Entretien

Éric Judor pour Un stupéfiant Noël : “Dans un film, si tu joues tout sur la perruque et qu’il n’y a pas de vanne, c’est dur”

09 décembre 2023
Par Lucie Guillet
Éric Judor est la star de la nouvelle comédie de Noël d'Amazon Prime Vidéo, “Un stupéfiant Noël”.
Éric Judor est la star de la nouvelle comédie de Noël d'Amazon Prime Vidéo, “Un stupéfiant Noël”. ©Amazon Prime Vidéo/Richard Silestone

À l’occasion de la sortie ce 8 décembre du deuxième film d’Arthur Sanigou, Un stupéfiant Noël, L‘Éclaireur a rencontré le réalisateur ainsi que ses trois acteurs principaux, Éric Judor, Lison Daniel et Matthias Quiviger. Entre esprit de Noël, film de bande et patinage artistique, la bonne humeur était au rendez-vous. Interview.

Un stupéfiant Noël est une comédie de Noël loufoque. Qu’est-ce qui est attirant dans ce genre de projet ?

Arthur Sanigou : J’adore ça. Ce sont les premiers films qui m’ont marqué. Les comédies de Noël font du bien dans une période où on en a besoin. J’avais déjà fait une parodie de film de Noël sur Instagram.

Le réalisateur, Arthur Sanigou, sur le tournage d’Un stupéfiant Noël. ©Marchal Ioncan

Ils sont pleins de bons sentiments, j’adore l’univers et l’atmosphère dans lesquels ils nous transportent. Ça convoque tous les films de l’enfance des années 1990, comme, bien sûr, Maman, j’ai raté l’avion.

Lison, Éric, en tant qu’acteurs, comment êtes-vous arrivés sur le projet ?  

Lison Daniel : Je travaillais avec Arthur sur d’autres projets, on se connaissait déjà. Au début, il m’a proposé un petit rôle, celui de la patineuse russe – qui est beaucoup mieux joué par Alice Moitié. Cependant, il n’arrivait pas à trouver le bon profil pour le personnage d’Hélène ; il me l’a ainsi proposé. Cela s’est fait assez facilement ! 

Éric Judor et Lison Daniel dans Un stupéfiant Noël. ©Amazon Prime Vidéo

Éric Judor : J’ai découvert Arthur sur LOL, qui rit sort. C’est un auteur et je l’ai trouvé éminemment sympathique. Durant ma longue carrière, je me suis rendu compte que trouver de bons auteurs, c’est très compliqué. Après notre rencontre sur l’émission, il m’a envoyé un scénario. J’y ai jeté un œil, et pas qu’un ! Je me suis rendu compte que c’était plutôt marrant, mais un peu casse-gueule, parce que c’est de la parodie à base de moustache et de perruque… Donc je lis, puis l’appelle. Il me présente sa perruque, sa moustache, et c’est là que j’ai eu l’impression que quelque chose avait cliqué.

C’est avoir des cheveux qui vous a convaincu…

E. J. : Non, parce que j’avais déjà fait des projets dans lesquels je portais des cheveux [rires]. Il m’en fallait plus quand même ! Dans un film, si tu joues tout sur la perruque et qu’il n’y a pas de vanne, c’est dur. Là, il y avait un casting qui pouvait me faire marrer, je n’avais jamais joué avec Ragnar [nom de scène de Matthias Quiviger, ndlr], je savais qu’il était marrant dans la vie, mais je ne savais pas ce qu’il valait en un contre un. Et quelle ne fut pas ma surprise [rires] ! Il a répondu présent et le match a été acharné ! 

Matthias, vous êtes aussi humoriste à travers le personnage de Ragnar le Breton. La présence d’Éric Judor au casting a-t-elle été déterminante dans votre choix de participer à Un stupéfiant Noël ?

