« Ça a déjà commencé », affirmait l’énigmatique Masaru en parlant du règne d’Akira dans le film légendaire de 1988. Aujourd’hui, on pourrait dire la même chose du renouveau du manga de science-fiction. Une chose est sûre : l’avenir s’annonce plein de surprises.
Ces dernières années ont vu émerger de nouvelles séries de mangas passionnantes en lien avec la science-fiction. D’autres, très prometteuses, sont même déjà annoncées pour le mois de mai en France. Mais, avant de décortiquer ces sorties qui méritent toute l’attention des amateurs du genre, voyons de quelle manière la SF a opéré sa mutation au travers du manga et quelles sont les périodes charnières de son évolution.
Nous laisserons donc ici de côté les œuvres un peu trop centrées sur les méchas ou celles qui sont uniquement rattachées au fantastique pour retenir surtout les mangas qui parlent d’exploration spatiale, de futurs alternatifs ou de lendemains post-apocalyptiques. Dans un souci de clarté chronologique, les dates concernent les premières parutions japonaises. Notre sélection est bien sûr non exhaustive et exclut tout ce qui touche à l’animation.
Les précurseurs déjà au firmament
On a souvent tendance à faire remonter les débuts du manga japonais de science-fiction à 1948 avec la publication de Lost World, dans lequel Osamu Tezuka raconte comment une mystérieuse planète peuplée de dinosaures se rapproche dangereusement de la Terre. Un récit qui se prolonge ensuite dans Metropolis et Next World pour former une trilogie qui a marqué de nombreux auteurs de SF à venir. Mais c’est surtout Astro Boy qui, dès 1952, a largement contribué à populariser le genre.
Connues et appréciées dans le monde entier, les aventures du petit robot Astro ont beau soulever d’intéressantes questions autour d’un futur où coexistent humains et machines, elles sont pourtant loin d’être la seule incursion du maître dans le domaine de la SF. S’il ne fallait lire qu’un manga de Tezuka, nous vous conseillerions sans hésiter Phénix : l’oiseau de feu, sans doute le chef-d’œuvre de sa vie et son plus beau testament.
Lancée en 1954 pour ne s’achever qu’une bonne trentaine d’années plus tard en 1988, cette fresque inclassable renferme plusieurs segments futuristes très marquants dont la portée philosophique est à la hauteur des ambitions du maître. L’intégrale publiée actuellement en français chez Delcourt/Tonkam lui rend d’ailleurs un très bel hommage.
Très marqué lui aussi par les ravages de la Seconde Guerre mondiale, Mitsuteru Yokoyama dresse le profil de robots géants autonomes dévastateurs dès 1956 avec la publication de Tetsujin 28-gô. Son œuvre a influencé des générations entières de mangakas, même si la plupart de ses titres restent malheureusement inédits en français.
Si Tezuka se passionne pour tous les genres, le mangaka Shôtarô Ishinomori s’oriente dès ses débuts vers la science-fiction et les récits futuristes. Avec Cyborg 009 (1964), Genma Wars (1967) puis Kamen Rider (1971), il réinvente le concept de super-héros pour lui insuffler une aura typiquement japonaise.
Dans son manga Le Voyage de Ryû (1970), il imagine le périple haletant d’un voyageur spatio-temporel qui sort d’hibernation pour découvrir qu’il s’est écrasé sur une planète primitive. Et c’est ce même Ishinomori qui créera en 1978 le concept du film Les Évadés de l’espace et de la série Ginga Taisen, plus connue chez nous sous le nom de San Ku Kaï et fortement influencé par Star Wars.
Parti depuis peu pour son voyage ultime vers les étoiles, Leiji Matsumoto restera pour toujours une légende du manga de SF japonais. On lui doit tant de séries qui nous ont fait rêver, en manga ou en animation, qu’on ne peut évidemment pas lui rendre justice en quelques lignes. Son œuvre pléthorique renferme des sagas de space opera vraiment mémorables, au-delà des indispensables Captain Harlock (Albator), Queen Emeraldas ou Galaxy Express 999 parus à partir de 1977. Mais, en 1968 déjà, il explorait l’horizon de l’univers intersidéral dans divers récits au sein desquels la temporalité occupait une place majeure.
Le mangaka est à l’origine d’un véritable « Leijiverse » qui a la particularité de convoquer les mêmes personnages dans des chronologies différentes s’inscrivant dans une logique de boucle temporelle (toki no wa). En matière de SF plus traditionnelle, l’auteur a également signé le manga Danguard A (1977) et permis la création du phénomène Uchû Senkan Yamato (Cosmoship Yamato), qui constitue dès 1974 le ciment de ses questionnements autour de l’espace et du temps.
L’année 1977 est aussi celle de la publication du manga Destination Terra de Keiko Takemiya, récemment édité en France par naBan Éditions en trois volumes. L’épuisement des ressources naturelles de la Terre a poussé les humains à se réfugier dans une colonie interstellaire, mais de nouveaux types de discriminations émergent, forçant certains individus à vivre cachés.
Très marqué par le manga Lost World de Tezuka, le jeune Gô Nagai va lui aussi devenir une figure clé du manga de SF japonais. Découvert en France avec la diffusion de l’anime Goldorak adapté de son œuvre UFO Robot Grendizer (publiée à partir de 1975 au Japon), il explore les possibilités offertes par le manga bien au-delà de la seule science-fiction.
On lui doit notamment la très polémique École impudique, mais aussi les séries Cutie Honey, Devilman ou Mazinger Z. Lorgnant régulièrement vers le fantastique et l’horreur, les mangas de Gô Nagai ont marqué les esprits, au Japon comme ailleurs, et son influence dans le domaine de la SF reste considérable.
1980-1990 : la science-fiction devient ambitieuse
Avec de telles sources d’inspiration, les esprits des futurs auteurs de mangas bouillonnent de créativité dans les années 1980 et notre travail de sélection nous oblige ici à ne retenir que les moments vraiment charnières dans l’évolution du genre. Après la publication coup de poing de l’audacieux Space Adventure Cobra de Buichi Terasawa en 1979, les mangakas vont redoubler d’originalité pour se faire une place dans une catégorie de plus en plus prisée.
En 1982 est lancée une série qui va devenir une véritable révolution planétaire. Vous l’aurez deviné, il s’agit du manga Akira de Katsuhiro Ôtomo, que beaucoup d’entre nous ont découvert à travers le film d’animation de 1988. Y a-t-il un avant et un après Akira ? Très certainement. En tout cas, le monde de la science-fiction ne sera plus jamais le même.
Ce récit dystopique (qui va d’ailleurs beaucoup plus loin sous sa forme papier que dans sa déclinaison animée) n’a pas vraiment d’équivalent, dans le sens où il a véritablement permis d’ancrer le manga et l’animation japonaise sur des rails autrement plus ambitieux. Mais l’impact causé par Akira ne doit pas faire oublier les autres récits marquants signés Otomo, à l’instar de Dômu, Zed ou Mother Sarah, ainsi que son rôle majeur dans la production animée de SF.
Autre pilier de la science-fiction, Yukinobu Hoshino marque les esprits en 1984 avec son chef-d’œuvre 2001 Nights Stories, dont on devine assez facilement l’hommage rendu au film de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace. Ce recueil d’histoires courtes qui n’ont pas de lien direct entre elles peut se lire comme un condensé de ce que le genre propose alors au travers du manga, mais aussi du cinéma et de l’animation.
Sa lecture est à prendre un peu comme un voyage s’étalant sur plusieurs siècles dans l’avenir et permettant à notre esprit de s’évader sans but précis. Et si l’humanité ne pouvait s’empêcher de poursuivre ses conflits mondiaux sur d’autres planètes, en quête de nouvelles ressources précieuses ? De 1985 à 1995, l’engouement pour la SF permet de voir émerger les propositions les plus diverses et inventives.
D’Appleseed (1985) à Venus Wars (1986), en passant par Silent Möbius (1989), The Ghost in the Shell (1989) ou Gunnm (1990), cette nouvelle décennie révèle au monde les noms de Masamune Shirow, Yoshikazu Yasuhiko (indissociable aussi de la saga Gundam), Kia Asamiya ou Yukito Kishiro.
En 1995, le phénomène Neon Genesis Evangelion en animation retourne les cerveaux et s’offre sans tarder sa propre déclinaison manga. Une logique inversée qu’avait déjà suivie une autre grande saga de SF intitulée Les Héros de la galaxie, qui était inspirée d’un anime lui-même tiré d’un roman très populaire au Japon. Même chose pour Cowboy Bebop, dont le manga est adapté de l’anime à succès de 1998 réalisé par les studios Sunrise.
Mais, à l’approche de la fin du siècle, les thématiques s’assombrissent à nouveau et les travaux de Tsutomu Nihei traduisent assez bien l’inquiétude qui agite les esprits. Avec BLAME!, le mangaka remet sur la table la question de la cybernétique, de l’intelligence artificielle et des humains augmentés. S’il faisait rêver à ses débuts, le futur revêt désormais des allures de menace au sein d’une création manga qui s’apprête encore à se transformer.
IIIe millénaire : vers une SF plus réaliste et responsable
À la veille du nouveau millénaire, Makoto Yukimura ignore qu’il marquera bientôt les esprits avec son manga historique Vinland Saga et a plutôt les yeux tournés vers les étoiles. Sa série Planètes s’apprête à ramener la science-fiction vers des préoccupations plus réalistes et responsables. On y suit le quotidien d’un petit groupe d’éboueurs de l’espace confrontés à un nouveau fléau inattendu pour l’humanité : celui de la pollution spatiale.
Dans cet avenir alternatif envisagé comme un futur plausible, des astronautes sont formés pour récupérer les débris spatiaux qui gravitent en orbite autour de la Terre. Mais en dépit des risques qu’ils sont obligés de prendre au quotidien, ce métier reste assez mal considéré par la société.
Cette œuvre originale qui s’affranchit des routines habituelles du genre n’est pas la seule à démontrer qu’un vent de maturité commence réellement à souffler sur la science-fiction à partir des années 2000. Il faudra néanmoins attendre la fin 2007 pour trouver un autre représentant révélateur de cette transformation du manga de SF au Japon avec le lancement de Space Brothers par le mangaka Chûya Koyama.
Transposée en série animée mais aussi en film live, cette longue fresque en 42 volumes a le mérite de garder les pieds sur Terre en présentant l’aventure spatiale comme un rêve réservé à peu d’élus. Deux frères passionnés par les étoiles et animés par le désir de voler vers la Lune réaliseront pourtant l’impossible en devenant de vrais astronautes, chacun à leur rythme et à leur façon. Une belle histoire qui invite à ne jamais abandonner l’espoir malgré les aléas de la vie.
2011-2018 : les signes d’une volonté de renouveau
Ces dix dernières années ont vu émerger des titres au potentiel indéniable qui ne se contentent pas de revisiter le genre, mais proposent des orientations narratives souvent très inattendues. Dans Terra Formars (2011), Yû Sasuga imagine un scénario catastrophe dans lequel la survie de l’espèce humaine réside dans la terraformation de la planète rouge par des cafards. Mais les insectes mutent au point de convoiter la domination de Mars, puis de la Terre. Une manière provocatrice de revisiter la théorie de l’évolution à travers un futur cataclysmique où s’opposent des êtres qui n’ont plus grand-chose d’humain.
Adapté d’un light novel (roman) japonais, le manga All you Need is Kill (2014) paraît en même temps que le film Edge of Tomorrow avec Tom Cruise, dont il partage le même point de départ. Tous deux racontent l’histoire d’un homme piégé dans une boucle temporelle dont il ne parvient pas à sortir, prisonnier d’un éternel cauchemar. Pour se renouveler, la SF doit miser sur des scénarios inédits, loin des clichés du genre, et Hiroya Oku (l’auteur de Gantz) l’a bien compris lui aussi.
En 2014, dans Last Hero Inuyashiki, il imagine l’histoire improbable d’un vieil homme qui n’a plus rien à espérer de la vie, mais qui se voit subitement transformé en robot après avoir été percuté par un ovni. Difficile de faire plus étrange comme pitch et pourtant ce manga en dix tomes est stupéfiant d’efficacité.
Depuis les points de vue opposés de deux individus dotés de pouvoirs hors normes, l’auteur nous invite à nous interroger sur la manière dont nous agirions si nous étions l’équivalent des dieux. Son antagoniste n’est pas sans rappeler Yagami Light de Death Note et le suspense est à son comble jusqu’au dénouement alors que l’on s’attache désespérément au véritable héros de l’histoire, ce vieillard déterminé à faire le bien jusqu’à son dernier souffle.
Ces années de transition très inspirantes pour les auteurs de manga ont vu paraître plusieurs autres belles initiatives couvrant le large spectre de la SF. Avec Nos temps contraires (2016), sous-titré « Je ne te laisserai pas mourir », l’autrice Gin Toriko s’essaie à une SF plus réfléchie et poétique. Elle s’appuie sur des personnages complexes en quête de liberté, issus d’une humanité contrainte de se réfugier dans l’espace pour survivre.
De l’autre côté du spectre de la science-fiction, Hitotsu Yokoshima et Sai Ihara dépoussièrent en 2018 le classique La Guerre des mondes dans un manga hommage à l’une des œuvres éternelles du genre et à son créateur H.G. Wells. Preuve que la SF continue d’exister sous toutes ses formes pour un public aussi friand de nouveauté que de nostalgie.
Les séries en cours à suivre de très près
Même si tout ou presque semble avoir été expérimenté pour renouveler le genre, la SF continue d’être la muse privilégiée de nombreux auteurs de mangas, qui parviennent encore à nous surprendre. Récemment révélée par son adaptation animée disponible sur Disney+, la série Tengoku Daimakyô a commencé à être publiée en France sous le titre A Journey beyond Heaven en 2018. Les questions post-apocalyptiques reviennent sur le tapis dans un Japon ravagé par un cataclysme où deux adolescents s’efforcent d’échapper à des créatures dévoreuses d’hommes.
C’est à peu de choses près le même point de départ que choisit Yû Ishihara dans son manga intitulé La Fin du monde avec mon shiba inu (2018), mais en détournant les éléments surnaturels pour se focaliser sur le caractère très atypique de son duo. Ce qui n’empêche pas son chien de race shiba de se montrer souvent plus sensé que sa maîtresse en philosophant à tout-va sur ce qu’est devenu ce monde désormais en ruine.
L’année 2021 a ensuite vu la sortie de deux séries de SF attendues de pied ferme par les lecteurs avisés. Si Nier Automata : opération Pearl Harbor reprend bon nombre d’idées déjà mises en place dans le jeu vidéo éponyme avec son escouade de guerrières androïdes, le manga Leviathan s’apparente davantage à un exercice de style visuel pour son auteur Shiro Kuroi.
Capable de proposer des planches détaillées avec un réalisme parfois sidérant, ce mangaka nous plonge dans les découvertes macabres de pilleurs d’épaves sur fond de battle royale entre adolescents. Le troisième et dernier volume de Leviathan est attendu de pied ferme le 1er juin.
Un retour en force de la SF en mai
Terminons ce voyage aux confins de l’espace avec une petite sélection de trois mangas programmés courant mai dans notre pays. Lancée en 2021 au Japon, Gestalt est une toute nouvelle série de science-fiction aux allures de thriller qui bouscule une société fictive dominée par la loi du chacun pour soi.
Mais, lorsqu’un compte à rebours apparaît dans le ciel, tout bascule. Aspirés dans un cube géant, deux adolescents découvrent qu’ils viennent de pénétrer dans une sorte d’arche de Noé visant à réinitialiser l’humanité. Une mission qui implique aussi l’éradication de toute forme de vie sur la Terre actuelle. Nos héros sauront-ils s’y résoudre ?
Le premier tome (disponible à partir du 4 mai aux éditions Ki-oon) ne perd pas de temps pour mettre en place toutes les pièces de son puzzle, car le récit doit être bouclé en trois volumes. L’auteur Ringo Yôtô y pose un dilemme insoluble qui parlera à tout le monde, par le regard d’un jeune égoïste qui n’a pas franchement le sens de l’entraide et du sacrifice de soi.
Comme dans le manga Bosse ou crève, la question d’éradiquer les membres les moins productifs de la société se pose dans toute son absurdité pour le bien de l’espèce humaine. La voie de la raison est féminine, mais saura-t-elle se faire entendre des autres élus qui ont entre les mains un pouvoir dont ils ne comprennent pas la mesure ? Reste à savoir si le manga saura s’affranchir correctement des clichés concernant les nationalités des protagonistes pour dépasser le stade des archétypes.
De son côté, Glénat a choisi de remettre à l’honneur en version Deluxe à partir du mois de mai une œuvre majeure de l’auteur de BLAME!, que celui-ci avait démarrée en 2004 au Japon. Dans Biomega, Tsutomu Nihei nous livre sa propre vision du XXXIe siècle à travers un récit ambitieux et captivant.
Suite à une délicate mission d’exploration sur la planète Mars, des phénomènes étranges se produisent sur Terre et l’humanité doit se défendre contre la propagation d’un virus mortel ravageur. Le protagoniste n’a que 15 heures pour intervenir avant que toute la planète ne soit infectée.
Le héros de Biomega est un être synthétique envoyé au cœur d’une cité infectée pour l’assainir, tout en évitant que le virus ne change ses habitants en drones zombifiés. Mais, au cours de sa mission, l’agent découvre que certains individus sont totalement immunisés contre à cette contamination. Très graphique, ce manga – que l’on imaginerait bien en jeu vidéo – aborde, d’une certaine façon, l’idée d’une épuration de la race humaine par une race d’êtres soi-disant supérieurs.
Un propos cyberpunk très noir (dans le fond comme dans la forme), à mi-chemin entre Akira et Blade Runner, sur fond de désir d’immortalité. Cette nouvelle édition de Biomega en très grand format permettra de compiler la série en seulement trois volumes, contre six pour l’édition précédente.
Si tous les auteurs semblent s’accorder pour dépeindre un avenir funeste, terminons sur une note légèrement plus optimiste dans la manière d’aborder ce qui sera peut-être le futur de notre planète. Début mai, les éditions Vega Dupuis lancent la série The Commonbread, et son héroïne pourrait bien nous donner une vraie leçon de bravoure. Lancé en 2018 au Japon, ce manga signé Mujiha traduit la volonté de vivre d’une jeune survivante dans un monde futuriste entièrement dévasté.
Alors que l’espèce humaine est réduite à se nourrir exclusivement de pain préfabriqué appelé « commonbread », notre héroïne décide de partir explorer les ruines de la civilisation à la recherche d’autres aliments ayant existé. Si ce périple en territoire hostile ne s’annonce pas sans danger, cette série en quatre tomes dégage surtout une aura positive qui en fait une proposition vraiment originale dans le registre du récit d’anticipation.