Pendant des années, la réalité virtuelle a fait rêver les joueurs, mais rêver à quelque chose d’inaccessible. Après une tentative avortée à la fin du siècle dernier et une longue pause, la technologie est aujourd’hui parmi nous. Mais savez-vous vraiment par quel bout la prendre ?
Afin de conduire ce guide sur les casques de réalité virtuelle, nous avons décidé de partir sur des questions bien concrètes que des acheteurs et acheteuses se sont posées. Des questions qui permettent d’abord d’y voir plus clair, puis de mieux cerner les enjeux pour se positionner sur un modèle assez précis en fonction de son budget.
Réalité virtuelle, augmentée ou mixte : de quoi parle-t-on ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de se mettre d’accord sur les termes et ce qu’ils englobent. Nous sommes ici pour parler de réalité virtuelle, mais, depuis quelques années, les notions de réalité ou virtualité augmentée et de réalité mixte sont également évoquées.
La réalité virtuelle (VR) implique l’idée d’immersion complète de l’utilisateur au sein d’un monde virtuel qui peut être calqué sur le réel autant qu’un univers fictif. L’essentiel étant la génération de cette réalité par un ordinateur et la nécessité d’immerger son usager. En revanche, la question du niveau d’interaction avec cet univers reste débattue.
Réalité augmentée et réalité mixte sont très proches : il s’agit d’ajouter des éléments numériques à notre environnement immédiat – réel cette fois – et les deux types de réalité diffèrent surtout par les outils utilisés pour en profiter. Enfin, la virtualité augmentée prend le contrepied de ces deux notions : elle s’attache à intégrer des points d’appuis physiques dans un univers virtuel.
Ai-je besoin d’un PC, d’un smartphone… ou de rien du tout ?
Vous l’aurez compris, pour de l’immersion dans un univers dissocié du monde qui nous entoure, c’est vers la VR qu’il faut se tourner. Reste que cela ne résout pas la question des outils à utiliser et, si le casque VR est aujourd’hui familier, son fonctionnement est plus mystérieux.
Il faut effectivement savoir qu’en fonction de vos objectifs et de votre budget, il y a deux voire trois grandes familles de « casques ». La première est constituée des modèles « autonomes ». Il s’agit de casques qui intègrent toute l’électronique nécessaire pour créer les mondes virtuels. Vous achetez ledit casque et… rien d’autre que les jeux ou applications souhaités.
La seconde famille peut être subdivisées en deux catégories. Il s’agit des casques qu’il faut relier à un appareil. Les anglophones parlent de tethered VR headset quand il faut les relier à un PC ou une console et de smartphone VR headset quand la liaison passe… par un smartphone, vous l’aurez compris. Cette famille nécessite donc d’avoir un appareil « de base » qui fait gonfler l’addition.
Et question puissance nécessaire, ça donne quoi ?
Opter pour un casque autonome permet de ne pas avoir à trop se poser la question de la puissance nécessaire. Votre casque est apte ou pas à faire tourner telle ou telle application. En revanche, les tethered VR headset ou smartphone VR headset impliquent d’avoir un matériel « adéquat ».
Problème : que veut dire « adéquat » ? Pour être tout à fait honnête, il n’est pas évident de répondre à cette question. Prenons l’exemple du PC : le besoin de puissance sera très différent selon que vous cherchez à faire tourner Flight Simulator ou Beat Saber, une simulation particulièrement ambitieuse ou un jeu d’arcade.
Sur PC, le plus simple sera évidemment de regarder la configuration exigée pour tel ou tel jeu, mais sachez qu’une carte graphique de type GeForce RTX 3070 ou Radeon RX 6700 XT est un bon point de départ. Le PlayStation VR (PSVR) tient ici un avantage : soutenu par Sony pour sa PS4, il dispose d’applications calées sur la puissance de la console japonaise. Difficile de se tromper.
Confort, fonctionnalités… quels sont les principaux points de vigilance ?
Au-delà de son mode de fonctionnement, un casque VR se choisit en fonction de caractéristiques liées au confort d’utilisation, aux performances et aux technologies mises en œuvre.
Point clé, le tracking est la capacité du casque à suivre nos mouvements. Le tracking interne repose sur des caméras intégrées au casque : elles « cartographient » l’environnement de l’usager pour en définir des limites. Le tracking externe se base, lui, sur des capteurs disposés dans les coins de la zone. Plus onéreux, il se justifie de moins en moins alors que le tracking interne a fait d’énormes progrès.
Liée au tracking, la question de la liberté de mouvement est presque aussi importante pour une bonne immersion. Sur smartphone, la majorité des jeux se limitent à « 3DoF » (degrés de libertés, en français) : le suivi n’est assuré que sur les mouvements de la tête (roulis, tangage, lacet). En revanche, sur PC ou sur console, les jeux sont « 6DoF » : ils sont aussi capables de situer notre position dans l’espace.
De fait, on se demande souvent s’il faut beaucoup de place pour jouer en VR… Eh bien, cela dépend du jeu. Pour reprendre le cas Flight Simulator, puisque nous sommes dans un cockpit, on peut (doit) rester à son bureau. En revanche, pour des jeux dits room scale, nous allons un peu plus loin que les recommandations de Steam, avec un carré de 2 mètres sur 2.
Difficile de faire plus petit pour jouer confortablement, mais avoir davantage de place améliorera l’expérience. Continuons sur le confort avec la question des lunettes : on peut jouer avec des verres correcteurs et certains casques disposent même de réglages pour ajuster les lentilles. En revanche, le poids du casque reste un problème, surtout pour les plus jeunes, et il faudra veiller à prendre un modèle équilibré.
Enfin, la question du confort se retrouve un peu partout. Il convient de vérifier le molleton des renforts pour jouer longtemps. Des casques dissipent mieux la chaleur de l’électronique que d’autres et une vigilance particulière doit être portée à la qualité des écrans : effet de grille et impression de flou peuvent être à l’origine d’une fatigue oculaire ou simplement d’un inconfort général.
Quelle plateforme est la plus développée ?
Comme souvent, le PC a ici un énorme avantage sur toutes les autres plateformes. Elle a d’abord son ancienneté pour elle et le fait qu’elle est très ouverte. De nombreuses expériences ont été tentées d’abord sur PC puis, éventuellement, portées sur d’autres supports. Le PC profite aussi d’un plus large panel de fabricants de casques. Une pluralité qui a encore permis de multiplier les expériences.
Du fait de son expérience d’éditeur de jeux, Sony a mis l’accent sur le côté joueur du PSVR. L’offre ludique est abondante – moins que sur PC malgré tout – et, cette fois, c’est l’homogénéité du parc qui joue en faveur du PSVR. Sur PC, un développeur ne peut jamais être sûr de la manière dont son travail sera découvert, alors que chez Sony, tout le monde a le même casque, la même console.
Enfin, proximité de système d’exploitation oblige, les casques autonomes et les casques pour smartphone disposent d’un environnement logiciel proche. Les jeux vidéo dominent, mais du fait du très large public potentiel, beaucoup d’autres expériences ont été tentées. On considère toutefois que les jeux y sont moins aboutis que sur PC/PS4.
S’il fallait faire un classement des plateformes, le PC aurait la palme, que ce soit en termes de quantité, de qualité et de variété. Le PSVR dispose de nombreux jeux de qualité, mais d’un panel moins large alors qu’autonomes et smartphones sont moins convaincants côté jeux, mais plus variés que la PS4.
Au final, je choisis quel casque ?
Au travers de ces quelques questions, nous avons tenté d’apporter la réponse la plus large possible. Il y aurait encore beaucoup à dire avant de faire un choix, mais il est surtout un point qui n’a pas du tout été évoqué, celui du prix… qui conditionne pourtant nombre d’achats.
Aujourd’hui, si nous devions choisir un modèle et un seul, ce serait à n’en pas douter le Meta Quest 2 (450 €) du fait de son rapport qualité-prix sans équivalent. Ses limitations techniques ne sont pas encore trop apparentes et il a l’énorme avantage de pouvoir être utilisé de manière autonome ou connecté à un PC pour profiter du meilleur des deux mondes.
Sur PlayStation, nous aurions eu tendance à conseiller le PSVR (450 €). Mais lui préférer le PS VR2 si vous possédez une PlayStation 5 est un bien meilleur choix. Il en va de même pour le casque Index de Valve (1 500 €) qui a longtemps fait figure de référence sur PC. Le produit reste bon, mais le matériel est clairement vieillissant, même s’il conserve un très bon champ de vision.
Enfin, aux deux extrémités du spectre, on pourra considérer le Varjo Aero pour les fanatiques de technologie qui ne regardent pas à la dépense : contre un peu plus de 2 000 €, ils pourront parader avec les meilleurs écrans du secteur. Sans aller jusqu’à conseiller le Google Cardboard, l’Homido V2 est un projet participatif de casque pour smartphone très ouvert et à tout petit prix (50 €).