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Anne-Marie Garat : la romancière et membre du Prix Femina est décédée

30 juillet 2022
Par Apolline Coëffet
La romancière Anne-Marie Garat – Prix Femina en 1992 – photographiée en 2001 pour la sortie de "Dans la pente du toit".
La romancière Anne-Marie Garat – Prix Femina en 1992 – photographiée en 2001 pour la sortie de "Dans la pente du toit". ©Sophie Bassouls / Sygma

Anne-Marie Garat est décédée ce mardi 26 juillet, a annoncé, dans un communiqué, le jury du Prix Femina. Elle avait 75 ans et laisse derrière elle une importante œuvre littéraire.

Pour elle, la littérature n’avait rien d’un métier. Il s’agissait plutôt d’un « rapt » ou d’une passion envahissante qui l’emportait dans des mondes étonnants dans lesquels les échos du passé rythmaient inlassablement le temps présent. Poésie de l’oxymore, une tension perpétuelle, entre la lumière éclatante et les ombres terrifiantes, la présence et l’absence irrémédiable, se déployait dans chacun de ses romans. Auteure d’une trentaine d’ouvrages qui déclinaient ses pensées diverses et variées, Anne-Marie Garat n’est plus. Elle s’est éteinte à l’âge de 75 ans des suites d’un cancer du pancréas. « Sa force morale, son courage face à la maladie nous avaient impressionnées », a déclaré, dans un communiqué, le jury du Prix Femina dont elle faisait partie.

« Grande lectrice, romancière lauréate du Femina en 1992 pour Aden, elle était passionnément investie dans notre jury, mettant sa curiosité, sa vive intelligence, sa générosité et sa force de conviction au service des auteurs qu’elle admirait », poursuivent plus loin les membres du Prix exclusivement féminin. Si la littérature a toujours animé Anne-Marie Garat, cette inclination ne relevait pourtant pas de l’évidence.

Un passé qui hantait ses songes et ses mots

Née le 9 octobre 1946 à Bordeaux, elle est la fille d’une couturière et d’un ouvrier, et ne peut s’offrir que les ouvrages des bibliothèques, lieu d’évasion sans pareil où, dans son esprit, défilent les scénarios. En grandissant, sensible aux images, elle entreprend des études de lettres, puis de cinéma. Par la suite, elle enseigne la discipline, de même que la photographie qu’elle pratique en amateur avec une connaissance éclairée. Il faudra attendre ses 38 ans pour qu’elle s’essaye à la littérature. L’Homme de Blaye (1984) sera le premier d’une longue série d’ouvrages, auréolés de succès pour la plupart. 

Prix Mauriac 1988 pour L’Insomniaque, Prix Alain Fournier 1991 pour Chambre noire, Prix Femina et Renaudot des Lycéens 1992 pour Aden, Prix Marguerite Audoux 2000 pour Les Mal famées… L’auteure prolifique rejoint les membres du jury Femina en 2014. Dans ses textes, habités par le passé et la mémoire déliquescente, les personnages féminins jouent un rôle essentiel. Dans Humeur noire – son ultime récit, publié en 2021 –, elle affrontait son histoire bordelaise, marquée par le « commerce négrier »« Rien ne dissipe le trouble de mon rapport à ce lieu, ma colère, mon aversion à son histoire, et à la mienne, qui lui est accidentellement liée par le fait que j’y [suis née] », y écrivait-elle. 

Engagée, Anne-Marie Garat ne défendait pas seulement la lecture et les arts visuels. Elle n’hésitait pas à prendre position dans les arènes publiques. Elle était en faveur des sans-papiers et s’élevait notamment contre les violences policières. Comme nul autre médium, son art et ses œuvres lui permettaient ainsi de soutenir les causes qui lui tenaient à cœur et de se réconcilier avec un passé qui hantait ses songes et ses mots.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste