À l’occasion de la Journée internationale de la fille le 11 octobre, l’association Règles Élémentaires a lancé une pétition pour une émoticône représentant les menstruations de manière plus explicite.
Aujourd’hui encore, les règles sont un sujet compliqué à aborder. Preuve en est : selon le dernier baromètre de l’association Règles Élémentaires, une fille sur trois a déjà subi des moqueries ou des discriminations liées à ses menstruations. Luttant contre la précarité menstruelle, elle souhaite qu’une émoticône soit disponible pour représenter de façon plus explicite ce phénomène concernant des millions de personnes.
Le 11 octobre, à l’occasion de la Journée internationale de la fille, elle a lancé une pétition « pour un emoji qui brise enfin le tabou des règles », adressée au consortium Unicode. Cette organisation privée est chargée de valider la bibliothèque d’émojis utilisée dans le monde entier et qui s’enrichit chaque année. « Sujet tabou pour plus d’un.e français.e sur 2, les règles font pourtant partie du quotidien de 16 millions de personnes. Aujourd’hui, même en ligne, où la liberté de parole semble être la norme, elles sont rarement évoquées. Un des symptômes de cela : il n’y a aucun emoji règles », explique Règles Élémentaires dans sa pétition.
Un émoji pour ne plus invisibiliser les règles
Considérant que les émojis goutte de sang, explosion ou volcan permettent seulement d’évoquer certains des effets ressentis pendant les menstruations, l’association souhaite proposer une émoticône d’une culotte blanche tâchée de sang pour les désigner. Ce pictogramme a été imaginé par l’agence de conseil et de communication YZ Paris. « Une culotte tâchée de sang traduit véritablement la réalité. Cet émoji, beaucoup plus direct, peut contribuer à la déstigmatisation et à la déculpabilisation quand on se retrouve avec des taches de sang sur nos vêtements à cause des règles », a déclaré Maud Leblon, directrice de Règles Élémentaires, lors d’une interview accordée à Libération.
Ce n’est pas la première fois que ce type d’émoji est proposé. Comme le rappelle la directrice, une association britannique l’avait soumis au consortium Unicode en 2017, mais il a été rejeté par l’organisation qui le trouvait trop choquant. Il avait pourtant été choisi par plus de 50 000 personnes lors du vote pour un émoji règles. Pour Maud Leblon, Unicode pourrait changer d’avis car « depuis six ans les choses ont changé. #MeToo est passé par là et nous ne sommes plus dans les mêmes logiques ».
Alors que la pétition a déjà été signée par plus de 2 100 personnes, Règles Élémentaires va déposer un dossier auprès du consortium. Pour rappel, il est possible de lui proposer un émoji entre avril et juillet, en s’assurant qu’il n’existe pas déjà. Il faut, par ailleurs, attendre deux ans pour soumettre à nouveau une émoticône refusée. Une personne souhaitant proposer un émoji doit également suivre les lignes directrices de candidature, comme le fait qu’il ait un potentiel d’utilisation suffisant, une forme bien distinctive ou encore qu’il s’inscrive dans la durée.