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Cryptomonnaie : comment l’adoption mondiale progresse malgré le crash

26 novembre 2022
Par Kesso Diallo
Plus de 320 millions de personnes utilisent des cryptomonnaies dans le monde selon Triple A.
Plus de 320 millions de personnes utilisent des cryptomonnaies dans le monde selon Triple A. ©Yourg / Shutterstock

Malgré la chute des cours, les plateformes crypto continuent de s’étendre à de nouveaux marchés pour attirer de nouveaux utilisateurs, qui sont de plus en plus nombreux à adopter ces actifs numériques.

Depuis plusieurs mois, les cryptomonnaies traversent une période difficile avec le plongeon des cours. C’est notamment le cas du bitcoin – le roi de ces actifs numériques – qui, après un record historique de plus de 68 000 dollars en novembre 2021, a vu sa valeur chuter, passant sous le seuil des 20 000 dollars à plusieurs reprises. Avec ce bear market (baisse persistante des prix), des entreprises spécialisées dans les cryptomonnaies, comme Coinbase ou Crypto.com, ont dû procéder à des licenciements. C’est aussi dans ce contexte que FTX, qui était il y a peu la deuxième plateforme à l’échelle mondiale derrière le géant Binance, a fait faillite à la suite de révélations sur les montages financiers de son fondateur.

Malgré ce « crypto crash », le monde des cryptomonnaies continue de se développer et de s’étendre, autant avec les entreprises qu’avec les utilisateurs. Explications avec l’économiste et essayiste Philippe Herlin.

Une adoption globale en hausse

Pour commencer, l’adoption globale des cryptomonnaies continue de croître. D’environ 100 millions d’utilisateurs au troisième trimestre de 2020, le monde en compte en effet aujourd’hui plus de 320 millions selon la société Triple A. Soit un chiffre ayant plus que triplé en moins de deux ans. Ainsi, comme l’explique le cabinet d’analyse Chainalysis dans une récente étude, les individus ont été attirés par le bull market (marché haussier) en 2020 et 2021, et ils ont continué à investir malgré le bear market. L’économiste précise que cette adoption était en constante augmentation depuis 2019 et a ralenti depuis le crypto crash, mais que le taux d’adoption reste supérieur à celui d’il y a trois ans.

320 millions de personnes possèdent des cryptomonnaies aujourd’hui, dont 43 millions en Europe.©TripleA

« Ce sont aussi bien les particuliers, les investisseurs que les entreprises, ce sont des gens qui se sont posé des questions sur le potentiel de l’écosystème lui-même, de l’intérêt du bitcoin et des autres cryptomonnaies, donc ils ne vont pas changer leur décision à la suite du bear market que l’on connaît depuis plusieurs mois ou de la faillite de FTX. Ce sont des gens qui voient à long terme, raison pour laquelle ils ne sont pas trop affectés par la faiblesse du cours du bitcoin et la faillite de FTX », explique Philippe Herlin à ce sujet.

Encourager l’adoption des cryptomonnaies

Du côté des entreprises crypto, qui continuent d’investir et de proposer de nouveaux services aux utilisateurs en cette période difficile, la raison est toute simple : « Elles ont déjà connu des bear markets donc elles connaissent la musique », indique l’économiste. Depuis plusieurs années, elles cherchent à encourager l’adoption des cryptomonnaies dans le monde, notamment avec des solutions de paiement. Elles se sont associées aux géants du paiement Mastercard et Visa afin de proposer des cartes crypto permettant aux détenteurs de payer avec ces actifs numériques qui sont convertis en monnaie fiduciaire pour les commerçants. C’est le cas de Crypto.com depuis 2018 avec Visa. De même, Binance, en partenariat avec Mastercard, a lancé plus tôt en août une telle carte en Argentine. « Ça a pas mal de succès, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, et c’est une façon très simple de pouvoir dépenser ses cryptos », indique Philippe Herlin.

Cela se fait aussi en France, avec la start-up Lyzi, qui a multiplié les partenariats cette année pour permettre aux Français de payer l’addition au restaurant ou d’acheter une voiture avec des cryptomonnaies grâce à son application.

Ces entreprises cherchent particulièrement à se développer en France par rapport à cette clarté réglementaire, le pays étant l’un des précurseurs dans ce domaine. L’obtention du statut PSAN est en effet un moyen pour elles de montrer qu’elles sont sérieuses, qu’elles respectent les règles et ainsi de rassurer les investisseurs et les particuliers.

Une expansion des plateformes crypto en Europe

En cette période difficile pour le secteur des cryptomonnaies, plusieurs géants cherchent à s’étendre en Europe occidentale, un marché important en termes d’utilisateurs. Selon l’étude de Chainalysis, il s’agit de la plus grande économie crypto du monde grâce à la finance décentralisée, les NFT et une clarté réglementaire croissante. Entre juillet 2021 et juin 2022, les utilisateurs et les institutions ont attiré 1,3 milliards de dollars en cryptomonnaies. De plus, l’Europe occidentale compte à elle seule six des 40 pays les plus consommateurs de ces actifs numériques dans le monde : le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Portugal et les Pays-Bas.

Binance et Crypto.com ont été officiellement autorisés en France en obtenant leur enregistrement en tant que « prestataire de services sur actifs numériques » (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) cette année. Ce statut est obligatoire pour faire la promotion de leurs services dans le pays. Les deux sociétés prévoient par ailleurs d’installer leur siège européen dans la capitale. Après avoir été enregistré en Italie et aux Pays-Bas, Coinbase cherche également son enregistrement en tant que PSAN en France et dans d’autres pays européens, à l’image de l’Espagne.

Ces entreprises cherchent particulièrement à se développer en France par rapport à cette clarté réglementaire, le pays étant l’un des précurseurs dans ce domaine. L’obtention du statut PSAN est en effet un moyen pour elles de montrer qu’elles sont sérieuses, qu’elles respectent les règles et ainsi de rassurer les investisseurs et les particuliers, comme l’indique Philippe Herlin. Ce statut est, entre autres, une preuve que ces sociétés ne servent ni à blanchir de l’argent ni à financer le terrorisme. À l’échelle européenne, une autorisation similaire sera obligatoire dès 2024 pour exercer ce type d’activités, avec le règlement MiCA. Visant à encadrer les cryptomonnaies, il a été définitivement adopté par le Parlement européen le mois dernier.

Les sociétés crypto s’intéressent aussi à la France avec la volonté du gouvernement de soutenir le secteur du Web3 et de créer des opportunités économiques. Lors d’une récente interview avec le média The Big Whale, le ministre délégué à la Transition numérique Jean-Noël Barrot a en effet déclaré que l’État souhaite faire de l’Hexagone un « hub mondial » du Web3, ajoutant qu’« il y a des usages pour les cryptoactifs sur lesquels nous voulons être très présents, notamment la DeFI (finance décentralisée) et les NFT (jetons non-fongibles) ».

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