Matthias Quiviger : C’est certain que ça rassure et que ça donne envie en tant que comédien. Si Éric va sur un projet, c’est rassurant. On s’est parlé au téléphone un peu avant le début du tournage, parce que l’on ne connaissait pas Arthur. Éric avait un peu le doute de la parodie…

« On reconnaît très clairement dans le film l’influence des Rois du Patin, ou ce que font les frères Farrelly, également. »

Arthur Sanigou

E. J. : Ce n’était pas non plus un saut dans le vide, nous avions tous les deux vu son premier film, qui est très bien. Mais d’expérience, on ne sait jamais. Avec Arthur, j’ai été rassuré de jour en jour. Dès la fin de la première semaine de tournage, je me suis dit : “C’est bon, ça va être banco.” C’est tard pour se dire ça [rires] ! Il y a des gens qui se disent ça avant d’y aller, moi, c’est après une semaine de tournage.

Arthur, c’est votre deuxième film, après La Vengeance au triple galop. Comment avez-vous abordé ce nouveau projet ?

A. S. : C’était vraiment différent, parce que j’ai coréalisé le premier avec Alex Lutz. J’ai adoré le faire, mais c’était un peu un humour de niche. On pastichait un soap des années 1980, ce n’est pas quelque chose qui parle à tout le monde. Or, avec Un stupéfiant Noël, j’avais envie de faire un film plus universel et parodique.

Éric Judor et Matthias Quiviger dans Un stupéfiant Noël. ©Amazon Prime Vidéo

Je voulais qu’il y ait de la vraie vie, des choses sincères. Et puis, j’étais vraiment tout seul aux manettes. Il y avait un côté plus impressionnant, mais en même temps il y avait le plaisir de se dire : c’est moi qui décide de tout, ce qui est assez agréable.

Votre humour a un côté très décalé, qui rappelle celui de Will Ferrell. Était-ce une inspiration durant l’écriture ? 

A. S. : Absolument ! Ce sont des comédies que j’adore. J’adore jusqu’où Will Ferrell pousse ses comédies. On reconnaît très clairement dans le film l’influence des Rois du patin ou des frères Farrelly. Parfois, les gens trouvent que c’est trop américain, mais j’ai envie de garder cette patte, tout en rendant le film accessible. Les personnages sont toujours sincères, c’est toujours ancré dans la réalité, mais l’action va quand même très loin. 

Parlons maintenant des personnages. Qu’est-ce qui vous plaît le plus chez eux ? 

M. Q. : Personnellement, j’adore son évolution. Il est un peu plus doux à la fin. Au départ, c’est un bourrin, puis il s’adoucit. Il a une vraie progression, il baisse le bouclier. Je trouve ça mignon !

« La part d’improvisation est obligatoire pour avoir des acteurs qui sont épanouis en comédie. »

Arthur Sanigou

L. D : J’ai aimé la parodie, de pouvoir être habillée de façon improbable, d’avoir des cheveux fous, d’avoir des répliques à rallonge, un peu insensées. J’aimais bien l’idée de prendre cette voix de mauvais doublage français des années 1990 [rires]. C’est quelque chose que l’on a beaucoup travaillé avec Arthur Sanigou.

Vous avez des séquences de patinage artistique. Comment s’est déroulée la préparation ?

L. D. : Moi et les sports de glisse, c’est vraiment deux choses très éloignées [rires] ! Je suis très mauvaise. Je pensais que ça allait être relativement possible, parce que j’ai pris des cours, mais j’étais une élève décevante. Ça fait extrêmement mal aux pieds, en plus ! Ma prudence fait que je suis extrêmement mal à l’aise sur la glace alors que j’ai fait beaucoup de gym plus jeune. Mais la glisse, un cauchemar [rires] !

Lison Daniel et Matthias Quiviger dans Un stupéfiant Noël. ©Amazon Prime Vidéo

A. S. : Ils ont tous pris des cours de patinage. Ils ont tous galéré, sauf Alice Moitié, qui était excellente ! François Vincentelli a très vite progressé, Ragnar était très mauvais, et jusqu’au bout. On a donc dû faire appel à des doublures.

Il y a une ambiance générale qui donne l’impression d’être face à un film de bande…

A.S. : Je marche toujours en bande. J’aime bien cet esprit-là, qui va bien avec Noël. Par ailleurs, je laisse beaucoup de liberté aux acteurs, mais il y a des barrières, il ne faut pas que ce soit la cour de récré. C’est quand même très cadré. Je leur laisse l’espace pour s’amuser, pour inventer, improviser, mais sans que ce soit le bazar. La part d’improvisation est obligatoire pour avoir des acteurs qui sont épanouis en comédie. Si tu fermes trop le texte, ils vont être malheureux. Typiquement, Éric Judor et Laura Felpin sont des artistes qui vont proposer. J’écoute beaucoup leurs propositions, car ce sont eux qui sont devant la caméra, qui sentent la scène, ce qui marche ou pas. 

L. D. : Personnellement, c’était la deuxième fois que je tournais avec Éric Judor, mais on se connaissait très peu. Il est très amusant, donc fatalement, on se marre. C’est toujours agréable de tourner avec des gens cool. C’était une super ambiance de bande !

L’ambiance du film est légère et la morale optimiste. Était-ce important de garder cette bonhomie des films de Noël ? 

A. S. : La première chose que l’on s’est dite, c’est qu’il nous fallait le père Noël. Tu ne peux pas faire un film de Noël, sans père Noël ! Surtout, je trouve que les films de Noël véhiculent un message très pur qui appuie sur des éléments cognitifs très simples. Je pense qu’il ne fallait pas perdre cela. C’est l’ADN des films de Noël.

Bande-annonce d’Un stupéfiant Noël.

Même si on s’en moque, même si on aime le transgressif, je trouvais ça important qu’à la fin on parte avec une petite émotion qui rassemble et touche ; d’avoir le petit frisson de fin qui donne envie d’être avec sa famille. Je ne voulais pas finir sur une énième ironie qui aurait cassé l’esprit de Noël.  

La ligne entre fiction et réalité est remise en question avec ce changement entre deux personnages et deux mondes. Devoir se faire passer pour quelqu’un d’autre, est-ce une situation que vous avez pu vivre ?

E. J. : J’ai un jumeau et c’est exactement moi. Nous sommes pareils [rires]… Non, ce n’est pas vrai, je n’ai pas de jumeau, mais j’ai une sœur qui me ressemble un peu. Et parfois, on changeait de mec [rires], qu’est-ce qu’on se marrait avec ma sœur ! Plus sérieusement, on m’appelle Ramzy toutes les deux minutes dans la rue. Ce qui est bien, c’est lorsque je fais une incivilité, j’entends des : “Mais Ramzy ! Il est gonflé, dis donc !”

Les films de Noël sont des incontournables de la culture populaire. Est-ce que ce sont des films avec lesquels vous avez grandi ? 

L. D. : C’est assez loin de mes bases, j’en ai regardé assez peu, je ne connais pas très bien le genre. C’est Arthur qui m’a emmenée dans cet univers. C’est ça qui est très intéressant lorsque l’on travaille avec un réalisateur : il nous entraîne dans un univers que lui maîtrise et on découvre sans arrêt de nouvelles choses.

A. S. : La Vie est belle de Frank Capra m’a beaucoup marqué. C’est l’un des premiers films que j’ai vus quand j’étais jeune, avec mon père, et l’un des premiers à m’avoir fait pleurer aussi. La fin est très touchante. 

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M. Q. : Pour ma part, j’ai grandi avec Le Grinch, c’est un classique !

E. J. : Tu n’as qu’à dire mes références !

À propos de références, si vous aviez une recommandation culturelle à faire, laquelle serait-ce ?

E. J. : J’ai adoré L’Innocent de Louis Garrel. C’est formidable, un pur chef-d’œuvre !

M. Q. : Côté comédie, je dois bien sûr mentionner Yannick de Quentin Dupieux avec Raphaël Quenard.

L. D. : Le film Sick of Myself, du Norvégien Kristoffer Borgli, sorti il y a quelques mois. Il est vraiment drôle et cynique, très noir… C’est à crever de rire et très bien écrit. 

A. S. : J’ai beaucoup aimé l’album d’Aliocha Schneider, c’est de la french pop. Je l’ai découvert récemment et j’ai trouvé ça assez mortel. Les mélodies, sa voix… Il a un côté apaisant que je trouve très cool.

Un stupéfiant Noël d’Arthur Sanigou avec Eric Judor, Matthias Quiviger et Lison Daniel, 1h30, le 8 décembre sur Amazon Prime Vidéo.

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