Le 7 mars 2024 sortait L’incroyable destin des héros de roman de Christophe Hardy. À l’approche des épreuves anticipées du baccalauréat, l’ouvrage se présente comme une manière ludique de revoir les grands classiques de la littérature.
Christophe Hardy a imaginé un ouvrage articulé autour des personnages emblématiques de la littérature, parmi lesquels se comptent d’Artagnan, Cosette, Julien Sorel, Emma Bovary ou encore le capitaine Nemo. Au fil des 236 pages qui composent L’Incroyable Destin des héros de roman (éditions Novice) se découvrent sous un autre jour les figures qui ont marqué nos lectures. Pour ce faire, Christophe Hardy a parcouru les archives des écrivains qui ont conçu ces personnages, les romans dans lesquels ils évoluent tout comme les articles de critiques ou de spécialistes en la matière. Par l’entremise d’une enquête littéraire, il dévoile ainsi leurs origines et leur trajectoire et s’intéresse à leur notoriété.
Cette galerie de portraits singulière décline toute une série de révélations, d’anecdotes et d’analyses qui raviront les passionnés de littérature. Plus largement, à un mois des épreuves anticipées du baccalauréat, les élèves en classe de première pourront également y trouver une manière ludique de réviser leurs cours de français. Dans cette perspective, L’Éclaireur a relevé trois thématiques abordées dans le livre.
1 Qui était le véritable d’Artagnan ?
Avant de s’imposer comme un célèbre héros littéraire, imaginé par Alexandre Dumas, d’Artagnan a mené une existence dans le monde réel. Né au début du XVIIe siècle, dans le château familial situé en Gascogne, il gagne Paris à l’adolescence dans l’objectif d’intégrer les troupes royales. C’est alors que, sur les conseils de Louis XIII, Charles de Batz de Castelmore prend le nom de d’Artagnan, et que commence une destinée hors du commun.
Tandis que la prestigieuse Compagnie des mousquetaires du roi vient d’être dissoute par Mazarin, ce dernier lui confie des missions secrètes à risques. Sous la protection de Louis XIV, le militaire se distingue et se fait connaître de ses contemporains pour sa bravoure et sa fidélité. Il devient alors sous-lieutenant, puis capitaine-lieutenant de la Compagnie des mousquetaires, recréée en 1657. Il trouvera la mort au cours du siège de Maastricht, le 26 juin 1673, avant de renaître plusieurs décennies plus tard sous la plume de différents auteurs.
2 Flaubert était-il Madame Bovary ?
« Madame Bovary, c’est moi. » Aujourd’hui encore, beaucoup sont ceux à attribuer ces quelques mots à Gustave Flaubert, auteur du roman éponyme. Pourtant, il s’agit d’une formule apocryphe, c’est-à-dire une citation dont on ne peut s’assurer de la véracité. « Un des spécialistes contemporains du romancier, Yvan Leclerc, a fait le tour de la question dans une synthèse où il rappelle qu’on ne trouve nulle part trace écrite d’un tel propos. Et, par ailleurs, personne dans l’entourage de Flaubert n’en a fait état », explique Christophe Hardy.
Cette affirmation fait son apparition en 1909, lorsqu’un universitaire du nom de René Descharmes le mentionne en bas de page de sa thèse sur Gustave Flaubert. Celui-ci tient pour source un homme qui lui aurait indiqué qu’une de ses amies, Amélie Bosquet, avait fréquenté l’écrivain qui lui aurait dit cette phrase. Pourtant, ces propos vont à l’encontre de ce qu’assurait l’auteur dans ses lettres à Louise Colet. « Le romancier a pu réellement dire “Madame Bovary, c’est moi !”, mais dans une formulation où les italiques changent la donne. Flaubert n’aurait pas évoqué le personnage d’Emma, mais l’œuvre elle-même, désignée par son titre. Car il est coutumier de ce type de déclarations lapidaires », tranche ainsi Christophe Hardy en reprenant l’hypothèse développée par Yvan Leclerc.
3 Comment le capitaine Nemo évolue-t-il au fil de l’œuvre de Jules Verne ?
« Une part de l’épaisseur du mystère qui enveloppe le capitaine du Nautilus tient au fait que Jules Verne a effacé son identité au cours de l’élaboration de Vingt Mille Lieues sous les mers« , souligne Christophe Hardy dans son ouvrage. Le nom du héros n’a d’ailleurs pas été laissé au hasard. En latin, Nemo signifie « personne », « aucun homme ». Ce choix ne fait que renforcer la dualité inhérente à un personnage riche d’implicite.
« Il est une figure passionnante et complexe. À travers elle se pose la question de savoir ce qu’un romancier dit ou tait d’un personnage qu’il invente. Verne y répond de deux manières aussi brillantes l’une que l’autre », poursuit Christophe Hardy. Ainsi, le capitaine Nemo, énigmatique, a-t-il été imaginé à partir de présupposés qui échappent aux lecteurs et qui lui apporteront une dimension d’autant plus tragique dans L’Île mystérieuse.