourrait trouver une nouvelle résonance à l’écran. Reste que dans un système audiovisuel dominé plutôt par les franchises constituées à partir de BD, de jeux vidéo ou de films/séries (comme les sagas Star Wars et Star Trek), aucun auteur ne semble pouvoir se prévaloir d’une influence équivalente à celle de Frank Herbert. De quoi guetter fébrilement les prochaines mises en chantier d’adaptation littéraire de classiques de la s-f…

À lire aussi

Découvrez ces séries

Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
Sélection de produits