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IA, parentalité, identité… Made in Korea est notre pépite de février : un comics sublime qui nous retourne le cerveau

24 février 2023
Par Agathe Renac
”Made in Korea” est disponible dans les librairies depuis le 22 février.
”Made in Korea” est disponible dans les librairies depuis le 22 février. ©Jeremy Holt and George Schall/Panini Graphic Novel

Panini Comics vient de publier une œuvre passionnante qui aborde de nombreux sujets dont l’adoption, l’adolescence ou encore notre rapport aux robots. Une lecture fascinante, qui nous laisse avec des questions plein la tête.

Made in Korea est le genre de BD qui nous hante encore un long moment après avoir tourné la dernière page. Le comics nous plonge dans un monde accro aux intelligences artificielles. Elles simplifient le quotidien des humains et sont partout – même là où on ne les attend pas. En effet, des enfants robots sont construits et assemblés en Corée puis revendus dans le monde entier à de riches familles.

L’histoire qui nous intéresse se déroule entre Séoul et le Texas. Dans le pays du matin calme, un ingénieur a intégré une IA autonome dans l’un de ces robots. Aux États-Unis, Bill et Suellynn, qui ne pouvaient pas avoir d’enfant mais rêvaient d’en avoir un, décident d’acheter une petite fille androïde. Ils reçoivent alors Jesse, un robot ultra-réaliste qui va changer leur vie.

Une IA en quête d’identité

Vous l’aurez compris : Jesse est le modèle expérimental qui a été hacké par l’ingénieur coréen. Visuellement, elle ressemble à deux gouttes d’eau à une enfant de 9 ans. En revanche, elle se différencie des autres par sa maladresse sociale et sa mémoire encyclopédique (il lui suffit d’une journée pour dévorer la moitié d’une bibliothèque).

Made in Korea s’intéresse au destin de ces quatre personnages, et aborde des questions passionnantes comme la parentalité et l’adoption avec Bill, Suellynn et Jesse. Cette thématique fait écho au passé de l’auteur, Jeremy Holt (Skip to the End, Marvel Voices : Identity) : « Étant un triplé et un enfant coréen adopté par une famille américaine, je souhaitais examiner l’exploration de mon identité à travers le prisme de la science-fiction ».

Ce récit intime, raconté à travers le destin d’un robot, nous fascine dès les premières pages et nous interroge sans cesse : qui est le propriétaire d’une IA ? Peut-elle penser librement ? Peut-elle devenir un membre à part entière d’une famille ? Peut-elle avoir des rêves et aller à l’école, comme un enfant ? Jesse nous parle aussi de sa quête d’identité, et son besoin d’appartenir à un groupe.

L’androïde fait une crise d’adolescence, crie sur ses parents, coupe ses cheveux longs sur un coup de tête et sèche les cours comme une vraie ado. Elle tente de comprendre qui elle est vraiment, et s’interroge notamment sur son genre – une thématique aussi très personnelle aux créateurs de la BD, son auteur étant non-binaire et sa dessinatrice une femme trans.

La revanche des robots

L’identité de Jesse est le fil rouge du récit. Elle essaye par tous les moyens de trouver sa place dans son pays d’adoption et d’origine, auprès de sa nouvelle famille et son créateur, mais aussi auprès de ses camarades plus âgées (elle entre au lycée alors qu’elle n’a que 9 ans). Les élèves la rejettent, mais deux d’entre eux acceptent de l’intégrer à leur groupe.

Le trio rate les cours, et passe ses après-midi à zoner dans leur coin secret. En réalité, les nouveaux amis de Jesse souhaitent profiter de ses « super-pouvoir » pour se venger de leurs ennemis. Ils vont l’entraîner à tout détruire, et l’utiliser comme une arme. Nous ne vous en dirons pas plus pour éviter tout spoiler, mais un événement particulièrement choquant va chambouler le reste de l’histoire.

©Jeremy Holt and George Schall/Panini Graphic Novel

Les robots sont-ils de simples outils pour les hommes ? Ont-ils leurs propres convictions ? Peut-on développer une relation affective avec eux ? Les questions posées par Made in Korea nous rappellent forcément celles soulevées par Isaac Asimov dans ses nombreux récits, mais la BD est bien plus accessible (même si vous n’êtes pas un·e adepte de science-fiction).

L’histoire est sublimée par les dessins de Gegê Schall, qui nous offre des planches aux traits précis et aux couleurs vives. Finalement, ce comics est un mélange entre Pinocchio, A.I de Steven Spielberg et Le Cycle des robots d’Isaac Asimov – et c’est fascinant.

Made in Korea, de Jeremy Holt, Panini Comics, 168 p., 22€. En librairies depuis le 22 février 2023.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste