Le mois d’octobre est toujours propice à l’arrivée d’œuvres fantastiques et horrifiques dans les rayons de nos librairies. L’occasion de vous concocter une sélection de mangas à l’ambiance idéale pour frissonner à la lumière des bougies.
Spirale, aux éditions Tonkam : l’art de cultiver les peurs obsessionnelles
Dans le vaste panorama de l’horreur, Junji Itō résonne comme un nom incontournable. Maître absolu du macabre et de l’étrange, il a façonné des univers aussi dérangeants que fascinants, et s’il est une œuvre à redécouvrir pour Halloween, c’est bien son chef-d’œuvre Spirale (Uzumaki en version originale). Dessiné entre 1998 et 1999, le récit plonge ses lecteurs dans un cauchemar viscéral où un paisible village japonais sombre sous le joug d’une malédiction… liée aux spirales.
L’intrigue gravite autour de Kirie Goshima et Shuichi Saito, témoins impuissants d’une obsession dévorante qui s’empare peu à peu des villageois. Ce qui commence par de simples bizarreries se mue rapidement en une série d’événements surnaturels et grotesques, où les corps et les esprits se tordent littéralement sous l’influence oppressante de ces formes omniprésentes. Adapté récemment à l’écran, Spirale reste une œuvre à couper le souffle, parfaite pour une immersion terrifiante.
Doubt, chez Ki-oon : jeu ou traque mortelle ?
Amateurs de thrillers psychologiques ? Doubt est une œuvre à ne pas manquer. Dans ce manga signé Yoshiki Tonogai, l’intrigue se noue autour d’un jeu sur mobile, Rabbit Doubt. Les règles sont simples : les joueurs incarnent des lapins, mais l’un d’eux est secrètement désigné comme le « loup ». Sa mission ? Éliminer les autres participants, un à un. Mais pour cinq joueurs passionnés, la partie va brutalement prendre des allures de cauchemar éveillé.
Yū, Mitsuki, Rei, Hajime, Eiji, et Haruka se retrouvent enfermés dans un hôpital désaffecté. À leurs côtés, le corps sans vie de leur amie Rei. Une seule issue : découvrir qui, parmi eux, s’est transformé en loup et a décidé de faire de Rabbit Doubt une partie mortelle. Entre tension psychologique et suspicions mortelles, chaque geste peut être le dernier. Le lecteur, tout comme les personnages, se retrouve plongé dans une spirale de trahison et de survie, où la vérité semble toujours hors de portée.
Deadman Wonderland, chez Kana : le cauchemar derrière les barreaux
Les fans de survie et de spectacles macabres ne peuvent ignorer la bombe qu’est Deadman Wonderland. Signé Jinsei Kataoka et Kazuma Kondou, cette oeuvre plonge le lecteur dans un univers carcéral aussi terrifiant qu’injuste. Ganta Igarashi, jeune lycéen, est accusé à tort du massacre de sa classe entière et envoyé dans une prison d’un genre bien particulier : Deadman Wonderland, un parc d’attractions où les détenus participent à des jeux mortels pour divertir le public.
Mais sous cette façade de divertissement se cache une réalité bien plus sinistre. Ganta découvre rapidement qu’il possède un pouvoir surnaturel qui le transforme en « Deadman », un prisonnier capable d’utiliser son propre sang comme arme dans des combats impitoyables. Tandis qu’il tente de prouver son innocence, il est entraîné dans une lutte sans merci pour sa survie, où chaque victoire a un prix. Deadman Wonderland mêle habilement violence, suspense psychologique et réflexion sur la justice, dans un récit sombre où l’horreur prend racine dans l’inhumanité des hommes.
Shibatarian, chez Panini manga : l’angoisse devant la caméra
Dès les premières pages, Shibatarian parvient à instaurer une ambiance étrange. Adolescent mystérieux et populaire malgré lui, Hajime Satô méprise ses camarades et préfère rester seul. Un jour, il fait la rencontre de Hajime Shibata, un jeune homme enterré jusqu’au cou par d’autres collégiens devant un cerisier. Liés par une passion commune pour le cinéma, les deux garçons décident rapidement de se lancer dans la réalisation de leur premier film.
Souhaitant trouver une salle pour le diffuser, Satô est confronté au refus violent des autres élèves, qui commencent à le harceler et affirment qu’aucun d’entre eux ne voit ce fameux Shibata. Cette situation enrage le jeune homme, qui finit par s’emporter contre son ami. S’ensuit une grosse dispute, qui fait fuir Shibata. Ce dernier part, et ne donne plus de nouvelles durant plusieurs années.
Cinq ans plus tard, le jeune homme provoque une rencontre avec Satô et lui fait part d’une idée qu’ils avaient partagée lors de leur adolescence : faire un film où il se multiplie, et tue tous les anciens élèves du collège. Avec ses traits soignés et ses dessins perturbants, Shibatarian nous offre une histoire haletante, angoissante et gore. Shibata, qui a sa place dans le podium des pires psychopathes de l’histoire, risque de vous hanter (très) longtemps après avoir refermé le manga.
The Summer Hikaru Died, chez Pika Édition : une histoire de deuil et de double maléfique
Il y a quelques mois, Hikaru a disparu dans la forêt près de son village. À son retour, il semble avoir légèrement changé. Son meilleur ami, Yoshiki, en est persuadé : même s’il lui ressemble beaucoup, celui qui se tient devant lui n’est plus celui qu’il a connu. C’est autre chose. Alors qu’il s’enfonce dans la paranoïa et qu’il n’arrive plus à se défaire de cette idée, des événements inquiétants surviennent dans les environs.
Une ambiance rurale pesante, un personnage seul contre tous qui a vu celui qu’il connaissait si bien se changer en créature dangereuse et un discours sur l’impossibilité du deuil face à une disparition font de cette nouveauté signée Mokumoku Ren un excellent manga pour entamer la saison.
Nétami l’envieux, chez Black Box : la traduction d’un récit autoédité terrifiant
Nétami est un jeune garçon dévoré par l’envie et la jalousie, qui ne peut s’empêcher de souhaiter le malheur des autres, au point de les maudire. L’arrivée d’un nouvel élève dans sa classe va décupler cette envie, et plonger l’établissement dans un bain de sang.
Voici un manga qui a été très remarqué au Japon pour une raison précise : outre son côté grotesque et outrancier, qui ravira les amateurs de gore, son auteur, Toshiko, est passé par l’autoédition pour publier son récit. Un succès de bouche-à-oreille a fini par le faire gagner en popularité et une traduction vient de paraître aux éditions Black Box. Attention : pour public (très) averti.
Remina, chez Delcourt : la fin du monde selon Junji Ito
Un scientifique détecte un corps céleste qui vient de rentrer dans le système solaire, et lui donne le nom de sa fille, Remina. Il se trouve que ce qui se révèle ne pas être un simple astéroïde se dirige ostensiblement vers la Terre. La population mondiale désigne alors un bouc émissaire : Remina elle-même.
Difficile de ne pas sélectionner au moins un manga du maître de l’horreur Junji Ito dans cette sélection. Avec son ton macabre et ses apparitions apocalyptiques surréalistes, l’auteur s’essaie ici au genre de l’horreur cosmique façon Lovecraft, avec ses foules de fanatiques en colère et ses entités spatiales quasi indescriptibles. À consommer sans modération pour les amateurs de cauchemars et d’humour très noir.
The Promised Neverland, chez Kazé : un thriller fantastique sur des enfants élevés comme du bétail
Dans un orphelinat en apparence idyllique, des enfants découvrent avec stupeur qu’ils sont en réalité élevés pour leur viande par des créatures monstrueuses et anthropophages. Surveillés de près par des matrones faussement bienveillantes, ils vont devoir trouver un plan pour s’échapper de ce qui se révèle être une prison à ciel ouvert.
Posuka Demizu a signé ici l’un des shonen horrifiques les plus cultes de la décennie passée, quelque part entre Death Note et Prison Break. On se passionne pour les aventures de ce groupe d’écoliers soumis à une pression extrême et qui pourraient finir dévorés sauvagement au moindre faux pas. À découvrir dès 12 ans.
Harasaki, chez Omaké Books : l’adaptation d’un roman culte sur les légendes urbaines
Peu avant son mariage, une jeune fille décide de retourner dans son village natal, connu pour ses légendes urbaines effrayantes. À son arrivée, elle débarque dans ce qui semble être une version cauchemardesque et onirique de l’endroit, à la manière d’un Silent Hill, et va progressivement se retrouver confrontée à des versions bien réelles des histoires d’épouvantes locales.
Harasaki, première série de la dessinatrice Sakura Shino, c’est avant tout l’adaptation d’un roman immédiatement devenu culte au Japon lors de sa parution en 2017, et considéré comme l’un des livres horrifiques nippons les plus importants publiés depuis des années. Si ce phénomène éditorial n’est pas encore parvenu jusqu’à nous, on se consolera volontiers avec cette adaptation en manga assez fidèle en deux volumes.
Pumpkin Night, chez Mangetsu : un slasher garanti 100 % gore
Un à un, les lycéens d’une classe se font massacrer de manière extraordinairement sanglante par une jeune fille portant une citrouille en guise de masque. Ils en sont absolument certains : il s’agit de Naoko, une élève que tous les élèves ont persécutée quelque temps plus tôt, et qui serait revenue pour se venger.
Nous tenons là un récit extrêmement brutal, signé Seima Taniguchi et Masaya Hokazono, qui reprend les codes des slashers des années 1980 pour les pousser dans leurs derniers retranchements, et qui nous livre la vision d’un conte horrifique du point de vue du monstre. On le réservera bien entendu à un public capable d’encaisser une telle violence graphique, mais dans son genre, c’est un must.
L’École emportée, chez Glénat : le classique parmi les classiques du fantastique japonais
Une classe d’écoliers de primaire se retrouve brutalement projetée dans un endroit étrange, hostile, et désertique. Livrés à eux-mêmes, abandonnés par des adultes incapables d’assurer leur protection, ils vont devoir trouver des ressources pour survivre et pour se protéger.
Si vous demandez à un Japonais de vous citer un classique du manga d’épouvante, la saga de Kazuo Umezu et ses enfants abandonnés dans un monde dystopique arriverait sans doute assez vite dans la conversation. Cette œuvre intemporelle, devenue un genre de récit à part entière dans la SF japonaise, dans laquelle on retrouve souvent cette notion de classe déplacée dans un monde affreux, est à découvrir ou à redécouvrir de toute urgence. Et elle n’a pas pris une ride.
Call of the Night, chez Kurokawa : l’appel de la vie nocturne façon vampire
Kô Yomori est un collégien insomniaque qui passe ses nuits à errer dans les rues de Tokyo. Fasciné par la vie nocturne et le monde des adultes, il va faire la connaissance de Nazuna, une jolie vampire, et lui demander de le transformer en immortel. Nazuna refuse : pour ce faire, il doit d’abord impérativement tomber amoureux d’elle.
Si les premiers moments de Call of the Night évoquent plutôt une comédie mélancolique, style de prédilection de Kotoyama, cette bande dessinée inclut rapidement des éléments de plus en plus inquiétants, à mesure que Kô se rapproche du monde des morts-vivants – et des dangers bien réels pour un collégien qui erre seul dans une ville bouillonnante et interlope. Idéal si vous cherchez un récit fantastique teinté de romance et de mystère.
Dai Dark, chez Soleil : entre horreur et comédie absurde
Sanko est un jeune homme qui arpente le cosmos en fuyant de (trop) nombreux poursuivants : une légende prétend que quiconque mettra la main sur son squelette verra ses vœux exaucés. En compagnie de son étrange sac à dos parlant, il file donc de planète en plan astral et de vaisseau spatial en dimension parallèle en essayant d’échapper à d’étranges chasseurs de prime.
Dai Dark emprunte énormément au registre du manga d’horreur, avec son bestiaire distordu et inquiétant, mais c’est surtout pour vous proposer un énorme cocktail d’action sanglante et d’humour sinistre, absurde et farfelu. Visuellement très créatif, il s’agit d’une petite pépite signée par la mangaka Q Hayashida, déjà à l’œuvre sur le sublime Dorohedoro, qui présentait le même ton horrifico-comique.
The Ancient Magus Bride, chez Komikku : car tous les récits avec des monstres ne doivent pas être horrifiques
Chise, qui a la capacité de voir les créatures surnaturelles, a été abandonnée par sa famille, qui la prenait pour une enfant maudite. Vendue aux enchères à un sorcier étrange au crâne squelettique, elle va devenir son « épouse » (comprendre ici : son apprentie) et commencer à découvrir le monde de l’occulte qui l’entoure. Lors de ce récit initiatique, elle va progressivement devenir une sorcière, mais aussi nouer une relation de plus en plus proche avec son mystérieux maître.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un récit d’horreur, mais le manga de Kore Yamazaki oscille entre romance et thriller surnaturel, en basculant graduellement vers des territoires plus sombres et plus inquiétants. Immense succès au Japon, The Ancient Magus Bride a été adapté plusieurs fois en anime et a engendré de nombreux spin-offs. Si vous aimez les créatures fantastiques, mais que vous voulez éviter la dimension purement épouvante, ce manga ne pourra que vous parler.