Critique

Ourika : la série policière coécrite par Booba bouscule-t-elle le genre ?

28 mars 2024
Par Léa Vincent
La série “Ourika” est disponible depuis le 28 mars sur Prime Video.
La série “Ourika” est disponible depuis le 28 mars sur Prime Video. ©Mika Cotellon/Prime Video

Après la sortie de son dernier album Ad vitam æternam en février dernier, le rappeur Booba s’incruste sur le petit écran. Ourika, dont il est le cocréateur avec Clément Godart, arrive sur Prime Vidéo ce 28 mars. Le scénario dépeint une famille qui se déchire entre trafic de drogue et guerre de territoire, avec en toile de fond le contexte des émeutes de 2005.

Retour en 2005. Des émeutes éclatent en banlieue parisienne, après la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés après avoir fui un contrôle de police. Déjà interrogé sur ces événements, Booba s’était exprimé sur les affrontements survenus à l’été 2023, qui étaient selon lui « l’expression d’un mal-être, d’un ras-le-bol, de l’ennui en banlieue, de la situation financière ».

Annoncé depuis plusieurs années par le rappeur, son projet de série, Ourika, voit enfin le jour, en collaboration avec Clément Godart, lui-même ancien membre des forces de l’ordre, Clément Gournay et Vincent L’Anthoën. La fiction explore les guerres de pouvoir auxquelles est confrontée la famille Jebli, à la tête d’un trafic de cannabis en banlieue parisienne, en lien avec le Maroc. Entre arrestations et coups de sang, deux frères que tout oppose partent à la conquête d’un nouveau marché.

Une histoire de famille

La dualité semble régner en maître. Tout d’abord au sein de la famille Jebli où Driss, le benjamin rangé, destiné à un avenir dans la finance, veut s’extirper de ce milieu pour rejoindre les hautes sphères, contrairement à son frère Moussa, à la tête du trafic. Les erreurs de ce dernier vont l’entraîner dans un engrenage qui contraint le plus jeune des fils à changer de camp et tomber dans le grand banditisme, armes en main. Du côté des forces de l’ordre, William, un jeune flic, tout à sa fougue et à son ambition, est prêt à faire cavalier seul sur cette affaire de trafic de drogue, à détourner le système, quitte à pactiser avec le camp adverse.

©Prime Video, Mika Cotellon

Les premières minutes de la série respectent les codes du genre, avec un effet de surprise pour notre œil qui ne devine que la mise en scène presque théâtrale du chaos. Lancers de projectiles, voitures enflammées dans la nuit teintée de nuances orangées, zoom sur un corps emmitouflé dans un tapis, qui atterrit devant un rassemblement : le spectateur s’imagine une scène de crime.

En planque aux alentours, plusieurs membres des stups se fondent dans le décor pour repérer les émeutiers. Il ne s’agit pourtant pas d’un meurtre, mais d’un méchoui. Les créateurs s’appuient sur les stéréotypes médiatiques de la banlieue, pour en montrer une autre réalité.

De rappeur à acteur, Booba se fond dans le décor 

Booba, l’un des plus grands rappeurs de ces 30 dernières années, également producteur, se frotte à un nouveau challenge : les séries. Il incarne ici un des barons de la drogue, qui cherche à reprendre le contrôle du quartier. Impitoyable, les traits durs, Elie Yaffa – de son vrai nom – est crédible dans ce second rôle, jetant un phrasé court, tranchant, teinté de sarcasme. Rien de surprenant lorsqu’on connaît le nombre de sujets et polémiques sur lesquels il s’exprime. Que ce soit dans ses textes ou sur X, le rappeur use de sa plume pour donner son avis sur la société actuelle.

©Prime Video, Mika Cotellon

Les trois premiers épisodes donnent les ingrédients d’une recette qui fonctionne, déjà bien expérimentée par Olivier Marchal (Braquo, Pax Massilia, Bronx…) : une ambiance sombre, la corruption des forces de l’ordre qui mène à des bavures, le tout mêlé à des guerres de gang. Mais seules l’ouverture de bal et la première apparition de l’artiste dans ce format se distinguent du schéma habituel.

Les trois premiers épisodes semblent annoncer une énième série sur la rivalité entre les gangs et la police, où toutes les forces en présence sont amenées à se corrompre. Le casting, pourtant prometteur, réunissant Adam Bessa (Tyler Rake), Noham Edje (Les Amandiers) ou encore Salim Kechiouche (La Vie d’Adèle), se plonge parfois dans des dialogues trop évidents, où le scénario est rapidement pressenti. Reste à savoir si le reste de la saison se démarquera des incontournables du genre.

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