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Et si on profitait de l’été pour lâcher (un peu) nos écrans ?

16 juillet 2022
Par Kesso Diallo
Un petit guide pour se déconnecter à l'occasion de l'été.
Un petit guide pour se déconnecter à l'occasion de l'été. ©Song_about_summer/Shutterstock

Alors que nous passons de plus en plus de temps devant nos écrans, nombreuses sont les solutions pour se déconnecter numériquement. Petit tour d’horizon des initiatives existantes pour aider à réduire cette surexposition.

Smartphone, tablette, ordinateur, télévision… Pléthore d’appareils numériques ont envahi notre quotidien, nous faisant passer de plus en plus de temps devant nos écrans. On s’en sert pour le travail, pour les cours et, surtout, pour se divertir. D’après une étude Hobby One réalisée par Vertigo Research en décembre et relayée par Le Figaro, 60 % du temps libre des Français est passé devant des écrans. Que ce soit pour échanger sur les réseaux sociaux, suivre l’actualité, jouer aux jeux vidéo ou encore regarder des films et des séries, l’ensemble de la population est absorbé par les écrans, et pas seulement les jeunes.  

Ce temps libre passé à utiliser nos divers appareils numériques se fait au détriment d’autres activités, notamment celles en dehors de chez soi (sport, shopping, restaurant…), qui ne représentent que 17 % de ce temps. Face à cette surexposition aux écrans, plusieurs initiatives ont vu le jour pour inciter les gens à se déconnecter. Alors que l’été est synonyme de vacances et de chaleur, L’Éclaireur vous propose un petit guide pratique de déconnexion numérique.

Des outils intégrés aux appareils pour se déconnecter

Apple et Google ont conçu des fonctionnalités pour se déconnecter à différents moments de la journée. Les deux géants proposent, entre autres, un mode Ne pas déranger permettant de bloquer les appels et les notifications de la part des applications et des personnes afin de s’accorder des périodes de tranquillité pour une certaine durée.

Avec une autre fonctionnalité (Temps d’écran pour Apple et Bien-être numérique pour Google) conçue pour savoir le temps que nous passons sur notre appareil, il est aussi possible de s’éloigner davantage de nos écrans, en fixant des limites quotidiennes d’utilisation pour les applications et les sites Web. L’utilisateur est même en mesure de désactiver temporairement des applications ou de programmer un temps d’arrêt pour passer plus de temps sans écran.

La fonctionnalité Temps d’écran d’Apple.©Apple

Il ne faut cependant pas oublier qu’Apple et Google contribuent eux-mêmes à notre dépendance aux écrans avec leurs smartphones et autres appareils. « Globalement, je suis toujours un peu sceptique quand les mêmes entreprises qui font tout pour nous rendre accros essayent de nous proposer la solution. C’est un peu comme les vendeurs de tabac qui vendent des vaporettes. Mais, tout est bon à prendre et si ça permet à des gens de prendre conscience, tant mieux », explique Yves Marry, délégué général et cofondateur de l’association Lève les yeux !, qui a pour objectif de lutter contre la dépendance aux écrans.

Revenir aux téléphones basiques pour ne plus être accro

Outre ces fonctions incluses dans les smartphones, d’autres appareils peuvent être utiles pour se déconnecter, sans être aussi intelligents (smart) que ces derniers. Ce sont les dumbphones (dumb veut dire stupide en anglais) ou feature phones, dont les fonctionnalités se limitent essentiellement aux appels et aux messages. Un certain nombre de personnes choisissent de passer à ces « téléphones stupides » pour réduire leur temps d’écran et éviter les comportements compulsifs tels que le syndrome fomo (fear of missing out), cette forme d’anxiété sociale se caractérisant par la peur constante de rater quelque chose d’important. Cela pousse une personne à être en ligne de façon très régulière afin de se débarrasser de cette crainte, ce qui peut avoir des effets sur sa santé comme la fatigue.

