À l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, L’Éclaireur vous fait découvrir des personnages féminins forts et indépendants qui méritent toute la lumière.
Bon nombre d’héroïnes issues des comics sont devenues des icônes, comme Wonder Woman, Supergirl, Black Widow ou même Wanda Maximoff. Leur rôle a longtemps été limité dans les bandes dessinées, mais les personnages féminins ont aujourd’hui une place beaucoup plus importante dans cette industrie, suivant l’évolution qu’a connue notre société. Les récits mettant en scène des héroïnes ne manquent pas et, pour changer un peu des noms cités précédemment, voici une sélection de femmes badass à découvrir sans tarder.
1 Josie Schuller – Lady Killer
À première vue, Josie Schuller est le cliché de la parfaite femme au foyer américaine des années 1950. Elle semble avoir une vie de famille paisible avec son mari Gene, ses jumelles et la maman de son compagnon. Mais vous l’aurez probablement compris en lisant le titre, Josie n’est pas celle que l’on croit.
Pendant la journée, elle ne s’occupe pas seulement de la maison ; c’est une tueuse à gages très entraînée, employée par une sombre organisation qui lui fournit des cibles à assassiner. Et le jour où un contrat ne se déroule pas comme prévu, les choses commencent à s’envenimer.
Derrière ce pitch plutôt familier se cache un thriller haletant qui nous absorbe totalement. Publiée en deux tomes chez Glénat Comics, cette série à l’ambiance très vintage est sublimée par le trait de Joëlle Jones, dessinatrice qui illustrera par la suite plusieurs comics de renom (Batman, Catwoman, Wonder Girl…). Hollywood est par ailleurs déjà intéressé par ce comics puisqu’en 2021, une adaptation signée Netflix avec Blake Lively dans le rôle-titre avait été annoncée (sans donner de nouvelles depuis).
Lady Killer – À couteaux tirés, de Joëlle Jones, Glénat, 144 p., 15,95 €.
2 Erica Slaughter – Something is Killing the Children
Un jour, les enfants de la petite bourgade d’Archer’s Peak sont mystérieusement enlevés et la population locale est en panique. Débarque alors une étrange jeune fille au regard perçant, le bas du visage recouvert d’un bandeau noir à motifs et armée de machettes. Qui est-elle ? Une chasseuse de monstres qui vient débarrasser la ville de ces créatures que les adultes ne peuvent normalement plus voir.
Formée par l’énigmatique Ordre de Saint-Georges, Erica Slaughter « incarne cette idée que vous pouvez vous lever et combattre les ténèbres environnantes sans pour autant finir brisée », d’après les propres mots de son créateur James Tynion IV, relayés par l’éditeur Urban Comics. L’histoire d’Erica est pleine de mystères et cette héroïne tenace et badass a tout pour plaire.
Prévu pour être une minisérie, le succès populaire et critique de SIKTC (abréviation du nom complet) a fait de cette œuvre un phénomène et permis aux créateurs de développer des titres dérivés pour étendre cet univers (House of Slaughter notamment). Révélations artistiques, Werther Dell’Edera et son coloriste Miquel Muerto offrent à ce comics une vraie empreinte horrifique et étouffante mêlée à un récit très rythmé.
Le succès de SIKTC intéresse d’ailleurs Netflix, qui développe en ce moment une série avec les créateurs de l’excellente Dark et la trop courte 1899, Baran bo Odar et Jantje Friese. À suivre de très près, car l’œuvre a tout le potentiel pour être un hit, entre Buffy contre les vampires et The Walking Dead.
Something is Killing the Children, de James Tynion IV, Urban Comics, 144 p., 17 €.
4 Alana – Saga
Dans cet univers de space fantasy, Alana et Marko forment un couple que tout oppose. L’une vient de Continent, la plus grosse planète de la galaxie à la technologie grandement avancée, et l’autre de Couronne, une lune satellite de Continent dont les habitants sont plus orientés vers la magie. Depuis des décennies, les deux peuples s’affrontent à travers la galaxie, infligeant leur conflit à bien d’autres planètes.
Quand les deux tombent amoureux et ont une petite fille nommée Hazel, ils doivent fuir leurs peuples respectifs qui se mettent à les traquer sans relâche. Au-delà de faire partie d’un trio familial particulièrement attachant, Alana démontre à travers les numéros de Saga que c’est une femme courageuse, résiliente et qui n’a pas peur de faire ce qui est juste. Elle se bat pour sa famille et ce en quoi elle croit, mais n’est pas invincible et reste faillible. Les auteurs n’hésitent pas à mettre Alana face à son rôle de mère et à ce qu’elle ressent, évoquant ainsi régulièrement le thème de la parentalité.
Créé par Brian K. Vaughan et Fiona Staples en 2012, ce space opera épique est devenu une référence aussi bien aux États-Unis qu’en France, où les différents albums figurent régulièrement parmi les meilleures ventes de comics. Multirécompensé, Saga est un récit phare de ces dernières années et mérite d’être lu, car c’est aussi une œuvre sans tabous qui aborde des tas de sujets (identité, sexualité…). Fin 2022, le tome 10 de la série a été publié, marquant ainsi le début du second et dernier cycle de l’histoire. Si le pitch vous a donné envie, vous aurez donc de quoi lire.
Saga, de Brian K. Vaughan et Fiona Staples, Urban Comics, 152 p., 17 €.
4 Les femmes de Bitch Planet
Dans une société futuriste dystopique, les hommes ont décidé d’envoyer les femmes déclarées « non conformes » dans une prison spatiale en orbite pour les rééduquer. Sont concernées les personnes jugées « trop grosses », « pas assez féminines » ou tout simplement « un peu gênantes », car le mari n’en voulait plus.
Le récit nous plonge alors dans la vie de cet établissement sobrement intitulé « Bitch Planet » et nous offre le portrait de ces femmes, l’histoire de leur arrestation et leur nouvelle vie au sein de cette prison. Kam en est l’héroïne, nouvelle arrivante qui tente de se rebeller et se retrouve cheffe d’équipe pour un match de Megaton, sport d’arène hyper violent et télévisé pour le plaisir des élites.
Derrière ce synopsis qui peut faire penser à la série TV Orange is the New Black, se cachent Kelly Sue DeConnick, une scénariste très engagée, et l’artiste Valentine De Landro. Ensemble, elles offrent un récit très impactant en poussant la société patriarcale à son extrême. En parallèle de son aspect féministe, le récit évoque aussi le racisme, car les femmes détenues dans cette prison-planète sont souvent de couleur.
En plus de l’histoire en elle-même, le comics comprend beaucoup de bonus comme des lettres de la scénariste sur les thèmes évoqués, des témoignages féministes d’invitées et divers articles permettant d’approfondir ces sujets. En bref, une œuvre de science-fiction engagée qui mérite le coup d’œil. Deux tomes ont déjà été publiés par Glénat Comics.
Bitch Planet, de Kelly Sue DeConnick et Valentine De Landro, Glénat, 144 p., 16,95 €.
5 Maika – Monstress
Petit ovni graphique influencé par le style art déco, Monstress nous plonge dans une Asie uchronique au début du XXᵉ siècle, mélangeant les genres steampunk et kaiju. Maika Demi-Loup est une jeune survivante d’une guerre entre deux factions. Elle possède un lien psychique avec une créature extrêmement puissante venant d’une autre dimension, qui risque de la placer au cœur d’un nouveau et terrible conflit.
Il s’agit donc de suivre le voyage de cette jeune femme désireuse de vengeance, mais qui doit apprendre à contrôler l’incroyable pouvoir auquel elle est liée. Traumatisée par la guerre, elle désire savoir qui elle est réellement et ce qui l’attend.
Monstress est l’œuvre maintes fois récompensée de Marjorie Liu et Sana Takeda, publiée à partir de 2017 chez Delcourt. Ce récit fantastique coche beaucoup de cases : de bons dialogues, des scènes épiques, une créativité dingue, des personnages complexes et un style graphique unique, car les dessins valent le coup d’œil à eux seuls. Avec ce comics, Sana Takeda a confirmé qu’elle était l’une des illustratrices les plus talentueuses avec son sens du détail époustouflant. Pour les curieux, sept tomes sont déjà disponibles.
Monstress, de Marjorie Liu et Sana Takeda, Delcourt, 208 p., 19,99 €.