Vous aimeriez faire découvrir les comic books à vos proches ou vous ne savez plus comment faire plaisir à un fan de BD américaine ? Pas d’inquiétude, nous avons sélectionné pour vous dix œuvres qui feront plaisir à coup sûr.
| Wonder Woman Historia : aux sources de la mythologie DC
Wonder Woman ? Tout le monde connaît ! L’illustre représentante des Amazones au sein de la sainte trinité de DC Comics (complétée par Superman et Batman) n’a plus besoin d’être présentée. Mais ses farouches compatriotes, c’est une autre histoire. Une histoire qu’ont voulu raconter Kelly Sue DeConnick et Phil Jimenez, bien décidés à mettre en lumière les origines de ces « wonder women » inspirées de la mythologie grecque.
Ne vous attendez donc pas à croiser Diana Prince et ses comparses super-héroïques au détour de ces pages sublimement dessinées. Ici, il est question de nombreuses autres femmes, certaines déesses, d’autres simples mortelles, mais toutes animées par une même revendication : se faire une place dans un monde d’hommes, que ce soit sur l’Olympe ou dans les cités de la Grèce antique.
Pour qui ? Un comic qui ravira aussi bien les fans de mythologie que les lecteurs et lectrices féministes.
| Écuyère : de la fantasy vraiment dépaysante
La bande dessinée américaine ne se limite pas aux super-héros, tout comme la fantasy ne se limite pas aux elfes, aux nains et aux interprétations plus ou moins fantaisistes de la culture médiévale occidentale. C’est ce que nous prouve Écuyère, un comic signé Sara Alfageeh et Nadia Shammas, deux artistes américano-arabes lassées des poncifs hérités de Tolkien et désireuses de mettre en avant les inspirations puisées dans leurs propres cultures.
Les amateurs du genre ne trouveront donc aucun orc à se mettre sous la dent, mais découvriront plutôt les états d’âme d’Aiza, tiraillée entre son envie d’intégrer le corps d’élite de l’armée impériale et celle de pouvoir vivre selon la culture de son peuple soumis au même Empire qu’elle souhaite défendre. Une histoire de tolérance et d’indépendance qui fait du bien, tout en développant un imaginaire qui sort de l’ordinaire.
Pour qui ? Pour les néophytes qui ne s’intéressent pas à fantasy classique et amateurs à la recherche d’une « autre » fantasy.
| Gotham City : année un, la vie sans Batman
Gotham entretient une longue relation avec le monde du crime. Cela fait des siècles que des super-vilains psychopathes font régner la terreur et la folie dans ses ruelles sombres. Mais il n’y a pas toujours eu un Batman pour les arrêter et l’on pourrait se demander comment cette ville a tenu bon jusqu’à nos jours.
Tout simplement grâce aux héros du quotidien que sont certains de ses habitants, comme Slam Bradley, un détective à l’ancienne, sans pouvoir, qui enquête sur la disparition de l’héritière de l’empire Wayne, bien des années avant la naissance du petit Bruce. Un polar noir à l’intrigue finement ciselée par Tom King, spécialiste du genre, qui transporte son lecteur dans un monde fait de trench-coats et de Borsalinos, où l’on s’attendrait plus à voir surgir Humphrey Bogart que Batman.
Pour qui ? Pour les fans de l’univers Batman et sa ville, ainsi que les passionnés de polar et de roman noir.
| Friday : Stranger Things, en mieux
Vous souhaitez gâter un membre de votre famille nostalgique du Club des 5 ou du Scooby-gang ? Ne cherchez plus. Les deux premiers tomes de Friday sauront combler ses attentes. Cette trilogie, dont la parution a commencé cette année, suit les traces de Friday Fitzhugh, ancienne chasseuse de mystères qui formait un inséparable duo avec Lancelot Jones. Seulement voilà, les deux acolytes ont grandi, leurs chemins ont bifurqué et une romance inachevée est venue jeter un froid entre eux.
Les vacances universitaires auraient pu être l’occasion pour Friday de crever l’abcès si ses retrouvailles avec Lancelot n’avaient pas été interrompues par une enquête aux conséquences dramatiques. Ed Brubaker déploie ici tous ses talents de scénariste, spécialiste des intrigues policières, au profit d’une œuvre Young Adult dont les thématiques dépassent l’aspect fantastique.
Pour qui ? Pour les nostalgiques du Club des 5 et autres Scooby-Doo. À noter : les thèmes abordés parleront aussi bien aux adolescents qu’aux adultes.
| Le Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft : le maître de l’horreur face à la mort
Bien plus qu’une bande dessinée, voici un beau livre à offrir à tout fan du reclus de Providence. Cette création originale de 404 Comics – toujours très soucieuse de produire de magnifiques écrins reliés pour les ouvrages qu’elle édite – relate, comme son titre l’indique, les dernières heures de Lovecraft.
Le scénariste français Romuald Giulivo et l’artiste polonais Jakub Rebelka se sont en effet plongés dans l’œuvre et la psyché de l’écrivain, maître de l’horreur cosmique et fantastique, afin d’imaginer ce qu’auraient pu être ses ultimes instants. Et le résultat est à l’image de l’artiste qui n’a cessé d’interroger la frontière entre réalité et folie.
Pour qui ? Pour les adeptes de Lovecraft, mais également tous les lecteurs qui aiment éprouver un étrange frisson de frayeur en ouvrant un livre…
| La Nuit de la goule : un hommage aux films de monstres
Horreur toujours avec ce comic signé Scott Snyder et superbement mis en images par Francesco Francavilla, dont le style misant sur les ombres et les tons ocres et rouges correspond parfaitement à l’ambiance des films de monstres. Car c’est bien de cela qu’il s’agit ici : un véritable classique de l’horreur transformé en œuvre du 9e art.
L’intrigue repose d’ailleurs sur une vieille pellicule de film dévoilant les secrets d’une terrible créature. Impossible de ne pas y voir un hommage appuyé et réussi aux productions de la Hammer qui ont envahi les cinémas d’après-guerre avec leurs cohortes de momies, vampires et autres loups-garous.
Pour qui ? Pour tous les fans et les adeptes des frissons qui aiment jouer à se faire peur.
| Not all Robots : Terminator version domestique
Si vous voulez faire frissonner un proche plus effrayé par le développement de l’IA que par les monstres, alors offrez-lui le comics de Mark Russel et Mike Deodato Jr. Cette œuvre de science-fiction prend pour point de départ un postulat qui aurait plu à Philip K. Dick : en 2056, après avoir ravagé la planète, l’humanité s’est retirée dans des villes bulles, où elle vaque tranquillement à ses occupations, tandis que des robots s’occupent de toutes les corvées – au point de remplacer l’être humain, en douceur, dans tout ce qui concerne le bon fonctionnement de la société.
Cette anticipation satirique de ce que pourrait être notre avenir a l’avantage de soulever, en quelques pages, de nombreuses interrogations sur le développement de la domotique et des IA, en nous rappelant que la pire menace pour l’être humain, ce n’est pas l’avènement des robots tueurs, mais bien l’être humain lui-même.
Pour qui ? Pour les amateurs d’anticipation et de science-fiction.
| Seconds : l’autre chef-d’œuvre de Bryan Lee O’Malley
Alors que Scott Pilgrim revient sur le devant de la scène grâce à Netflix, ne serait-il pas temps de découvrir le chef-d’œuvre méconnu de Bryan Lee O’Malley ? Trop longtemps éclipsé par l’œuvre phare du bédéiste canadien, ce roman graphique a profité de l’actualité de l’artiste pour revenir en librairie dans une nouvelle édition.
Bryan Lee O’Malley y dévoile à nouveau son talent pour mélanger les genres, mais avec encore plus de maestria que dans son best-seller. L’artiste a mûri entre les deux œuvres et cela se voit, notamment dans le jeu de composition des pages ou dans son héroïne, Katie, bien plus mature que Scott, mais confrontée à tout autant de problèmes – dont la résolution farfelue témoigne de l’incroyable imagination de l’auteur.
Pour qui ? La BD plaira autant aux fans de Scott Pilgrim qu’aux lecteurs de mangas qui n’ont jamais ouvert un comic.
| Immortal Sergeant : une enquête père-fils totalement barrée
Question mélange des genres, Joe Kelly et J.M. Ken Niimura ne se défendent pas mal non plus. Le duo créatif à qui l’on doit déjà I Kill Giant a l’habitude de piocher dans les comics, la BD franco-belge et les mangas pour produire des œuvres au style singulier. C’est à nouveau le cas avec Immortal Sergeant, qui suit le presque retraité Jim Sargent dans sa dernière enquête sur une affaire qui a hanté sa carrière.
L’histoire a presque tout d’un polar noir crépusculaire, si ce n’est l’ajout d’un élément sacrément perturbateur : Michael, le fils de Jim, un adulte souffrant d’une anxiété maladive qui se retrouve à jouer les détectives avec son paternel. Ce duo totalement dysfonctionnel, dont la dynamique rappellera le tandem de Disco Elysium aux amateurs de jeux vidéo, est une source inépuisable de rebondissements aussi jouissifs qu’inattendus.
Pour qui ? Pour les amateurs de mélange de genres et de duos improbables.
| The Nice House on The Lake : Walter, un ami qui vous veut du bien
Une bande de copains invités à passer un week-end dans la luxueuse villa isolée de leur si cher ami Walter… C’est le scénario idéal pour un agréable séjour en bonne compagnie, pas vrai ? Sauf que l’affaire pourrait tourner au slasher, diraient les lecteurs avertis. Et ils n’auraient pas tout à fait tort si l’intrigue n’était pas signée James Tynion IV, brillant scénariste auréolé de quatre Eisner Awards.
Avec lui, rien n’est ce qu’il paraît, comme le découvre le groupe d’amis bientôt confronté à l’apocalypse. Commence alors un thriller psychologique teinté d’horreur fantastique digne des meilleurs Stephen King ou de Lost. En bref, c’est un futur classique du genre. D’ailleurs, l’éditeur français de l’ouvrage ne s’y est pas trompé et a rassemblé les deux premiers tomes de la série – qui forment un cycle complet – dans une magnifique édition intégrale qui sera du plus bel effet sous le sapin.
Pour qui ? Pour les fans de suspens, d’horreur et de fin du monde.