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Dans Emily, Emma Mackey interprète une Emily Brontë romancée

15 mars 2023
Par Apolline Coëffet
Emma Mackey dans "Emily" de Frances O'Connor (2023).
Emma Mackey dans "Emily" de Frances O'Connor (2023). ©WILD BUNCH Germany, 2022

Ce mercredi 15 mars 2023 signe la sortie en salles d’Emily, première réalisation de la comédienne australienne Frances O’Connor. Si le jeu d’actrice d’Emma Mackey, qui incarne Emily Brontë, convainc, le scénario suscite quant à lui un étonnement d’une tout autre nature.

Les sœurs Brontë n’ont de cesse de fasciner. Écrivaines de talent qui se sont toutes trois éteintes prématurément, leur histoire dramatique a inspiré un certain nombre d’ouvrages et de longs-métrages. Le dernier en date, Emily, est signé Frances O’Connor et sort ce jour dans les salles obscures. Libre réécriture de la vie de la cinquième enfant de la famille, le film esquisse un portrait romancé qui, s’il nourrit un mythe qui traverse les siècles, demeure peu fidèle à la réalité.

Le parcours initiatique d’une jeune femme

Première réalisation de la comédienne australienne Frances O’Connor, le film donne à voir le parcours initiatique d’une jeune femme, portée à l’écran par Emma Mackey, dont l’interprétation contemporaine séduit. Rebelle, l’héroïne est nimbée de mystère et résolument libre malgré un quotidien passé au sein du presbytère dans lequel son père, pasteur, officie. Cette existence farouche, qu’elle embrasse totalement, lui vaut d’être relayée à la marge.

Bande-annonce du film Emily

Ses jours dans les landes du Yorkshire sont ponctués de jeux littéraires auxquels elle s’adonne aux côtés de ses deux sœurs, Anne et Charlotte, qui partagent une même inclination pour la poésie. Se laissant porter par sa passion dévorante pour William Weightman, le jeune vicaire qui assiste son père, elle donnera naissance à ce chef-d’œuvre qu’est Les Hauts de Hurlevent, peu de temps avant de rendre son dernier souffle, à seulement 30 ans, des suites d’une tuberculose. 

Un biopic teinté de romantisme noir

Si ce scénario tragique séduira sans aucun doute les amateurs de drames, il ne relève en rien d’une biographie exacte et s’inscrit de toute évidence dans la catégorie des biopics. Selon les historiens littératures, Emily Brontë n’a jamais entretenu de quelconque relation amoureuse avec William Weightman ni avec qui que ce soit d’autre. Même si le film relate avec justesse sa proximité avec Barnwell, son frère autodestructeur, il se permet de nouvelles libertés quand il s’agit de ses sœurs. Charlotte apparaît comme une antagoniste tandis qu’Anne tend à s’effacer. Or, toutes trois étaient très proches. 

Celles et ceux qui s’intéressent à la véritable existence des trois femmes trouveront davantage satisfaction dans Les Sœurs Brontë d’André Téchiné, sorti en 1979. Isabelle Adjani y prêtait ses traits à une Emily qui se plaisait à parcourir la campagne alentour, quand Marie-France Pisier et Isabelle Huppert incarnaient respectivement Charlotte et Anne. 

©WILD BUNCH Germany, 2022

Au-delà de ces invraisemblances historiques, Emily dépeint une atmosphère bucolique, teintée du même romantisme noir qui imprègne Les Hauts de Hurlevent, l’unique ouvrage d’Emily Brontë, publié sous le pseudonyme d’Ellis Bell en 1847. Pulsions de vie et de mort s’infusent dans la violence exaltée des sentiments. L’intensité de ce mélange en fait une œuvre de fiction, librement inspirée de faits réels, qui s’intéresse plutôt aux circonstances qui ont pu encourager une jeune femme recluse à écrire l’un des romans les plus innovants de son temps, et qui rencontre encore son public aujourd’hui.

Emily, de Frances O’Connor. En salles à partir du 15 mars 2023.

Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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