Entretien

Alice Pol : “Ce qui m’intéresse, c’est l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus beau et de plus sombre”

21 mars 2024
Par Agathe Renac
Alice Pol a publié son premier roman, “Coup de pelle”, en 2023.
Alice Pol a publié son premier roman, “Coup de pelle”, en 2023. ©DR, Series Mania

Connue pour ses rôles dans Supercondriaque et Raid dingue, Alice Pol a fait une entrée remarquée dans le milieu littéraire avec son premier roman, Coup de pelle.

19h30. Après deux heures d’échanges et de dédicaces au Pop up Fnac de Series Mania, Alice Pol nous accueille avec un large sourire. Sa batterie sociale est déchargée, mais l’autrice et comédienne prend le temps de répondre à nos questions avec une grande bienveillance, juste avant de filer à son prochain rendez-vous.

Le grand public vous connaît essentiellement en tant qu’actrice de comédie, mais vous écrivez aussi des polars. Cette dualité est-elle le reflet de votre personnalité : solaire et enjouée, mais aussi pleine de mystères ?

Cette dualité reflète effectivement mon intériorité et mon côté solaire, mais je ne suis pas sûre d’avoir cette part de mystère. En revanche, je pense être plus complexe que ce que l’on pense. Je me suis toujours servi de la comédie et de l’humour pour apaiser les autres, apaiser le public. Ça donne du sens à ce que je fais.

Vous avez écrit votre première pièce de théâtre à 18 ans, avant de percer dans le cinéma. Pourquoi revenir à l’écriture, aujourd’hui ? Souhaitiez-vous raconter votre propre histoire, après avoir incarné celle des autres ?

Au-delà de l’écriture, j’étais particulièrement attirée par la création. Mes histoires n’ont rien d’autobiographique, mais j’ai toujours été intéressée par les mots et je voulais partager les miens avec mes lecteurs et lectrices. D’avoir ce lien direct avec eux.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce genre si particulier qu’est le polar ?

Le grand écart entre la peur, la solitude du personnage, cette nature omniprésente qui l’oppresse, ce suspense qui monte tout doucement… Je voulais absolument surprendre mes lectrices et mes lecteurs, mais c’était aussi très important pour moi de les faire rire. J’ai rencontré une dame qui m’a dit : “Charlie pense et dit des choses que l’on pense, mais que l’on n’ose pas dire.” J’ai adoré cette phrase, car elle résume parfaitement mon œuvre. Ce décalage entre l’humour et le polar était nécessaire pour moi.

Quel est votre processus créatif ? Avez-vous rencontré des policiers, multiplié les recherches, puisé dans votre imagination ?

Je puise tout dans mon imagination. Des auteurs sont très doués pour s’immerger dans ce milieu, d’autres ont même été policiers, mais cet aspect scientifique ne m’intéresse pas. Ce qui me passionne, c’est l’aspect psychologique, le fait d’entrer dans la tête d’un flic qui porte un lourd fardeau, dans celle des victimes, des accusés… Ce qui m’intéresse, c’est l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus beau et de plus sombre. Charlie me permet d’aller toujours plus loin dans cette profondeur-là.

Le polar est un genre essentiellement représenté par des hommes. Avez-vous la sensation qu’il s’ouvre progressivement aux romancières ?

Les femmes sont peut-être simplement plus attirées par un autre style, dans leur écriture. Il faudrait mener une enquête sur ce sujet. Mais, d’une manière générale, les choses changent. On le sent, dans tous les milieux. Il y a beaucoup de progrès, et j’ai juste hâte d’être à la génération d’après, celle pour qui ce ne sera même plus un sujet.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste