Critique

Test de Stray : le jeu du chat qui nous fait sourire

19 juillet 2022
Par Pierre Crochart
“Stray” est un jeu développé en France par BlueTwelve.
“Stray” est un jeu développé en France par BlueTwelve. ©Annapurna Interactive

La France est au centre de l’attention des joueurs et joueuses en ce mois de juillet. Attendu depuis deux ans, Stray est enfin disponible et permet d’apprécier le travail acharné du studio montpelliérain BlueTwelve, dont c’est la première réalisation. Notre critique.

Disponible dès aujourd’hui sur PlayStation 5 et PC (29,99 €), Stray est un jeu d’aventure nous mettant dans la peau d’un chat perdu dans une étrange ville peuplée de robots. Un cadre post-apocalyptique aux accents cyberpunk a priori pas bien original, mais c’est sans compter sur la hauteur de vue inédite qu’offre le jeu de BlueTwelve. C’est qu’à 50 centimètres du sol, la majesté d’une cité perdue apparaît forcément plus impressionnante.

Test réalisé sur PS5 grâce à un code fourni par l’éditeur.

Feule amour

Tout démarre dans un décor que ne renierait pas The Last of Us. Blotti contre les siens sous un pont où la végétation a repris ses droits, notre avatar tout en poils roux a l’air comblé. Une tranquillité qui, malheureusement, ne dure pas. En reprenant sa route vers une destination inconnue, le chat fait une mauvaise chute et se trouve séparé de sa famille. Un élément perturbateur qui dessine également le but du jeu : il s’agira de retrouver notre chemin pour rejoindre nos congénères.

Une chance qu’un chat retombe toujours sur ses pattes. Il en aura besoin. Car le greffier ne s’est pas échoué n’importe où. Rapidement, les ruines d’une civilisation éteinte se présentent à nos yeux perçants. Des ruines qui, bientôt, se changeront en taudis perdu dans le temps, où vit un peuple de robots humanoïdes.

De façon assez inattendue, Stray développe une intrigue passionnante, notamment portée par une certaine science de la narration environnementale. La mise en scène des différents niveaux est très réfléchie et laisse apprécier de nombreux éléments apportant du contexte à l’histoire du jeu.

Chat perché

En son cœur, Stray reste un jeu d’aventure et de plateforme qui ne devrait pas opposer de grande difficulté à quiconque a déjà pratiqué la discipline. C’est d’autant plus vrai que le studio a pris le parti de ne pas laisser les joueurs et les joueuses aux commandes des sauts. Lors d’une session de questions-réponses avec les développeurs, nous avons en effet appris que les personnes ayant participé aux phases de tests tombaient trop régulièrement. Il a donc été décidé de rendre la mécanique – centrale – beaucoup plus… mécanique, justement.

Stray jeu critique
Impossible de rater un saut dans Stray.©Pierre Crochart pour l'Éclaireur Fnac

C’est simple : il suffit d’approcher d’un rebord et de déplacer la caméra vers l’endroit où l’on veut aller. Un réticule représentant la touche X de la manette apparaît et permet de mettre le chat en mouvement sans risquer la chute libre. La grimpette apparaît fatalement moins grisante qu’on aurait pu se l’imaginer, mais le gameplay y gagne en fluidité.

Aussi, nous ne sommes jamais confrontés à de réels dangers dans Stray. Il y a bien sûr quelques séquences de tension (la ville est rongée par un mal étrange…) qui nécessiteront soit de se carapater en quatrième vitesse, soit de se montrer le plus discret possible. Mais le game over ne se présentera le plus souvent qu’aux joueurs et joueuses déconcentrées.

Stray jeu critique
Les robots ne sont pas les seuls habitants de la ville…©Pierre Crochart pour l'Éclaireur Fnac

Jamais frustrant dans son approche, Stray brille surtout par la belle variété des environnements proposés. S’il est linéaire et que les zones (à l’exception de deux ou trois) sont plutôt fermées, le jeu de BlueTwelve trouve un sain équilibre entre plaisir de l’exploration et nécessité de faire avancer l’intrigue. Car oui, intrigue il y a bel et bien.

Les androïdes rêvent-ils de chats électriques ?

Loquaces, les robots n’en parlent pas pour autant la langue des chats. Mais, par chance, notre avatar croisera rapidement la route de B-12 (référence au nom du studio), un petit drone qui ne nous quittera plus et qui servira d’interface à tout faire dans le monde de Stray.

Grâce à lui, le joueur ou la joueuse comprend le dialecte des autochtones et peut donc mener à bien ses objectifs. Nombreux, les habitants de la ville souterraine ont toujours une histoire fascinante à raconter. L’occasion de souligner la qualité d’écriture du jeu, dont le script parcimonieux a le mérite de faire mouche à plus d’une reprise.

Stray jeu critique
Il va falloir collaborer avec les robots pour réussir à s’échapper.©Pierre Crochart pour l'Éclaireur Fnac

Il faut aussi parler des innombrables micro-interactions prévues par le studio, qui prouvent que l’équipe a été exhaustive dans son observation des félins. Le moindre tapis, la moindre porte ou canapé offre l’occasion de faire ses griffes (en alternant les gâchettes L2 et R2) ; un panier pourra nous accueillir pour une petite sieste, offrant un moment de répit et d’introspection. Et quelle meilleure piste de danse pour un chat qu’un clavier d’ordinateur ?

Autant l’écrire : Stray est un jeu émouvant. Évitant avec brio les écueils et les lieux communs inhérents à la grande école des jeux « indéprimants », BlueTwelve livre une copie tout en sobriété. Malgré une durée de vie assez courte (l’auteur de ces lignes l’a terminé en à peine six heures – l’éditeur annonce entre huit et dix heures), Stray est déjà assuré de nous rester en tête un moment. Que ce soit grâce à sa direction artistique soignée, à ses formidables musiques composées par Morusque, ou tout simplement à sa sensibilité générale qui englobe le tout. Un premier jeu audacieux et mémorable pour le studio montpelliérain.

À lire aussi

Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste