Le responsable scientifique pour l’intelligence artificielle chez Meta estime que le public se méprend sur l’aspect innovant et unique du chatbot d’OpenAI.
Les géants de la tech ne réagissent pas de la même manière au succès de ChatGPT. Là où Microsoft mise gros sur le chatbot et son entreprise, et où Google voit un concurrent, Meta préfère relativiser. Lors d’une conférence en ligne, Yann LeCun, scientifique en chef pour l’intelligence artificielle (IA) au sein du groupe, a fait savoir qu’il n’était pas impressionné par le célèbre chatbot d’OpenAI, comme le rapporte ZdNet.
ChatGPT, un outil basé sur plusieurs technologies
« Il n’a rien de révolutionnaire, même si c’est ainsi que le public le perçoit. C’est juste que, vous savez, c’est bien ficelé, c’est bien fait », a déclaré le pionnier français de l’IA. « En termes de techniques sous-jacentes, ChatGPT n’est pas particulièrement innovant », a-t-il expliqué, arguant que d’autres entreprises et laboratoires de recherche ont conçu des systèmes d’IA similaires. « Ce n’est pas seulement Google et Meta, mais il y a une demi-douzaine de startups qui possèdent une technologie très similaire à celle-ci », a souligné Yann LeCun.
Il a également rappelé que GPT-3, le modèle de langage sur lequel ChatGPT est basé, est composé de plusieurs éléments technologiques développés par divers acteurs, comme le réseau neuronal Transformer, dévoilé par des chercheurs de Google en 2017.
Yann LeCun a précisé sur Twitter qu’il ne s’agissait pas de critiquer le travail d’OpenAI, mais « de corriger la perception du public et des médias qui voient ChatGPT comme cette percée technologique incroyablement nouvelle, innovante et unique qui est bien en avance sur tout le monde », ajoutant que « ce n’est tout simplement pas le cas ».
Un risque pour les grandes entreprises
Si les sociétés comme Google et Meta disposent d’une technologie similaire à ChatGPT, c’est pour une bonne raison qu’elles ne l’ont pas dévoilé au grand public. « De grandes entreprises auraient pu faire une démonstration publique, mais ne l’ont pas fait, car elles ont moins à gagner qu’une petite entreprise à la recherche d’investisseurs, et beaucoup plus à perdre (à cause de la mauvaise presse) », a expliqué le scientifique en chef pour l’IA de Meta.
Bien que les démos de chatbot soient impressionnantes, elles présentent aussi des défauts majeurs, qui peuvent nuire à la réputation de grandes entreprises comme Meta et Google. L’été dernier, l’un des agents conversationnels du groupe californien a par exemple dérapé dans ses propos quelques jours après son lancement sur le web, reprenant notamment des théories complotistes.
Malgré ces risques, le succès de ChatGPT pousse les géants de la tech à développer des outils similaires pour le concurrencer. Après Google, Meta devrait bientôt présenter des services d’IA génératives. Selon Yann LeCun, ce seront « des aides à la création », permettant de générer de l’art, mais aussi du texte.