PDG d’OpenAI, la société à l’origine du célèbre robot conversationnel, Sam Altman est aussi investi dans un autre projet depuis trois ans, appelé Worldcoin, entre cryptomonnaie, identité numérique et revenu universel. Explications.
Sam Altman. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez sûrement le chatbot lancé par OpenAI, l’entreprise qu’il dirige : ChatGPT. Dévoilé fin 2022, ce robot conversationnel ne cesse de faire parler de lui et a propulsé l’intelligence artificielle (IA) sur le devant de la scène. OpenAI a aussi lancé d’autres produits d’IA, à l’instar de Dall-E, qui permet de générer des images. Cette technologie n’est pourtant pas la seule qui suscite l’intérêt de Sam Altman. En 2020, il a lancé un autre projet baptisé Worldcoin. Explications.
Garantir un accès universel à l’économie mondiale
Derrière Worldcoin figure la société Tools for Humanity. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un projet d’IA, il a tout de même un rapport avec cette technologie. Avec sa société, Sam Altman cherche en effet à répondre aux changements sociétaux provoqués par celle-ci, notamment dans le monde du travail. Elle prévoit d’utiliser la cryptomonnaie pour offrir un revenu universel de base à tous les individus du monde, ambitionnant de garantir un accès universel à l’économie mondiale. Worldcoin est ainsi défini comme étant « un protocole open source, soutenu par une communauté mondiale de développeurs, d’individus, d’économistes et de technologues engagés à élargir la participation et l’accès à l’économie mondiale ».
Une personne doit prouver qu’elle est réelle et unique avant de s’inscrire à Worldcoin, ce qu’elle fait avec l’Orb, un appareil d’imagerie qui capture et traite les images d’un individu, ainsi que son motif d’iris unique.
La garantie de cet accès se ferait grâce à la cryptomonnaie Worldcoin, créée de toute pièce par Tools for Humanity et que la société veut distribuer gratuitement à l’ensemble de l’humanité. Les individus peuvent recevoir des jetons Worldcoin sur une application, World App, disponible jusqu’ici en beta et que l’entreprise vient de lancer. Il s’agit d’un portefeuille numérique permettant aux utilisateurs d’effectuer des achats et des transferts à l’échelle mondiale avec les jetons, d’autres actifs numériques, ainsi que les devises traditionnelles. Mais, pour le moment, ces jetons sont bloqués sur l’application. Le projet quant à l’utilisation de ces derniers est d’ailleurs flou actuellement, la société indiquant par exemple qu’ils permettront d’assurer « la gouvernance future », sans donner plus de détails.
Prouver son humanité et son unicité
La première étape de ce projet consiste à contrôler l’identité des individus. Pour la société, il est en effet crucial de confirmer qu’une personne est bien réelle, surtout avec les progrès de l’IA qui rendent de plus en plus difficiles la distinction entre les contenus créés par les humains et ceux générés artificiellement sur Internet. Tools for Humanity parle ainsi de « preuve de personnalité » (PoP), « un mécanisme qui établit l’humanité et l’unicité de l’individu ». « Il peut être considéré comme le premier et le plus fondamental des éléments constitutifs de l’établissement de l’identité numérique », assure-t-elle.
Concrètement, une personne doit prouver qu’elle est réelle et unique avant de s’inscrire à Worldcoin, ce qu’elle fait avec l’Orb, un appareil d’imagerie qui capture et traite les images d’un individu, ainsi que son motif d’iris unique. « Étant donné que deux personnes n’ont pas le même motif d’iris et que ces personnes sont très difficiles à simuler, l’Orb peut distinguer avec précision les individus les uns des autres sans avoir à collecter d’autres informations à leur sujet, pas même leur nom », affirme Worldcoin, ajoutant que cela est « le seul moyen sûr de déterminer de manière fiable l’unicité et la personnalité tout en préservant la vie privée de tous ceux qui s’inscrivent ».
Une fois qu’une personne a vérifié son humanité, elle dispose d’un World ID, soit un passeport numérique prouvant son humanité et son unicité. Vivant sur le téléphone de son titulaire, ce portefeuille d’identité peut être utilisé de manière anonyme, selon l’entreprise.
Un projet attirant et critiqué
Le projet de Sam Altman a attiré pas mal d’investisseurs. Après avoir levé 25 millions de dollars en 2021 et 100 millions l’année dernière, il a récemment finalisé une nouvelle levée de fonds, supérieure à la précédente, selon le média The Big Whale. Disponible en version beta – avec un lancement prévu au premier semestre 2023 – Worldcoin revendique aussi plus d’un million d’inscriptions. Mais le projet fait l’objet de critiques, avec un public plus méfiant que les investisseurs. Si l’entreprise estime qu’une cryptomonnaie est nécessaire pour construire son réseau identitaire et financier, certains ont rapidement pensé qu’il s’agissait d’une énième arnaque.
D’autres ont également fait part de leurs inquiétudes concernant la sécurité des données des participants. À ce sujet, Worldcoin assure que les informations personnelles collectées sont chiffrées, mais aussi qu’elles ne sont ni vendues ni partagées. Les images utilisées pour générer un code d’iris unique seraient en outre supprimées par défaut immédiatement après la création de ce dernier.
Outre ces inquiétudes, le doute persiste quant aux nobles objectifs de l’entreprise et de sa technologie, notamment concernant l’utilité des jetons Worldcoin. Et, même le PDG, Alex Blania, ne peut pas apporter une réponse satisfaisante à ce sujet. « En raison de considérations réglementaires et du fait que le jeton n’est pas destiné à être disponible aux États-Unis, je ne suis pas en mesure de spéculer sur la manière dont le jeton pourrait potentiellement être utilisé », a-t-il récemment déclaré à TechCrunch. À voir si ces doutes et inquiétudes subsisteront ou si Worldcoin parviendra à susciter davantage l’intérêt du public.