En 2024, il partira explorer Phobos, une petite lune de Mars. Ce robot franco-allemand sera intégré à la mission japonaise MMX et aura pour mission d’explorer le satellite martien qui mesure une vingtaine de kilomètres d’envergure.
En juin dernier, lors du Salon du Bourget, salon de l’aéronautique et de l’espace, le Cnes français (Centre national d’études spatiales) et le DLR, l’agence spatiale allemande, ont annoncé un accord avec la mission japonaise de la Jaxa (l’organisation chargée du développement du programme spatial japonais). Celle-ci a lancé en 2015 son programme MMX (Martian Moons Exploration). Voilà désormais que le rover franco-allemand est officiellement associé au projet. Et a été baptisé d’un nom célèbre dans le monde entier.
Pourquoi un rover nommé Idefix ?
Le choix de ce nom peut surprendre, mais il s’inscrit en réalité dans la lignée de l’histoire spatiale française. En effet, le 23 novembre 1965, la France envoie en orbite son premier satellite baptisé Astérix. Une référence au très populaire héros de bande dessinée qui avait pour seule véritable peur que le ciel lui tombe sur la tête. Pour un satellite envoyé dans l’espace, c’était un pied de nez bien dans l’esprit des irréductibles Gaulois.
En 2002, une association de radio-amateurs, Amsat-France, expédie, par le biais d’Ariane-4, un autre satellite nommé cette fois… Idefix. Hélas, ce pico-satellite de six kilos, toujours en orbite, n’a plus donné signe de vie depuis longtemps. En effet, en seulement un mois, ses batteries se sont vidées. Mais le Cnes n’a pas voulu y voir un signe de malchance et a décidé de nommer son nouveau rover Idefix. Il « correspond parfaitement au rôle d’éclaireur que devra remplir le rover vis-à-vis de la mission. Nul doute qu’il fera preuve de suffisamment de flair et de ténacité pour relever l’ensemble de ses défis ! », explique le Cnes sur Twitter.
Quelles sont les caractéristiques d’Idefix ?
À l’instar du petit chien de la bande dessinée, le robot affiche des mensurations relativement réduites. Il pèse 25 kilos pour une hauteur de 41,5 cm. Son encombrement est assez similaire à celui d’un micro-onde. Il possède deux caméras de navigation, une caméra 4K, un radiomètre miniRAD et un spectromètre RAX Raman. Il est également doté de roues évidées qui doivent lui permettre de progresser sur la surface de Phobos malgré d’éventuels obstacles.
L’appareil est surélevé pour éviter d’être bloqué par une pierre, par exemple. Enfin, Idefix possède une vitesse maximale d’un millimètre par seconde. Cela représente tout de même 3,6 mètres par heure. Lentement, mais sûrement, espère-t-on. En effet, s’il allait plus vite, en raison de la faible gravité, le robot pourrait finir par s’envoler.
Quelle mission pour Idefix ?
Le robot va être lâché par la sonde japonaise à une hauteur de 50 mètres ! Mais tout devrait bien se passer. En raison de la gravité très limitée sur Phobos, un satellite d’une vingtaine de kilomètres d’envergure seulement, la chute sera largement amortie. « Comme la gravité est très faible sur Phobos, c’est comme si on était largué d’une hauteur de 10 cm sur Terre, assure Stéphane Mary, le chef de projet au Cnes. Le rover est robuste. Il va encaisser l’impact et faire des roulés-boulés sur 30 mètres avant de s’immobiliser. » Les premiers tests sur Terre sont encourageants. Même si, par malchance, Idefix atterrit sur une pierre.
Il reste cependant beaucoup de zones d’ombre, car Phobos est mal connue. On dispose de quelques (mauvais) clichés de cette lune. Le robot aura donc pour mission d’explorer sa surface pendant environ 100 jours. Un temps minimum nécessaire au regard de son allure réduite. Enfin, si tout se passe bien, il pourrait revenir sur Terre cinq ans après avoir quitté la Planète bleue.
En quoi consiste le programme MMX ?
Cette mission MMX des Japonais a été initiée en 2015 et prendra place de septembre 2024 à 2029. Elle est composée de trois modules distincts ayant chacun un objectif. Le premier servira principalement à la propulsion. Il aura pour tâche d’emmener les deux autres éléments jusqu’aux lunes de Mars. Le voyage devrait durer un peu moins d’un an.
Le deuxième module est composé d’une sonde et du petit robot franco-allemand. Leur but est d’effectuer une phase d’étude en quasi-orbite puis de se poser sur la petite lune Phobos. Là, la sonde récoltera 10 grammes de matière, larguera le rover avant de s’élancer vers une autre petite lune, Deimos pour effectuer une série de survols. Enfin, le troisième module aura pour mission de rapporter les échantillons prélevés sur Terre. Il devrait être de retour en 2029, si tout se passe sans difficulté.