Cet été se tiendra la 55e édition des Rencontres d’Arles. Du 1er juillet au 29 septembre, les visiteurs pourront y découvrir de nombreuses expositions de photographies portées par le thème « Sous la surface ».
Chaque été depuis plus de 50 ans, Arles donne rendez-vous à tous les amateurs de photographie. Au cœur de la ville, les tirages d’artistes de renom et de talents émergents s’entremêlent ainsi dans une vaste célébration. Cette dernière sera placée cette année sous le thème « Sous la surface ». « Remous, esprits, traces, lectures parallèles et relectures sont autant de nouvelles perspectives qui sous-tendent l’édition 2024 des Rencontres d’Arles. Photographes, artistes et commissaires dévoilent leurs visions, leurs histoires, telle que celle de notre humanité, tour à tour contrariée, en perpétuelle redéfinition, résiliente, mais aussi visionnaire », précise Christoph Wiesner, directeur de l’évènement.
À moins d’un mois du lancement du festival, la rédaction de L’Éclaireur a relevé six expositions à ne pas manquer. Photographie traditionnelle ou expérimentale, images d’archives ou créées à l’aide de nouvelles technologies, sujets historiques ou contemporains, il y en aura pour tous les goûts.
1 Le Jardin d’Hannibal, de Marine Lanier
Cette année, Marine Lanier transformera le Jardin d’Été en celui d’Hannibal. Pour réaliser cette série, elle s’est rendue dans le jardin le plus haut d’Europe aux côtés de scientifiques et de botanistes. Nourrie des récits sur le passage des Alpes mené par le général carthaginois, au début de la deuxième punique, à la fin de l’année 218 av. J.-C., la photographe a projeté en ces lieux une « vision fantasmagorique et lunaire de notre futur ».
À l’image se découvre alors un singulier laboratoire, dans des nuances de roses et de jaunes qui contrastent avec la douceur des monochromes. En faisant écho au combat d’Hannibal, qui s’insurgeait contre la domination de Rome, Marine Lanier souhaite témoigner sa résistance face aux changements climatiques.
2 Finir en beauté, de Sophie Calle
« Peu avant l’inauguration de mon exposition À toi de faire, ma mignonne au musée Picasso, à Paris, un orage a causé des dégâts dans ma réserve et des spores de moisissure se sont infiltrées dans Les Aveugles, une des séries qui devaient la composer », explique Sophie Calle dans un texte d’introduction. Sachant ses œuvres vouées à être détruites, l’artiste a décidé de leur offrir une fin unique, pour finir en beauté.
Pour ce faire, l’exposition se tiendra dans les cryptoportiques d’Arles, un espace souterrain très humide ou, autrement dit, un lieu favorable à la prolifération des champignons. « J’ai donc imaginé que je pourrais ensevelir ici mes aveugles, afin qu’ils finissent de se décomposer et que leurs mots, qui ne parlent que de beauté, s’enfoncent dans les soubassements de la ville », annonce l’artiste.
3 Quelle joie de vous voir
Cette nouvelle édition des Rencontres d’Arles rend notamment hommage à la photographie japonaise. Parmi les expositions qui lui sont consacrées figure Quelle joie de vous voir, qui s’intéresse plus particulièrement à la pratique des femmes des années 1950 à nos jours. À travers le regard de 26 artistes se découvre une autre vision sur le monde alentour, la société dans laquelle elles ont évolué, de même que son histoire.
Cet ensemble de tirages historiques et contemporains révèle trois motifs : une méditation du quotidien, un questionnement sur les rôles imposés aux femmes dans la société japonaise, et une volonté d’expérimenter avec le médium photographique. L’exposition, imaginée par Lesley A. Martin, Takeuchi Mariko et Pauline Vermare, sera à découvrir au palais de l’Archevêché.
4 Fashion Army
Iconographe de profession, Matthieu Nicol collectionne les photographies. Sa préférence va pour les images d’archives, dont il nous livrera un bel aperçu à Ground Control avec Fashion Army. Comme son nom le suggère, l’exposition s’intéresse aux tenues des militaires. Couvrant la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1990, le corpus puise ses sources dans les documents déclassifiés du Natick Soldiers Systems Center, à savoir le centre de recherche et développement de l’armée américaine.
« Ce catalogue d’images en dit aussi long sur la relation entre la recherche militaire et ses applications civiles, notamment dans le domaine de la mode. Des trench-coats aux Ray-Ban, du tissu chino aux motifs camouflage, le style militaire a envahi les podiums comme la mode de rue. Mais leur incontestable attrait esthétique suscite aussi un certain malaise », relève Matthieu Nicol en introduction. De fait, les archives déclinent tour à tour des tenues étonnantes, tantôt sur fonds colorés, tantôt en extérieur. Dans leur présentation, les vêtements semblent ainsi annihiler le contexte dans lequel ils ont été créés.
5 Le Sport à l’épreuve
En écho aux Jeux olympiques qui se tiendront à Paris, le musée départemental Arles antique accueillera Le Sport à l’épreuve. Issus des collections des musées Olympique et Photo Élysée à Lausanne, les tirages retraceront l’histoire des différentes compétitions.
« Avec l’essor de la photographie amateur à la fin du XIXe siècle, qui coïncide avec les premiers Jeux olympiques modernes en 1896, la photographie et le sport ont, à bien des égards, évolué de concert. La visibilité donnée aux manifestations sportives passe nécessairement par l’image photographique », souligne Nathalie Herschdorfer, directrice du musée suisse.
6 Résonances
Cet été, la Fisheye Gallery accueillera les photographies de Paul Cupido et de Chloé Azzopardi le temps de Résonances. Si les deux artistes multiplient les collaborations depuis leur rencontre lors d’une résidence à Can Serrat en 2019, leurs œuvres seront pour la première fois réunies en galerie.
Dans la première salle, les visiteurs pourront découvrir la délicatesse des harmonies visuelles de Paul Cupido, desquelles jaillit la silhouette de Chloé Azzopardi. Les tirages de cette dernière occuperont le second espace pour évoquer les limites de la technologie. Dans un même élan poétique, le corps fusionnera alors avec la nature pour interroger la relation qui unit les êtres humains à leur environnement.
