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La folie des CryptoPunks, ces NFT historiques à l’origine du mouvement “CryptoArt”

03 décembre 2021
Par Kesso Diallo
Les CryptoPunks s’arrachent à des prix délirants.
Les CryptoPunks s’arrachent à des prix délirants. ©Larva Labs/Twitter

Au premier abord, ces personnages virtuels en pixel art n’ont rien de spécial. Mais pourquoi se vendent-ils alors à des prix élevés depuis plusieurs mois ?

Le 23 août 2021, l’entreprise Visa a annoncé avoir acheté un CryptoPunk pour 150 000 dollars : « Ce qui a commencé comme une première expérience artistique est rapidement devenu une icône culturelle pour la communauté crypto. En fait, pour reconnaître le rôle que CryptoPunks a joué en tant que projet NFT historique, reliant la culture et le commerce, Visa a décidé d’acheter le CryptoPunk 7610 ». Mais que sont ces CryptoPunks et pourquoi suscitent-ils un tel intérêt ?

Comme leur nom l’indique, les CryptoPunks sont des punks que l’on peut acheter ou vendre avec de la cryptomonnaie. Plus précisément, ce sont des images de personnages en pixels générées de manière aléatoire par un algorithme. La plupart sont des hommes et des femmes, mais d’autres se distinguent par leur rareté : ils ressemblent à des singes, des zombies et des extraterrestres. Ce projet, conçu en 2017, est le fruit de Larva Labs, une société créée par les développeurs Matt Hall et John Watkinson.

Une popularité liée à la rareté

Les CryptoPunks sont considérés comme le projet ayant inspiré le mouvement du CryptoArt, une catégorie d’art liée à la blockchain. Cette technologie permet d’entreposer et de transmettre des informations de manière décentralisée et sécurisée. Les punks virtuels sont en effet l’un des premiers exemples de jetons non fongibles (NFT), une technologie de certification numérique reposant sur la blockchain Ethereum. L’attrait pour les CryptoPunks réside dans la notion de rareté : ils ont été créés par un algorithme de manière à ce qu’aucun ne soit identique à un autre. Chaque personnage dispose de sa page de profil, sur laquelle figurent ses particularités ainsi que son statut de propriété. Autrement dit, même si tout le monde peut voir un de ces punks, une seule personne peut officiellement le posséder.

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Ces personnages sont aussi rares car ils constituent une collection limitée : seulement 10 000 d’entre eux existent. Au départ, toute personne possédant un portefeuille Ethereum pouvait obtenir un CryptoPunk gratuitement. Selon Larva Labs, ils ont rapidement été réclamés. Un marché de la revente s’est alors créé. Pour acheter une de ces images, un internaute doit désormais télécharger et installer une extension appelée MetaMask pour permettre aux sites autorisés d’accéder à son compte Ethereum. Il lui faudra ensuite puiser dans son stock de cryptomonnaie Ether pour effectuer une transaction. S’il n’en a pas, il est possible d’en acheter sur des plateformes d’échange comme Coinbase. Il pourra alors se rendre sur le site de Larva Labs pour sélectionner un CryptoPunk et voir son historique de transaction, son propriétaire et s’il est à vendre. Il ne lui restera plus qu’à cliquer sur le bouton « Acheter ».

Des ventes à prix élevées

Les CryptoPunks sont actuellement très populaires dans le monde du « CryptoArt ». Selon Larva Labs, leurs ventes au cours de l’année totalisent 2,67 milliards de dollars. Ces punks virtuels suscitent même l’intérêt des célébrités, comme Jay-Z, qui en achètent pour les mettre en photo de profil sur Twitter. Ils se vendent aujourd’hui à des prix délirants. À date, le record est détenu par le CryptoPunk 3100, vendu en mars dernier pour 7,58 millions de dollars. Deux mois après, la maison Christie’s a organisé une vente aux enchères au cours de laquelle une collection de neuf de ces images a été achetée pour 16,9 millions de dollars.

La collection vendue par Christie’s.

Larva Labs a d’ailleurs profité de cet engouement pour les CryptoPunks pour annoncer un nouveau projet en mai dernier : les Meebits. Ces 20 000 personnages en 3D ont aussi été générés par un algorithme. Estimant que ces « punks virtuels » sont devenus « un avatar 2D idéal » pour les réseaux sociaux comme Twitter, la société veut faire de sa nouvelle collection « l’avatar 3D des mondes virtuels, des jeux et de la réalité virtuelle ». Les deux développeurs à l’origine de la société se déclarent optimistes quant à l’avenir du metaverse et cherchent ainsi à voir comment les Meebits vont être utilisés dans de tels environnements. Le concept de ce monde virtuel est populaire depuis quelques mois. Il suscite l’intérêt de plusieurs entreprises, qui en présentent leur propre vision, comme Meta, Microsoft ou encore Nvidia.

Enfin, Larva Labs cherche aussi à être présente sur des supports plus traditionnels. Fin août, l’entreprise a signé un contrat avec l’agence d’artistes United Talent Agency pour que ses CryptoPunks puissent apparaître dans des films ou des séries télévisées. Les Meebits seront également représentés par cette agence.

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