En 2018, le Guide des prix et concours littéraires en recensait plus de 2 000 en France. À côté des grands prix sérieux et prestigieux, d’autres sortent du lot, dont certains sont très originaux.
Si les prix Goncourt, Femina, Renaudot ou encore Médicis n’ont plus besoin d’être présentés, il en existe une multitude d’autres, bien moins médiatiques. Certains sont insolites, d’autres s’intéressent à des genres bien particuliers, tous gratifient des passionnés de littérature bien souvent en dehors des radars. Voici une sélection de dix prix, toujours d’actualité ou non, dont le grand public n’a pas forcément entendu parler, mais qui valent pourtant le détour.
Le prix Bartleby
Aussi appelé « prix du roman inachevé », il récompensait la meilleure œuvre non menée à sa fin, pour mettre en lumière la beauté de l’inachèvement littéraire. Lancé en 2009 – et semble-t-il jamais renouvelé –, par Frédéric Royer, qui officiait déjà dans les Gérard du cinéma, récompensant les pires films et acteurs, il tient son nom d’une nouvelle d’Herman Melville dont le héros répète « je ne préférerais pas… ». Le prix Bartleby était ainsi un encouragement à ne pas poursuivre : le lauréat gagnait le droit de ne pas continuer son écrit, qui pouvait être publié, ou pas, en l’état par un éditeur audacieux, comme l’indiquait le site internet du prix. Tous les romans inachevés et inédits écrits en langue française pouvaient concourir, quelle que fut leur longueur, tant qu’il manquait au moins le point final.
Le prix de l’Inaperçu
Actif de 2008 à 2015, ce prix s’adressait aux auteurs dont l’ouvrage publié n’avait pas rencontré son public, mais qui pourtant le méritait. Il y avait quelques critères stricts : le livre ne devait pas s’être écoulé à plus de 1 000 exemplaires et il ne devait pas non plus avoir été cité dans plus de trois coupures de presse. Le prix de l’Inaperçu se déclinait en deux catégories : le prix Ignatus J.Reilly, du nom de ce génie incompris de La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, pour les œuvres françaises, et le prix Étranger.
Le prix de l’Autre édition
Décerné pour la première fois en 2016 (il n’existe plus), il avait pour but de faire découvrir de nouveaux talents littéraires. Il était porté par les sociétés Édilivre, Publishroom, BoD, Publibook et Société des écrivains, spécialisées dans l’autoédition, l’édition collaborative et l’accompagnement des auteurs indépendants, pour récompenser un roman publié hors des sentiers traditionnels de l’édition.
Le prix Une autre Terre
Ce prix a récompensé chaque année, entre 2007 et 2016, un roman d’anticipation pour sa prise en compte du contexte environnemental actuel et présagé. Créé à l’initiative de Christophe Huon, il était attribué par un jury de lecteurs réuni par l’association Une autre Terre. Jusqu’à sa dernière édition, il était décerné lors des Imaginales, un festival des littératures de l’imaginaire se tenant à Épinal.
Le prix Envoyé par La Poste
À l’heure des envois dématérialisés, ce prix se distingue des autres car il ne s’adresse qu’aux auteurs dont le manuscrit (roman ou récit) a été adressé par courrier, sans recommandation particulière, à l’éditeur. De dernier ayant décelé un talent d’écriture et fait le choix de le publier. Il a été créé en 2015 par la Fondation La Poste qui passe d’ailleurs commande de 600 exemplaires à l’éditeur du lauréat. L’auteur récompensé reçoit, en outre, la somme de 2 500 € et le livre est recommandé auprès de tous les postiers actifs et retraités.
Le Grand prix du livre audio
Parce que les livres ne font pas que se lire, mais s’écoutent également, l’association La Plume de paon défend et promeut le livre audio dans ses dimensions culturelles, sociales et pédagogiques. Ses prix sont décernés à des livres audio enregistrés en langue française et se divisent en différentes catégories : un jury de dix professionnels remet le grand prix Plume d’or, ainsi qu’un prix par catégorie (jeunesse, document, polar, contemporain, classique). Il y a également un prix du public et un prix des lycéens.
Le prix de la Page 111
S’il fallait élire le prix le plus original, ce serait celui-là. D’ailleurs, son promoteur lui-même le qualifie du « plus sérieusement absurdes des prix littéraires ». Pour cause : comme son nom l’indique, il récompense la meilleure page 111 d’un roman écrit en langue française. L’idée date de 2012. Elle vient de Richard Gaitet et de son équipe de l’émission littéraire Nova Book Box diffusée sur Radio Nova. Le prix est attribué par un jury composé d’écrivains, journalistes, libraires et traducteurs, et donne droit au lauréat à un exemplaire encadré de sa propre page 111 ainsi que de 111 centimes d’euros, en pièces d’un centime. Quant à savoir pourquoi la page 111, les fondateurs se contentent de citer la page 111 de l’édition de poche de Rhinocéros d’Eugène Ionesco, lui aussi grand adepte de l’absurde : « Pourquoi pas ? »
Le prix Marcel Pagnol
Comme Marcel Pagnol, ce prix est né au cœur de la Provence, à Aubagne, plus précisément à l’occasion du festival du livre Terre d’enfance en 2000. Il récompense chaque année un livre sur le thème du souvenir d’enfance. La remise des prix a lieu au début du mois de juin au sein du restaurant Fouquet’s, partenaire du prix. Après deux années d’absence, le prix a de nouveau été décerné en 2022.
Le prix Paris-Diderot – Esprits libres
Ce prix tire son originalité du jury qui le compose : huit détenus mixtes du centre pénitentiaire de Réau. Le projet est né en 2014 de la volonté du Service pénitentiaire d’insertion et de probation du centre pénitentiaire Sud-Francilien et de la Fondation Paris-Diderot. Pendant six mois, de janvier à juin, les jurés se réunissent une fois par mois pour débattre de livres publiés dans les neuf mois précédents, parmi une sélection déjà établie. Ce travail dans la durée permet de transformer le temps de la détention, la lecture favorisant par ailleurs la réinsertion, la resocialisation et l’autonomie.
Le Prix des prix
En 2011, Pierre Leroy, alors juré du Prix Médicis et cogérant de Lagardère, a crée le Prix des prix, dont le but était de couronner le meilleur des romans français parmi ceux déjà primés par les grands prix d’automne. Le lauréat était choisi parmi les romans primés par l’Académie française, le Renaudot, le Femina, le Flore, le Goncourt, l’Interallié, le Médicis et le Décembre. La récompense a été attribuée pour la dernière fois en 2018.