Attendu ce mercredi 14 février, Bob Marley, One Love dresse le portrait de la star du reggae dans un biopic fourni qui manque toutefois d’une réelle direction scénaristique et artistique.
Après Bohemian Rhapsodhy (2018) dédié à Queen, Rocketman (2019) sur la vie d’Elton John, ou encore I Wanna Dance (2022) sur le parcours de Whitney Houston, c’est désormais Bob Marley, qui a le droit à son biopic. Attendu dans les salles obscures, ce mercredi 14 février, le film de Reinaldo Marcus Green suit le destin de la star du reggae à la fin des années 1970 alors qu’il tente d’organiser le concert One Love en pleine guerre civile jamaïcaine, et compose l’un de ses plus grands albums, Exodus (1977).
Avec ce long-métrage, Reinaldo Marcus Green est une nouvelle fois à l’œuvre dans un biopic après avoir présenté La méthode Williams (2021) avec Will Smith, sur le père des tenniswomen, Venus et Serena Williams. Dans ce film, le réalisateur offrait un coup de projecteur à un charismatique personnage — Richard Williams — avant de s’attaquer à la série We own this city pendant plusieurs épisodes. Preuve de l’amour du cinéaste pour des figures puissantes, fascinantes, et des œuvres engagées.
One love, mais zéro direction
Avec Bob Marley, Reinaldo Marcus Green aurait donc dû trouver le personnage idéal pour convoquer ses obsessions. Toutefois, le poids de l’héritage, et le format parfois trop obtus du biopic — qui plus est chapeauté par la famille de l’artiste et son entourage — n’auront pas réussi à rendre compte avec profondeur de la vie de Bob Marley.
Figure artistique, figure politique, figure mystique ? En effet, le film cultive toutes ses représentations sans jamais faire le choix d’une ligne de conduite. Si la dernière est sûrement la plus intéressante, présentant ainsi Bob Marley comme un Messie prônant la paix, grâce à des versets rastafari, le spectateur reste constamment sur sa faim.
Une grosse « foncedale » cinématographique qui ne sera jamais rassasiée. Ainsi, on ne parviendra pas à comprendre le processus créatif de l’artiste, ni son génie musical. Malgré le fait que le film se concentre sur la composition d’Exodus, on ne comprend rien au bouillonnement artistique de la Jamaïque, ni réellement la guerre qui la secoue.
Par ailleurs, en nous invitant dans l’intimité de la star, on nous laisse ainsi espérer que le biopic offre une vision inédite de l’artiste en dressant un portrait nuancé. Enfance chamboulée, jalousie, infidélité… One Love pourrait-il offrir une caractérisation pleine de profondeur de Bob Marley ? Bien que certaines séquences et dialogues distillent une appréhension plus humaine du personnage — cassant ainsi cette image de Messie mystique –, la mise en scène usée, le montage, et les choix scénaristiques tentaculaires ne feront que souligner le manque de direction artistique dont souffre le film.
Un constat étonnant en termes de caractérisation des personnages et de tenue du biopic quand on sait que c’est le scénariste des Soprano (1999-2007) et de The Many Saints of Newark (2021), Terence Winters, qui se cache derrière le script.
Seules peut-être la prestation habitée de Ben Kingsley-Adir, méconnaissable dans la peau du chanteur reggae, mais aussi les mélodies cultes de Bob Marley sauront séduire les fans de la première heure, et, on l’espère, sauver le film.
Bob Marley, One Love de Reinaldo Marcus Green avec Kingsley Ben-Adir et Lashana Lynch, 1h47, le 14 février au cinéma.