Un retour aux téléphones basiques.©Azay photography / Shutterstock

Sur ce sujet, Yves Marry explique pourquoi il utilise désormais un de ces téléphones basiques : « Je l’ai fait, car, même si j’avais coupé les notifications et quasiment enlevé toutes les applications de mon smartphone, ça me polluait quand même l’esprit. À la fin, il ne me restait quasiment que WhatsApp, mais le fait d’avoir mon smartphone avec moi toute la journée quand je travaillais m’empêchait de me concentrer, j’étais tout le temps en train d’y penser. En fait, j’ai gardé mon ancien smartphone que je laisse dans un tiroir chez moi pour consulter WhatsApp une fois de temps en temps et je fonctionne avec mon petit téléphone au quotidien. » Ces téléphones basiques ont également l’avantage de coûter beaucoup moins cher que les smartphones d’aujourd’hui. Le Nokia 3310 est par exemple vendu à moins de 70 euros.

Des solutions plus classiques pour se déconnecter

D’autres solutions aident à se déconnecter sans avoir à passer par des appareils. Alors que l’utilisation de ces derniers peut pousser à moins lire (ce qui n’est pas forcément le cas chez les jeunes), des livres sont justement consacrés à la déconnexion digitale. Ils permettent par exemple de comprendre ce qu’est l’hyperconnexion (utilisation excessive des nouvelles technologies et du numérique), ainsi que les risques qui y sont associés. Ces livres proposent aussi des exercices, des conseils ou des programmes de détox pour aider à se déconnecter et changer ses habitudes digitales.

Autre moyen pour envoyer ses appareils en vacances : les jeux de société. L’association Lève les yeux !, en partenariat avec l’organisation l’éclap, a créé le jeu Planète déconnexion !, une sorte de Memory qui permet d’aborder de façon ludique les effets de la surexposition aux écrans, comme l’explique Yves Marry. Le but est de rassembler des paires de cartes représentant des situations de notre quotidien telles que les repas en amoureux ou le sport afin de « sauver la planète de la surexposition aux écrans ». Des pièges se trouvent néanmoins parmi les cartes du jeu comme le « data center » (centre de données) qui a pour effet de réchauffer la planète chaque fois qu’elle est retournée et de même la faire exploser si l’on tombe dessus trois fois. La carte « trop d’écran », elle, provoque un étourdissement, et le joueur doit faire des tours sur lui-même.

Un jeu pour promouvoir la déconnexion numérique.©Association Lève les yeux !

Ce jeu est ainsi un moyen de sensibiliser les enfants et les adultes tout en se distrayant, à l’heure de l’apéro par exemple. Il peut être acheté dans les locaux de l’association à Marseille et lors des événements qu’elle organise. Lève les yeux ! anime en effet des conférences et des ateliers de sensibilisation ou de prévention auprès des jeunes et des adultes. « On l’a fabriqué pour nous aider dans nos actions de sensibilisation auprès du jeune public. Il marche très bien et les enfants, en général, s’amusent beaucoup en y jouant. Ça permet ensuite de soulever le débat autour de la place des écrans dans la vie quotidienne », précise le cofondateur de l’association.

Entre lieux et séjours de déconnexion

Parmi les initiatives de Lève les yeux ! figure également un label de lieux déconnectés, actuellement à l’arrêt depuis le Covid-19. Lancé au début de l’association, en 2018, il vise à encourager un maximum de lieux accueillant le public à promouvoir la déconnexion. Cela se fait à travers des affiches ou des actions plus engagées comme des réductions pour les personnes laissant leur smartphone à l’entrée, comme l’explique Yves Marry. « Ça peut être un café, un restaurant ou une librairie qui vont mettre des affiches incitant à la déconnexion ou qui pourraient avoir un espace sans smartphone par exemple », indique-t-il, ajoutant qu’être déconnecté dans ces lieux ouverts au public ne coûte rien. Ces cafés ou librairies reçoivent un label de l’association, qui les promeut au sein de son réseau.

Autant d’initiatives montrant qu’il n’est pas nécessaire de débourser des centaines d’euros pour des séjours de détox digitale. Ceux-ci restent un luxe pour les personnes qui peuvent se le permettre, d’après Yves Marry, qui pense tout de même que toute initiative promouvant la déconnexion est bonne. « Quand on voit le temps qui est passé aujourd’hui devant les écrans, plus de la moitié du temps éveillé, toute initiative qui permet d’y passer moins de temps est sans doute bonne », conclut le cofondateur de l’association.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste