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Le monde était-il meilleur avant Internet ?

22 juillet 2023
Par Kesso Diallo
À une époque où Internet semble indispensable, certaines personnes préféreraient vivre sans.
À une époque où Internet semble indispensable, certaines personnes préféreraient vivre sans. ©GaudiLab / Shutterstock

Bénéfique à bien des égards, Internet s’accompagne aussi d’inconvénients, ce qui peut expliquer pourquoi certains aimeraient vivre sans.

Échanger sur les réseaux sociaux, regarder des films sur son ordinateur, s’informer… Depuis plusieurs décennies, Internet nous permet d’effectuer une pléthore de choses en ligne, facilitant notre vie. Malgré cela, de nombreux Américains ont récemment affirmé qu’ils préféreraient revenir à une époque plus simple, soit avant que l’humanité ne soit connectée et que nous soyons collectivement obsédés par les écrans et les réseaux sociaux. Mais pourquoi ? Le monde était-il vraiment meilleur avant Internet ? Explications.

Un monde bien différent

« Imaginez pouvoir communiquer en même temps avec 10 millions de personnes dans le monde entier. Imaginez avoir un accès direct à des catalogues de centaines de bibliothèques ainsi qu’aux toutes dernières informations sur l’actualité, le business ou la météo. Imaginez pouvoir accéder à des conseils médicaux ou des astuces en jardinage d’experts du monde entier en un instant. »

Ces propos ont été tenus par Neal Conan, journaliste de NPR, il y a 30 ans. « Ce n’est pas un rêve. C’est Internet », a-t-il poursuivi. À cette époque, le World Wide Web – inventé par Tim Berners Lee en 1989 – faisait son entrée dans le domaine public, permettant à Internet de devenir accessible au grand public.

Avant son arrivée, le monde était différent à bien des égards : il était nécessaire d’aller au cinéma pour regarder des films et de se déplacer dans des magasins pour acheter des produits. La musique, elle, ne s’écoutait pas sur Spotify ou Apple Music comme c’est le cas aujourd’hui, mais à l’aide de supports physiques, comme les vinyles ou les CD. Internet a aussi révolutionné le monde de la recherche et de l’éducation, épargnant à certains et certaines le passage obligatoire par la bibliothèque pour obtenir des informations. Enfin, les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée étaient loin d’exister.

Vivre à une époque sans Internet et sans smartphones

Un article de Slate publié le mois dernier donne par ailleurs un aperçu de ce à quoi la vie avant les smartphones, au début des années 2000, ressemblait. D’après les témoignages de diverses personnes, à cette époque, il fallait payer pour chaque appel entrant sur son téléphone portable et une personne n’appelait pas le portable d’une autre pendant la journée de travail, le faisant seulement si c’était très important. De plus, lorsqu’on se donnait rendez-vous, il n’était pas possible d’envoyer un SMS pour prévenir de son retard ou de son absence : les gens emportaient donc un livre avec eux, pour s’occuper le temps que l’autre arrive (ou pas).

À cette époque, pas question d’aller sur Internet pour vérifier directement si une information est vraie ou fausse. Résultat : les disputes dans les bars ou autour d’un dîner pouvaient durer plusieurs jours. Au début des années 2000, l’absence d’Internet se traduisait aussi par l’absence de travail en dehors des horaires de boulot. Alors qu’aujourd’hui, nous pouvons être joints tôt le matin ou tard le soir par SMS, email ou sur des plateformes collaboratives comme Slack, ce n’était pas du tout le cas à l’époque. À quelques exceptions près, une fois sortis du bureau, les employés ne ramenaient pas de boulot à la maison.

Un monde aux nombreux problèmes

Aujourd’hui, l’idée que personne ne puisse nous joindre une fois les heures de travail terminées nous paraît impossible, surtout depuis la pandémie et la hausse du télétravail qui s’est ensuivie. Alors que la frontière entre vie professionnelle et personnelle devient floue, avec des travailleurs de plus en plus connectés en dehors des heures de bureau, la France a été le premier pays, en 2017, à intégrer un droit à la déconnexion dans la loi. Celui-ci stipule qu’un employé est en droit de ne pas être connecté aux outils numériques professionnels (téléphone portable, courriels, etc.) hors des horaires de travail.

Si ce problème peut expliquer pourquoi certaines personnes souhaiteraient revenir à une époque pré-Internet, il est loin d’être le seul. Bien qu’Internet ait facilité nos vies à bien des égards, il s’accompagne aussi d’inconvénients, à commencer par le temps que nous passons devant les écrans. Selon le dernier baromètre du numérique, 87 % des Français possèdent un smartphone et ils regardent un écran 32 heures par semaine en moyenne. Nous passons une large partie de notre temps libre à utiliser nos appareils numériques, au détriment d’autres activités (sport, lecture, restaurant, voyages…) 

Les réseaux sociaux sont aussi problématiques en eux-mêmes, pouvant entraîner une addiction, notamment chez les jeunes. En permettant à leurs utilisateurs de communiquer, ces plateformes les exposent également à des contenus dangereux qui peuvent nuire à leur santé mentale. Autre problème : alors qu’avant, il n’était pas possible de vérifier ce qui était vrai ou non sur Internet, il est aujourd’hui difficile de distinguer les vraies informations des fake news qui prolifèrent sur les réseaux sociaux. À cela s’ajoutent les progrès de l’intelligence artificielle (IA) : depuis leur lancement, les systèmes comme ChatGPT ou Midjourney sont en effet utilisés pour générer de faux contenus, qui sont ensuite diffusés sur les réseaux sociaux, trompant ainsi de nombreux internautes. Autant de problèmes qui peuvent expliquer pourquoi certains souhaitent revenir à une époque plus simple.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste